Fondée
en juillet 1998 par un gastro-entérologue américain, Stuart
Weisman, Ephysician
propose aux professionnels de santé une solution reposant sur le
principe de l'assistant numérique de poche (palm computers ou
palm pilots en anglais) et Internet. Les médecins peuvent, entre
autres choses, prescrire des examens de laboratoire, transmettre
des ordonnances par voie électronique ou par fax, gérer leurs rendez-vous
et accéder aux dossiers patient. Les professionnels retirent un
grand nombre d'avantages de ce système, dont celui de réduire la
paperasserie et de retrouver rapidement les informations recherchées.
Stuart Weisman résume ainsi la philosophie de ePhysician :
" (
) les professionnels de santé pourront exploiter
le potentiel d'Internet grâce à des appareils de poche qui permettent
d'étendre la portée de l'ordinateur de bureau à la visite des patients."
Stuart Weisman est parti d'un constat simple :
l'ordinateur de bureau n'est pas l'outil le plus pratique pour un
médecin. Celui-ci passe en effet rarement sa journée continuellement
rivé à son bureau. Qui plus est, les professionnels ont souvent
la réputation (injustifiée ?) d'être allergiques à tout ce
qui ressemble de près ou de loin à un ordinateur.
L'assistant numérique ne remplace pas l'ordinateur
de bureau, mais en constitue en quelque sorte le prolongement sans
fil. Le médecin doit être équipé d'un palm pilot, d'un ordinateur
sur lequel est installé le logiciel ePhysician1.0, et d'une connexion
Internet. Après avoir utilisé l'assistant pour rédiger une ordonnance,
par exemple, le médecin transfère les données saisies dans son PC.
Il peut ensuite envoyer son ordonnance aux serveurs Ephysician via
une connexion Internet sécurisée. Ceux-ci traitent l'information
puis l'envoie à la pharmacie ou au laboratoire destinataires par
voie électronique ou par fax.
La rédaction et la transmission électroniques d'ordonnances
constitue l'une des fonctionnalités phare de ePhysician. Le médecin
peut en outre consulter sur son assistant de poche une base de données
propriétaire médicamenteuse qui permet d'étayer la décision clinique.
Selon une étude publiée dans le Journal of American Medical Association,
les risques d'effets indésirables diminuent de 55 % avec les
ordonnances électroniques. Or, moins de 1 % des ordonnances
sont envoyées par voie électronique aux Etats-Unis. Selon Stuart
Weisman, ce faible taux s'expliquerait par le fait que les praticiens
n'ont pas le temps d'utiliser pleinement leur ordinateur.
La transmission des ordonnances électroniques
Le serveur vérifie automatiquement si la prescription
présente des erreurs de posologie et des interactions médicamenteuses.
Le médecin est alors alerté par le serveur. De plus, les données
patient saisies et transférées sont collectées puis organisées au
sein d'un dossier patient électronique. Le médecin peut donc accéder
à l'historique des ordonnances rédigées pour chaque patients.
Avantage non négligeable, les erreurs dues à l'écriture
souvent indéchiffrable des médecins sont éliminées. Ce problème
serait loin d'être anecdotique puisque certains médecins recevraient
jusqu'à 20 appels par jour de pharmacies incapables de les lire.
Selon ePhysician, le nombre de médecins utilisant
des assistants de poche croît rapidement. La société déclarait fin
janvier que 20 000 médecins s'étaient inscrits sur le site.
Toutefois, l'ordonnance papier ne fait pas encore partie du passé,
car les assistants présentent quelques inconvénients : durée
de vie de la batterie encore trop courte et clavier trop petit.
Le marché de l'ordonnance électronique est un secteur
stratégique convoité notamment par les pharmacies électroniques.
Pour l'instant, les ventes en ligne de médicaments délivrés sur
ordonnance ne représentent aux Etats-Unis que 40 millions de
dollars et jusqu'à présent, les médecins sont restés en retrait
du bouillonnement caractérisant le secteur de la pharmacie en ligne.
Or, les pharmacies électroniques ont parfaitement compris que la
participation des médecins est indispensable à leur succès. Ceux-ci
rédigent aux Etats-Unis 2,5 millions d'ordonnances par an et
les pharmacies souhaitent pouvoir "mettre la main" sur
une partie d'entre elles directement à la source. C'est pourquoi
elles ont tout intérêt à conclure des alliances avec des sociétés
proposant des solutions techniques aux professionnels de santé.
Drugstore.com
(lire notre étude de
cas), autre fameuse pharmacie en ligne, a elle conclu des partenariats
avec douze sociétés spécialisées dans la transmission électronique
d'ordonnances, dont ePhysician, pour développer des standards de
transmission et réception. CVS, l'une des pharmacies en ligne les
plus importantes, ne s'y est pas trompé non plus en devenant la
pharmacie exclusive du géant de l'Internet médical, Healtheon/WebMD.
Les médecins utilisant les solutions Healtheon/WebMD pourront directement
transmettre leurs ordonnances à CVS par voie électronique.
Pour l'instant, la technologie ePhysician est en
phase de beta testing. Le lancement commercial prévu pour le premier
trimestre 2000 s'accompagne de la distribution gratuite d'assistants
aux 10 000 médecins qui se seront enregistrés sur le site
Internet. Ils devront cependant payer un droit d'inscription mensuel
sensé être abordable (notons que le site ne mentionne nulle part
son montant
).
Les concurrents de ePhysician sont nombreux. S'il
souhaite développer sa position sur le marché, il doit conclure
des partenariats et jouer le jeu des fusions-acquisitions sous peine
(peut-être) de faire avaler tout crû par l'un des opérateur phare
de l'Internet médical, tel que Healtheon/WebMD
qui affiche clairement sa volonté de s'imposer sur le front Business-to-Business
de la santé en ligne (de professionnels à professionnels).