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Réseaux
et FMC : le bilan un an et demie après les ordonnances Juppé
Docteur
Claude
Maffioli
Président de la CSMF
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A
son retour du congrès annuel de la CSMF à Ramatuelle, où les médecins
ont pu faire le point sur les nouveaux enjeux qui tendent à remettre
en cause l'exercice traditionnel de la médecine (réseaux de soins,
informatisation des médecins, nouveaux rapports avec l'industrie,
FMC...), le Docteur Claude Maffioli, Président de la CSMF (Confédération
des Syndicats médicaux Français), nous a reçu pour un entretien
dans les locaux de son syndicat.
Nous
avons pu aborder avec lui les grandes questions que pose actuellement
la réforme du système de santé, dont celles liées en particulier
aux expérimentations sur les réseaux de soins ou encore à la formation
médicale continue.
A
lheure où le nouveau gouvernement réfléchit aux orientations
à donner au plan Juppé, quelle place souhaiteriez-vous voir accordée
aux expérimentations en matière de soins coordonnés ?
Que pensez-vous des premières expériences telles qu'on peut les
connaître aujourdhui ?
Nous
avons toujours été convaincus, à la CSMF, que lavenir du système
de santé allait dans le sens dune meilleure organisation des
acteurs du système de santé et dune organisation
en réseau. Nous ne pensons pas que
la solution soit dans une organisation hiérarchisée, mais dans une
organisation transversale,
avec :
-
au
centre du dispositif, le patient
-
autour,
une définition du rôle et des champs des différents acteurs.
Cest
la modification majeure quil faudra apporter à notre système
de santé dans les années à venir.
Aujourdhui,
lordonnance Juppé permet des expérimentations. En fait, rien
na démarré, nous ne connaissons pas encore le détail des expérimentations
qui sont citées ici et là. Je crois que lon ne pourra se prononcer
sur ces expérimentations que lorsque nous aurons les dossiers complets
à étudier. Nous verrons alors si on ne remet pas en cause des principes
fondamentaux, et de notre médecine libérale, et de notre protection
sociale.
Quattendez-vous
de la Commission SOUBIE ?
Je
fais partie de cette Commission
Soubie.
La première chose que jattends, cest quelle se
réunisse car, depuis quelle a été mise en place, nous navons
eu aucune réunion et aucun ministre na daigné, jusquà
ce jour, la mettre en place.
Or,
il est évident que cette Commission Soubie, qui réunit tous les
acteurs qui sont intéressés par le système de santé, aura un rôle
important. Si nous voulons évoluer dans notre système de santé,
il faudra passer par des stades expérimentaux
qui laissent éventuellement de côté tous les tabous.
Il
faut donc que lon soit assez ambitieux et que lon ose
faire des expérimentations qui peuvent peut-être, sur certains points,
choquer. Cette Commission va avoir un rôle important puisque le
Ministre décidera au vue de ses conclusions.
J'attends
donc avec impatience, parce que je souhaite que nous ayons une vraie
réforme de notre système de santé en France, la première réunion
et la mise en place de cette Commission.
Votre
confédération compte-elle simpliquer dans lévaluation
médico-économique des pratiques de vos adhérents ?
Nous
avons un projet ambitieux pour lensemble de la France, pour
lensemble des médecins libéraux et des médecins hospitaliers
dont l'un des piliers importants est effectivement la mise en place
dun dispositif dévaluation
:
-
des
besoins sanitaires de la population, pour que nous puissions
assurer demain des allocations de ressources qui soient adaptées
aux besoins sanitaires et que nous nallions pas vers la
restriction, voire le rationnement des soins.
-
des
pratiques médicales parce que nous basons beaucoup la maîtrise
des dépenses sur lévaluation médico-économique de ce qui
se fait dans le domaine de la santé.
Quelles
réformes alternatives au plan Juppé proposeriez-vous en termes de
maîtrise médicalisée ?
Le
plan Juppé est pour nous un ènième plan de sauvetage
de la Sécurité Sociale. Ce nest pas une réforme structurelle.
Il sagit de dispositions conjoncturelles, de replâtrages,
et en ce qui concerne la médecine libérale, on a pris les outils
qui étaient déjà mis en place dans la convention de 1993, et on
a simplement ajouté le robinet en aval que lon ferme si jamais
on dépense trop.
Il
est absolument nécessaire que nous entamions maintenant une réforme
structurelle qui soit basée sur une maîtrise médico-économique
et non pas sur une logique budgétaire.
