Un
plan pour préserver l'efficacité des antibiotiques
Catherine
Dupilet
8
mars 2002
A
la suite du rapport des docteurs Anne Claude Crémieux, Olivier
Réveillaud et Benoît Schlemmer, Bernard Kouchner, Ministre
délégué à la santé, a proposé,
fin novembre 2001, un plan national pour préserver l'efficacité
des antibiotiques. Celle-ci est effectivement mise à mal
par deux facteurs importants. D'une par les antibiotiques sont beaucoup
trop prescrits, avec insuffisamment de rigueur et d'évaluation,
d'autre part la transmission inter-humaine de germes multirésistants,
notamment dans les hôpitaux, est en cause.
Efficacité
des antibiotiques : une préoccupation européenne
La
décision de mettre en uvre un plan en France fait suite
aux recommandations sur l'usage raisonné des antibiotiques
et autres agent antimicrobiens du conseil des ministres de la Santé
des Etats-membres de l'Union Européenne (Utilisation prudente
des agents antimicrobiens en médecine). La lutte contre la
résistance aux antibiotiques est désormais une priorité
de santé publique dans toute l'Union. La stratégie
communautaire de lutte contre la résistance antimicrobienne
insiste quant-à elle sur la surveillance (systèmes
de suivi de la résistance antimicrobienne), la prévention
(lutte contre les infections) et la R&D (développer de
nouvelles méthodes de prévention et de traitement
des infections).
Une
surconsommation d'antibiotiques en France
La
France est en tête du palmarès des plus gros consommateurs
européens de médicaments, elle a également
une place de choix dans celui des taux de résistance les
plus élevés. On compte en France environ 100 millions
de prescriptions par an, ce qui la situe en tête pour la consommation
d'antibiotiques par habitant en ville et en seconde position pour
les prescriptions à l'hôpital. Plus de deux tiers des
prescriptions sont établies pour des affections ORL et respiratoires
d'origine majoritairement virale ; à l'hôpital, 40%
des patients ont des antibiotiques en traitement curatif ou en antibiothérapie.
Pourtant les Français ne sont pas plus malades que leurs
voisins européens, mais près de la moitié de
ces prescriptions n'est pas justifiée.
Cette surconsommation est d'autant plus grave que les taux de résistances
aux antibiotiques en France sont les plus élevés d'Europe.
Près de la moitié des pneumocoques sont résistants
à la pénicilline, aussi pour préserver l'efficacité
des antibiotiques est-il nécessaire de réagir.
Un
plan en 7 axes
Le
programme doté de près de 29 millions d'euros (190
millions de francs) proposé par Bernard Kouchner s'échelonne
sur 4 ans (de 2001 à 2005). Ce plan s'articule autour de
7 axes. Dans la perspective de rationaliser les prescriptions, l'accent
sera mis sur l'information. Un programme sur l'usage raisonné
des antibiotiques sera adressé aux professionnels de santé
comme aux patients. Des plaquettes d'informations seront mises à
la disposition des prescripteurs afin d'aider ceux-ci à engager
le dialogue avec leurs patients.
Une aide à la prescription sera également apportée
aux professionnels de santé. L'arrivée dans les cabinets,
du streptotest permettra de réaliser un prélèvement
de gorge pour déterminer si une angine est d'origine bactérienne
ou virale, l'antibiotique étant inutile dans ce dernier cas.
La campagne " Test d'angine " menée en Bourgogne
par 800 médecins auprès de 4 000 patients affiche
des résultats plutôt encourageants. L'utilisation du
Test a permis de réduire ces prescriptions à seulement
41% des cas alors qu'il est de 85 à 90% des angines en France.
Les questionnaires distribués aux patients font état
de leur très forte adhésion à l'expérience,
96% d'entre eux indiquant que le test est " supportable ",
et 78% déclarant avoir compris la finalité de l'exercice.
Le plan prévoit également la définition d'indicateurs
épidémiologiques des infections rencontrées
au niveau régional. Des indicateurs de suivi des prescriptions
et des règles de bonnes pratiques d'utilisation des antibiotiques
complèteront le dispositif.
Mieux
prescrire à l'hôpital
Le
troisième axe porte sur l'amélioration de la prescription
à l'hôpital. Même s'il existe déjà
des références nationales et de nombreux établissements
se sont déjà attachés à améliorer
les prescriptions, 20 à 50% des prescriptions d'antibiotiques
restent inappropriées. Aussi, chaque établissement
devra, selon sa taille et la nature de ses activités, créer
une commission des antibiotiques, élaborer des référentiels
locaux adaptés à sa situation bactérienne,
désigner un médecin référent en antibiothérapie
qui aidera les prescripteurs, et mettre en place un contrôle
de dispensation des antibiotiques les plus susceptibles d'engendrer
une résistance.
La coordination entre la médecine de ville et l'hôpital
va être améliorée, notamment grâce à
un plus grand accès des médecins généralistes
aux réseaux épidémiologiques de surveillance.
Des formations seront proposées aux médecins. Les
programmes universitaires seront revus et la prescription des antibiotiques
fera l'objet de formations continues.
Outre la surveillance des infections nosocomiales déjà
obligatoire, la surveillance sera accrue. Les Centres Nationaux
de Référence seront renforcés et un comité
de suivi permettra de coordonner les différentes démarches
entreprises au niveau national.
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8
mars 2002
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