TVA
des médicaments :
quel est le juste taux ?
©
Garo
Nathalie
Beslay, Avocat
ALAIN BENSOUSSAN-AVOCATS
et
Mathieu
Ozanam
8 mars
2002
2/2
La
position de la France
Le
gouvernement français a développé des arguments
tendant à prouver que l'application de deux taux de TVA n'était
pas contraire au droit communautaire.
Tout d'abord, il fait valoir que les médicaments remboursables
et les médicaments non remboursables sont des produits différents
non concurrents, qui peuvent donc être soumis à des
taux de TVA différents.
Les médicaments remboursables sont inscrits sur une liste
établie par arrêté conjoint du ministre chargé
de la santé et du ministre chargé de la Sécurité
sociale ;cette liste est établie dans l'intérêt
du consommateur final. Lorsqu'il achète un médicament,
le consommateur fonde sa décision sur le caractère
remboursable du médicament et non sur le taux réduit
de TVA. Ce taux inférieur à 5,5% n'a pas pour but
de favoriser la vente des médicaments remboursables par rapport
aux autres médicaments ;le rapport de concurrence dans lequel
s'inscrirait la différence de taux de TVA, entre les médicaments
remboursables et les autres, n'existe pas.
En outre, l'intérêt social est assuré par le
taux réduit de TVA applicable aux médicaments remboursables
: en effet, l'application de ce taux réduit permet un allégement
des charges de Sécurité sociale, et entraîne
une réduction des dépenses de santé à
la charge du consommateur final.
Une
jurisprudence favorable à la France
Dans
son arrêt du 3 mai 2001, la CJCE a donné raison au
gouvernement français ; elle énonce qu' "en instituant
et en maintenant en vigueur une réglementation en matière
de TVA aux termes de laquelle les médicaments remboursables
par la Sécurité sociale sont taxés au taux
de 2,1% alors que les autres médicaments sont taxés
au taux réduit de 5,5%, la République française
n'a pas manqué aux obligations qui lui incombent en vertu
de l'article 12 de la Directive."
En conséquence, elle a rejeté le recours en manquement
au motif qu'il était non fondé.
L'harmonisation
européenne relative à une uniformité du taux
de TVA, applicable notamment aux médicaments, est loin d'être
aboutie. La jurisprudence européenne ne s'oppose pas à
ce que la France maintienne sa réglementation en matière
de régime fiscal auquel sont soumises les deux catégories
de médicaments, tout en préservant l'intérêt
du consommateur final.
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8
mars 2002
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