Car
le Plan Juppé nest basé que sur une logique
budgétaire : on fixe en amont un objectif financier, calculé
uniquement pour des nécessités budgétaires, mais qui ne correspond
pas forcément aux besoins sanitaires de la population, puis tout
est décliné à partir de cet objectif.
Nous
avons une logique inverse : évaluons les besoins sanitaires de la
population et surtout, évaluons-les région
par région. En faisant la sommation de ces évaluations, nous
obtiendrons les besoins sanitaires de la nation. Ensuite, on adaptera
les ressources à ces besoins pour les satisfaire au mieux.
Je crois que notre motivation première est dassurer à la population
française la qualité des soins à laquelle elle a droit, c'est-à-dire
la meilleure, sans gaspillage.
Si
la logique suivie est au contraire de dire : "il faut avant
tout que je fasse attention à équilibrer mon budget" ou "j'ai
à respecter des critères financiers, budgétaire et autres dans mon
exercice professionnel"... pour intégrer une Europe qui serait
alors essentiellement technocratique, alors moi-même, en tant que
médecin, je refuse de cautionner, face à la population, cette manière
de voir.
Que
pensez-vous de leffort que va faire lEtat pour lHôpital ?
En
ce qui concerne lhôpital public, le plan Juppé a abordé un
problème de réforme de la tutelle,
et non pas une réforme de lhôpital public que nous attendons
toujours.
Est-ce
quil sagit dun effort pour maîtriser, à lintérieur
de lhôpital public, tout ce qui un petit peu "gabegie"
et d'aller vers une meilleure organisation de lhôpital public ?
Et là je dis : "rien nest fait".
Ou
alors est-ce que lon dit : "leffort que fait
lEtat cest douvrir, un petit peu cette année,
le budget hospitalier public" ? Et là je dirai que le gouvernement
prend la responsabilité de trouver une solution ponctuelle pour
quil ny ait pas trop de vagues aujourdhui au niveau
de lhôpital public, et en particulier au niveau de lemploi
dans lhôpital public.
Mais
il ne règle pas les problèmes de fond de lhôpital public.
Comment
développer une FMC moderne et validante, et avec quels partenaires ?
En
ce qui concerne le problème de Formation Médicale Continue, je crois
que nous avancerions beaucoup si simplement on appliquait lordonnance
Juppé dans ce domaine.
Seulement
on saperçoit quil y a certains acteurs qui nont
pas envie de jouer ce jeu.
Il
y a les Caisses dAssurances Maladie et certains Syndicat Médicaux,
en particulier ceux qui ont signé la convention, qui se mettent
en travers de la route qui a été tracée : le plan Juppé met en place
une Formation Médicale Continue indépendante, totalement à distance
des aléas conventionnels.
Les
partenaires conventionnels qui ont signé la convention de 1997,
ont, au contraire, fait réapparaître tous les problèmes conventionnels
dans la Formation Médicale Continue en mettant sur la table le complément
financier des Caisses Assurances Maladie qui vient complètement
mettre à bas toute la philosophie du plan Juppé dans le domaine
de cette Formation Médicale Continue.
Je
trouve ce hold-up de la Formation Médicale Continue par la Caisse
Assurance Maladie et les Syndicats signataires absolument détestables.
Il
faut dire clairement que là il y a un détournement de la Formation
Continue.
Quant
à savoir avec qui il faut travailler dans le domaine de la Formation
Continue, au niveau de la CSMF, nous avons, depuis toujours, défendu
une Formation Continue faite par la Profession, une Formation Continue
de qualité et une Formation Continue indépendante. Indépendant,
cela veut dire que le financement doit être diversifié entre :
-
les
praticiens finançant une partie de la Formation Continue,
-
les
Caisses Assurances Maladie subventionnant une partie de la Formation
Continue
-
Et
lIndustrie Pharmaceutique, qui est un acteur du système
de santé et qui ne représente pas simplement un côté industriel
finançant logiquement une partie de la Formation Continue.
Jirai
même un petit peu plus loin. Je pense quen ce qui concerne
lIndustrie Pharmaceutique, elle est totalement compétente
dans le domaine de la recherche médicale et de la thérapeutique
médicale et médicamenteuse.
Je
ne vois pas pourquoi lIndustrie Pharmaceutique serait exclue
même de la participation en tant quexpert, en tant que personne
compétente dans le domaine de la thérapeutique médicale.
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