Le
PMSI, une nouvelle donnée pour les études pharmaco-économiques
L'hôpital représente le poste le plus important
de dépenses de santé.
Le médicament quant
à lui représente environ 4 % des dépenses hospitalières. Pourtant
le médicament, comme l'introduction de toute innovation à l'hôpital,
peut induire des dépenses, ou des économies, bien au-delà du seul
poste médicamenteux. Les économistes de la santé se sont ainsi souvent
attaché à démontrer les conséquences de l'introduction de nouveaux
médicaments sur les différents postes budgétaires hospitaliers,
et à en évaluer le bénéfice induit.
L'exemple des anti-ulcéreux est significatif.
Les chirurgiens n'opèrent
aujourd'hui pratiquement plus d'estomacs pour ulcère depuis la mise
à disposition des antiH2 et des inhibiteurs de la pompe à protons.
Ce type d'innovation autorise des économies considérables.
Autre exemple
la prise en charge
de malades souffrant de bronchopneumopathie chronique, si on se
limite aux coûts directs, est composée de consultations chez le
généraliste et le spécialiste, d'examens complémentaires, de traitements,
d'hospitalisations et de transports médicalisés. Or, le coût des
hospitalisations, en fonction de la gravité de la B.P.C.O. peut
atteindre 60% du coût total de la prise en charge. Ainsi, un traitement
qui épargne la moitié des séjours hospitaliers peut faire économiser
30% du coût de la maladie. Ces chiffres montrent l'importance de
valoriser ces séjours de la manière la plus précise possible.
La mise en évidence du bénéfice économique d'un nouveau traitement
impose des études
crédibles.
Le principe de base
de ces études est de croiser des événements médico-économiques avec
les coûts de ces événements.
Pour les mesures de
coûts en milieu hospitalier, on a généralement utilisé, jusqu'à
une période récente, le prix de journée se rapportant au type d'établissement
et au type de discipline considérés, multiplié par la durée de séjour.
La disponibilité de
la base de données du P.M.S.I. présentée par
G.H..M., en fournissant des données de comptabilité analytique,
permet de se rapprocher désormais de la notion de coût réel, contrairement
aux tarifs. Cette base de données est constituée d'éléments de coûts
par séjour, obtenus auprès de plus de cent établissements, et établis
sur la base d'une comptabilité unique. Chaque année, ces établissement
fournissent 2 types de fichiers :
- l'un concerne les dépenses des
différentes sections d'analyse,
- l'autre les différentes caractéristiques
de l'ensemble des séjours du secteur MCO (RSA, donc GHM, durées
de séjour dans le différentes sections
).
C'est le croisement
de ces deux fichiers, effectué par le modèle comptable d'affectation
des charges, qui permet le calcul des coûts par séjours, à des niveaux
d'agrégation différentiés, allant des coûts partiels relatifs aux
actes techniques (par exemple aux coûts complets correspondant à
l'affectation des l'ensemble des frais d'établissement). On peut
alors extraire de cette base de données les séjours d'un même G.H.M.
et en évaluer la distribution des coûts. Une échelle de coût par
G.H.M. peut ainsi être constituée qui, si la finalité première est
l'allocation budgétaire des établissements,
peut également être employée utilement pour l'expertise médico-économique.
Il est incontestable
que la mise à disposition d'une telle base de données constitue
un apport non négligeable, l'utilisation d'un référentiel de coûts
permettant d'éviter la lourdeur des analyses de type microcosting,
qui souffrent en général de ne pas être appuyées par des méthodologies
de comptabilité analytique cohérentes. De plus, si l'échantillon
d'établissements de la base de données du PMSI n'a pas été construit
sur une représentativité statistique, un redressement statistique
a eu lieu, prenant en compte les GHM, le statut des hôpitaux et
leur taille.
La base de coûts actuelle
concerne 3 années de recueil de données et près de 2 millions de
séjours. L'échelle de coûts est construite quant à elle sur les
2 dernières années, pour éviter les complications liées à l'évolution
des prix. Ces 2 années sont nécessaires au recueil et à la validation
des données.
Si l'on prend un GHM
particulier, auquel est associé dans la base un échantillon de taille
suffisante, on dispose non seulement du coût moyen complet, mais
également de la décomposition de ce coût en 17 composantes (personnel
médical, infirmerie, consommables, actes médico-techniques, restauration,
blanchisserie
). Ce sont ces dernières qui sont les plus intéressantes
en matière d'études médico-économiques. Elles permettent en effet
de distinguer les postes fixes des postes variables. Quant on analyse
les effets d'un nouveau protocole de soins ou d'une nouvelle thérapeutique,
on peut en effet considérer, pour un hôpital donné, quà court
terme seuls les postes variables parmi ceux identifiés précédemment
auront des variations prévisibles au niveau des dépenses. L'évaluation
sur les postes fixes sera beaucoup plus difficilement mise en évidence.
Réduire la durée de séjour pour un GHM n'a d'intérêt pour l'hôpital,
compte tenu de la rigidité des coûts salariaux, que si le temps
dégagé peut être consacré à une autre activité (autrement, ni ses
dépenses ni sa dotation globale ne changeront, puisque le nombre
de points ISA du GHM ne dépend pas, dans un premier temps, de la
durée de séjour de ce dernier...).
Le PMSI, développé
dans un premier temps aux seuls hôpitaux publics et PSHP, est étendu
depuis le début de l'année 1997 à tous les établissements d'hospitalisation
privée. Dans l'attente de la mise à disposition des données du secteur
privé, on continue à utiliser pour les données de ce secteur, les
facturations et/ou les tarifs conventionnels.
Les raisonnements médico-économiques doivent donc prendre en compte,
de façon générale, les nouvelles donnes du système de financement
des établissements, et le comportement des différents acteurs du
système de soins. Les études économiques doivent ainsi s'alimenter
de données épidémiologiques, non seulement concernant la prévalence
de la pathologie, mais aussi les filières de prise en charge. Ces
données permettent de prendre en considération le coût relatif des
différentes prise en charge selon le type d'établissement.
Ainsi, la valorisation
des hospitalisation pour bronchopneumopathie chronique peut être
totalement faussée par des approximations quant aux différentes
structures des prises en charge. Par exemple, si on se contente
de valoriser les seules prises en charge dans le secteur privé,
chaque hospitalisation coûtera 12 000 F. Si au contraire on ne valorise
que les prises en charge en hôpital, le coût est de 20 000 F. La
pris en compte du ratio de prise en charge entre les secteurs privés
et publics (ici, il est de 28% dans le privé) permet d'évaluer ainsi
le coût moyen des hospitalisations pour BPCO de 17 760 F.
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