Comment
choisir un outil d'aide au codage
Christine
BOUCHET
mai
1999
La
généralisation de la pratique du codage des pathologies et des actes,
en particulier dans le cadre du PMSI, impose aux cliniciens d'acquérir
de nouvelles compétences, et le codage vient s'ajouter à leur charge
de travail habituelle. C'est pour cette raison que de nombreux établissements
ont choisi de centraliser le codage au niveau d'un Département d'Information
médicale (DIM). Les codeurs des DIM peuvent utiliser des outils
informatiques destinés à faciliter leur tâche, mais on est encore
très loin du "codage automatique". Les performances des
outils dépendent beaucoup de leur mode de fonctionnement et de l'implémentation
des données dans l'application, de nombreux paramètres sont donc
à prendre en compte pour le choix d'un logiciel. Les exemples évoqués
ici concernent le codage des diagnostics en CIM10 (Classification
Internationale des Maladies de l'OMS,
dixième version), cependant les grands principes sont généralisables
aux outils contenant d'autres nomenclatures.
Le principe de la recherche
Il
conditionne complètement les résultats obtenus, et lintérêt
du logiciel d'aide au codage pour les différents types d'utilisateurs
(codeur entraîné ou débutant, médecin ou personne peu familiarisée
avec le langage médical). Il est possible de distinguer quatre principes
de fonctionnement différents.
-
Les outils fonctionnant sur le principe de la navigation dans une
nomenclature sont organisés de façon hiérarchique comme la classification
initiale, et permettent à chaque niveau de visualiser les niveaux
inférieurs. Ils nécessitent une bonne connaissance des principes
dorganisation de la classification utilisée et ne sont donc
pas destinés à lutilisateur débutant. Par exemple le codage
dune sténose mitrale en CIM10 nécessite de passer par le chapitre
des maladies de lappareil circulatoire, puis le groupe des
cardiopathies rhumatismales chroniques, puis le sous-groupe des
maladies rhumatismales de la valvule mitrale. On atteint ensuite
au niveau inférieur le code désiré (I050).
-
Les outils basés sur une recherche purement lexicale permettent
de chercher un texte littéral, par exemple le mot "angor".
Ils sont faciles à implanter mais ce sont ceux qui entraînent le
plus de problème de non-réponse (silence documentaire) à lissue
dune recherche. Leur principal intérêt est de permettre aux
personnes peu familiarisées à la consultation de la CIM de saffranchir
de la structure hiérarchique de cette classification, et donc de
pouvoir coder un terme sans nécessairement savoir dans quel chapitre
il faut le chercher.
-
Les systèmes documentaires, plus complexes, indexent les codes à
laide des mots dun thesaurus qui est un répertoire alphabétique
de termes. La présence dun thesaurus permet de définir des
synonymes. Ainsi une requête avec le mot "angor" permettra
de retrouver le code "I209, angine de poitrine sans précision",
bien que le terme angor ne soit pas contenu dans le libellé. Dans
lidéal ces outils permettent également de matérialiser des
relations dappartenance ou dinclusion. Ce genre d'aide
au codage permettrait par exemple de coder le prolapsus de la valve
mitrale à partir dune recherche sur le mot "cur",
puisque la valve mitrale est une partie du cur.
-
Enfin les systèmes à base de connaissances peuvent tenir compte
du contexte, et guider l'utilisateur vers certains codes, par exemple
dans le cas du codage PMSI ils permettraient de prendre en compte
l'âge du patient, et dans le cas d'un nouveau-né ils orienteraient
vers les codes des chapitres P ou Q de la CIM10 (affections de la
période périnatale ou pathologies congénitales).
Le contenu de la base de données
La
qualité d'un outil d'aide au codage de la CIM dépend étroitement
de la façon dont la classification a été implémentée, quelles que
soient les performances de l'outil de recherche par ailleurs.
Ainsi,
il peut être utile de connaître l'origine des fichiers contenus
dans la base. Il peut s'agir de la version officielle de la CIM10,
ou d'une version adaptée. Les libellés de l'index alphabétique,
plus nombreux que ceux de l'index analytique, sont rarement inclus
dans les logiciels. Il faut également savoir si la structure de
la CIM10 est respectée, car il est très utile de retrouver de façon
claire les inclusions, exclusions et notes plutôt qu'un simple libellé.
La possibilité de double classification (dague / astérisque pour
étiologie / manifestation) doit aussi être mentionnée, et un libellé
de code doit être situé dans son contexte (chapitre, sous-chapitre
et catégorie à 3 caractères). Il faut également savoir si les extensions
sont mentionnées : code de localisation (par exemple pour les arthrites,
un cinquième digit doit préciser la topographie), extensions spécifiques
PERNNS (Pôle dexpertise et de référence national des nomenclatures
de santé) à prendre en compte pour le codage PMSI. Ces extensions
spécifiques sont exclusivement françaises donc ne figureront pas
dans des applications développées par des francophones non français.
La prise en compte des règles de codage PMSI (également françaises),
présente également un intérêt. L'outil peut ainsi préciser quun
code à trois caractères subdivisé ne doit pas être utilisé pour
le codage dun diagnostic, ou que certains codes (codes Z par
exemple) ne peuvent être employés en diagnostic principal.
L'interface utilisateurs
Elle
doit être intuitive et conviviale. La saisie des requêtes doit être
facile et la réinitialisation de celles-ci doit être immédiate.
Certains logiciels requièrent une série de mots clés qui sont implicitement
associés par un opérateur logique ET. Par exemple une requête avec
les mots "infarctus" et "myocarde" permettra
de trouver les libellés contenant les deux mots. D'autres outils
sont capable de repérer les mots clés dans la requête et ne tiennent
pas compte des mots "non signifiants" (de, à, avec). Certains
permettent d'associer des mots clés en utilisant plusieurs opérateurs
logiques : ET, OU, SAUF.
Seuls
des logiciels performants seront capables de fournir une réponse
immédiate à la requête "Abcès du poumon sans pneumopathie",
le mot "sans" impliquant d'exclure la notion de pneumopathie,
tandis que la majorité des outils effectueront une recherche sur
les mots abcès, poumon et pneumopathie et renverront les codes J851,
abcès du poumon avec pneumopathie et J852, abcès du poumon sans
pneumopathie.
Enfin
les outils les plus évolués permettent de formuler des requêtes
en langage naturel, ils sélectionnent les mots signifiants, gèrent
les variantes lexicales et les relations de synonymie.
Aspects pratiques
D'autres
critères très importants pour le choix d'un logiciel seront la rapidité
de la recherche, et les aspects matériels. En effet certaines applications
ne sont disponibles que dans le monde PC et nexistent pas
pour Macintosh, dautres sont distribuées sur CD-ROM. Enfin
des outils sont accessibles sur le Web mais le coût de connexion
peut rester un facteur limitant pour certains.
Conclusions
Le
choix d'un outil d'aide au codage parmi les logiciels existants
n'est pas une tâche facile et nécessite un minimum de temps. Il
faut impérativement tester l'application pour évaluer la facilité
d'utilisation et la rapidité. Dans l'idéal il faut également utiliser
des diagnostic "tests", permettant de savoir si l'outil
contient les mots de l'index alphabétique, gère les variantes lexicales
ou les relations de synonymie ou d'inclusion.
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