Interventions
hospitalières :
la quantité produit-elle la qualité ?
Corinne
RADAL
15 juin
1999
A
la fin des années soixante-dix, une relation entre le volume dactes
effectué par un hôpital et la survie des patients traités a été
mise en évidence par Luft : il a ainsi été remarqué que, pour certaines
interventions chirurgicales, les hôpitaux qui effectuaient le plus
grand nombre dactes avaient des taux de décès significativement
moins élevés que ceux qui en effectuaient le moins.
Cette publication souleva
de nombreuses interrogations et fut le point de départ de nombreuses
études sur le sujet.
Récemment, la polémique
autour de léventuelle fermeture de maternités " à
risque " ainsi que la publication du " palmarès "
des services hospitaliers dans le magazine Sciences et avenir
ont attiré lattention du grand public sur le sujet, en exposant
le cas dhôpitaux en sous-activité dans lesquels la qualité
des soins nétait pas idéale.
Aujourdhui encore,
le problème nest pas résolu et les autorités continuent à
y réfléchir.
Cependant, malgré toutes
les recherches menées autour de cette corrélation entre volume et
résultat, un élément important du problème reste indéterminé :
le sens de la relation de causalité, sil y en a un, entre
quantité et qualité. Est-ce la quantité qui produit
la qualité (expérience du chirurgien, bonne coordination
des soins par une équipe habituée à travailler ensemble), ou bien
la qualité qui produit la quantité (effet de réputation) ?
Les outils disponibles
jusquà présent nont pas permis de se prononcer sur ce
point.
Actuellement, lenjeu
de cette problématique est double :
Lutilisation
du PMSI permettra de faire progresser à grands pas les recherches
dans ce domaine et de répondre à ces questions. Aux Etats-Unis,
à défaut dêtre tranché, le débat est laissé à lappréciation
des patients et des référents libéraux systématiquement renseignés
sur le nombre dactes réalisés par chaque hôpital, comme sur
le site HealthCareReportCards.
Jusquà présent,
la plupart des études sur le sujet ont été menées uniquement sur
des interventions chirurgicales et nont pas porté sur des
patients hospitalisés pour des prises en charge purement médicales.
Les données concernant ces patients étaient en effet soit non disponibles,
soit pas assez précises.
Grâce à linformation
recueillie par le PMSI, il est désormais possible dexplorer
la relation entre volume et résultat pour tous les types de prise
en charge. De plus, les informations concernant les diagnostics
principaux et associés contenus dans les RSS
permettront dappréhender cette relation de manière plus rigoureuse,
en tenant compte des différences entre les états des patients lors
de leur admission. Cet ajustement nétait en effet pas toujours
possible auparavant en raison du manque de données.
Lindicateur
de mesure de la qualité utilisé dans les études est essentiellement
le taux de décès. Avec les bases PMSI, des informations sur la survenue
déventuelles infections postopératoires seront disponibles.
Le codage de ces complications est à lheure actuelle encore
imparfait, mais il permettra à terme de construire un indicateur
de qualité plus élaboré et moins simplificateur que le taux de décès.
De plus, le PMSI pourra
également apporter quelques éléments sur le sens de la relation
entre quantité et qualité. En effet, les bases de données permettent
de déterminer globalement lorigine géographique des patients.
On dispose ainsi dun indicateur de réputation et donc dattraction
de létablissement.
Le PMSI savère
donc un outil très utile dans une optique dévaluation et damélioration
des soins.
En effet, la mise en
évidence dune relation entre volume et résultat ne constitue
que la première étape dune démarche exploratoire complexe,
dont le but final est didentifier les pratiques optimales
pour chaque type de prise en charge. Létude de la relation
entre volume et résultat pourrait en effet, par le biais de lobservation
des variations entre les hôpitaux, aboutir à la découverte de liens
entre procédés de soins et résultats.
Il serait ainsi possible,
à terme, dencourager les établissements hospitaliers à mettre
en uvre ces procédés, et dinformer les hôpitaux, médecins
et patients sur les performances des différents établissements.
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juin 1999
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