1er
septembre 1996
Les coûts
de santé varient considérablement selon les filières de prise
en charge. Un examen aussi simple que la biopsie de prostate constitue
un exemple remarquable. Son coût pour la sécu varie de 1 à 8.
L'incidence
du cancer de la prostate ne cesse d'augmenter et atteint 35 pour
100 000. C'est la deuxième cause de mortalité par cancer après
50 ans chez l'homme. Il représente 10% de la mortalité par cancer.
Cette mortalité élevée est expliquée en partie par un diagnostic
tardif à un stade avancé de la maladie, avec dissémination métastatique,
échappant à tout traitement chirurgical radical. Les conséquences
économiques de cette pathologie amènent à s'interroger sur l'opportunité
d'un dépistage systématique de cette pathologie dont les signes
cliniques sont tardifs.
Plusieurs
examens participent au dépistage : toucher rectal, échographie
transrectale, biopsie de la prostate. Nous n'entrerons pas dans
la discussion de l'efficacité de chacune, ni même sur l'utilité
du dépistage. Nous nous contenterons de montrer la différence
de coût d'une de ces techniques, la biopsie de prostate, qui permet
seule de porter le diagnostic, en fonction des procédures mises
en oeuvre et des structures de prise en charge.
Le coût
de la biopsie de prostate connait des différences importantes
selon qu'elle est pratiquée à l'hôpital ou en secteur libéral.
A une extrémité, certains malades bénéficient d'une hospitalisation
de 2 jours en chirurgie, ce qui revient à 8000 F en C.H.U et 2
300 F en clinique.
A l'autre
extrémité, certaines biopsies de prostate sont pratiquées en ambulatoire
dans le secteur privé. Cet examen pratiqué en consultation peut
ne comporter que la consultation de spécialiste, l'acte coté K
30 + 20/2, l'examen histologique et l'antibiothérapie, une échographie,
un bilan biologique préopératoire comprenant un E.C.B.U., une
antibio-prophylaxie, la biopsie et l'examen anatomopathologique,
soit 1050 F. Ce même examen pratiqué en ambulatoire dans une clinique,
revient à la sécurité sociale à 1560 F. Le coût varie donc de
1 à 8.
Ces différences
de coût d'un même acte montrent les extraordinaires écarts de
performance économique des producteurs de soins.
Cet
exemple montre, sur un examen très simple, les difficultés
à intégrer des coûts réalistes dans les études médico-économiques.
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De nombreuses
erreurs de calcul de coût y sont présentes. En effet, la plupart
des travaux se contentent d'estimer les protocoles à dire et traduisent
une vision très CHU de la médecine. La réalité est plus complexe.
En France, la possibilité de prise en charge sur le secteur privé
tarifé à l'acte ou le secteur public sous budget global impose
pour les études économiques la mesure de leur part respective
pour valoriser chaque prise en charge.