Copilotes
du projet RESAME
REseau SAnté en Moselle Est
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"Nous
avons été retenus, parmi 104 projets proposés,
par la Direction des Hôpitaux au Ministère de
la Santé dans le cadre de lappel à projet
" e-santé 2000 "
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Propos recueillis par
Dominique
Etienne
26 août
2000
Suite (2/3)
Actuellement, combien de professionnels et de patients participent
effectivement au réseau ?
Le réseau nest
pas encore effectif puisquil est actuellement dans sa phase
délaboration. En revanche, notre association APSAME, le promoteur,
compte 148 professionnels de santé libéraux sur les 250 potentiels
du secteur. Actuellement, 40 médecins sont équipés du même
logiciel de dossier médical (Health One dHDMP), connectés
au RSS et donc prêts à démarrer.
Avec le projet E-s@nté
2000, qui vient dêtre agréé par le ministère, le Centre
Hospitalier Général Marie-Madeleine de Forbach prévoit un équipement
informatique compatible avec le choix APSAME dans une perspective
printemps 2001... En revanche, la phase dinclusion des patients
na pas encore commencé.
La place du système dinformation est essentielle dans ce réseau
: pouvez-vous nous lexpliquer ?
La circulation de l'information
est le moteur de la coordination des acteurs du réseau. Elle précédera
la 2ème phase qui sera celle du partage et de la mise en commun
de certaines informations. Cette circulation s'effectue initialement
de point à point entre les différents professionnels de santé autour
du patient.
La place du système
d'information est fondamentale. La qualité du réseau sera, entre
autres, jugée sur la réalité de circulation de l'information médicale
pertinente sur les patients que nous prendrons en charge en commun.
Loutil informatique devient un moteur de l'amélioration de
la qualité grâce à son potentiel de communication (dossier médical
informatisé, messagerie, gestion de base de données notamment).
Encore faut-il que les solutions choisies en amont permettent de
développer réellement ce potentiel. Le travail de terrain a consisté
à faire en sorte que les professionnels de santé utilisent le même
logiciel de dossier médical.
A partir dun
cahier des charges traitant essentiellement des capacités de communication,
et des recommandations du Conseil
National de LOrdre des Médecins et de la Commission nationale
Informatique des Unions des Médecins Libéraux, nous avons finalement
retenu en juin 1999 Health One dHDMP, structuré autour du
standard européen GEHR.
HDMP
doit travailler à une interface entre Health One et un logiciel
par collège professionnel de l'APSAME. Chaque collège professionnel
(kiné, orthophoniste, infirmier) a choisi un logiciel qui sera interfacé
avec les dossiers médicaux communicants des médecins. Ce choix de
structuration des données informatiques permettra demblée
les échanges, la circulation et le partage des données pertinentes
autour du patient.
Dans ce système d'information,
le choix initial n'est pas de constituer une base de données exhaustive
avec toute linformation partagée au sein d'un seul serveur
central. Nous avons, en effet, décidé de coller aux réalités du
terrain et de favoriser progressivement le partage. Le dossier médical
restera physiquement sur chacun des postes des professionnels de
santé (médecins libéraux et hospitaliers, paramédicaux, structures
sociales). Seules les données répondant au consensus de partage
seront collectées sur une base de données. Ce consensus sétablira
avec les professionnels de santé et les patients usagers du futur
réseau.
Avez-vous défini les modalités dévaluation du réseau ?
Le réseau global dexercice
constitué nexiste pas à ce jour. Son évaluation ne peut donc
pas être " prédéfinie ". Il existe toutefois
trois modalités :
1) Lévaluation
externe
Elle analyse des critères
simples et fiables de quelques pathologies traceuses. Elle nécessitera
une collaboration avec le service médical, et posera le problème
crucial de son financement.
2) Lauto-évaluation
et lévaluation interne
Lévaluation interne
réalisée par le réseau pourra reprendre certains éléments de lévaluation
externe, pour tester la cohérence de ses résultats. Lauto-évaluation,
quel quen soit le sujet, consiste en :
- la réalisation dun état des
lieux objectif, étape initiale ;
- le relevé des dysfonctionnements
et leur analyse ;
- la mise en place de mesures de correction ;
- un suivi dimpact, analyse
et adaptation et retour en phase 2, etc.
Elle constitue un cercle
" vertueux " vers la qualité. Elle se distingue
ainsi de tous les mécanismes qui arrêtent le processus à la phase
2 et transforment la phase 3 en sanctions. On comprend mieux laversion
des professionnels de santé à lévaluation, car ils sont trop
habitués au couple analyse-sanctions.
A titre dexemple,
dans le cadre du projet E-s@nté 2000, des réunions entre médecins
libéraux et hospitaliers ont déjà permis de mettre en lumière des
carences concernant les lettres dentrée et de sortie dhospitalisation.
Sur ce point, le système dinformation permettra de suivre
lamélioration des critères choisis consensuellement. Ce sont
ces mesures dajustement a posteriori, couplées à un suivi
de leur impact, qui permettent la mise en route dune véritable
boucle et conduisent ensemble les acteurs progressivement vers la
qualité. Cette auto-évaluation doit être gérée par le réseau avec
lensemble des acteurs et les patients.
Il est spécifié dans
la charte dengagement que les professionnels du réseau doivent
participer à un moment ou un autre, à une structure dévaluation.
3) Enfin, des enquêtes
de satisfaction des usagers et des acteurs du réseau.
Quelles sont les besoins économiques du réseau et quelles sont vos
sources de financement ?
Le développement de
ce projet de réseau a été prévu selon trois phases : conception,
montage et fonctionnement. Il ne s'agit pas de phases strictement
successives. La conception du réseau, qui se veut évolutif, ne saurait
être achevée lors du montage.
Dans la perspective
d'un réseau agréé "Soubie", c'est précisément l'agrément
qui permet le démarrage de la phase de montage du réseau. Cette
phase doit permettre une montée en charge progressive du réseau,
tant en termes de professionnels y participant qu'en termes de patients
pris en charge. Le financement de cette phase repose sur une prime
unique allouée au recrutement de chaque professionnel du réseau,
ainsi que sur un forfait annuel pour chaque patient adhérant au
réseau. Ce financement doit permettre la mise en place d'une structure
d'accueil du réseau (locaux, matériel et personnel), et de démarrer
la mise en place du système d'information.
En ce qui concerne
la phase de fonctionnement du réseau, en sus des sources de financement
identiques à celles de la phase de montage, le projet prévoit la
redistribution d'une partie des économies réalisées par le fonctionnement
en réseau. Cette redistribution nécessite la mise en place en phase
de montage des outils qui permettront l'évaluation des gains financiers.
Il est bien évident que la prise en charge coordonnée des patients
et l'optimisation du parcours du patient devraient permettre une
amélioration de la prise en charge, en particulier un moindre recours
à l'hospitalisation. Ce mode de fonctionnement naîtra de la collaboration
hospitalo-ambulatoire. Une meilleure prise en charge en ambulatoire
peut contribuer à la restructuration hospitalière, et partant à
la réorientation stratégique et thérapeutique des établissements
hospitaliers. Une redistribution des ressources devra tenir compte
de cet élément fondamental, et nécessite de fait un certain degré
de fongibilité des enveloppes ambulatoires et hospitalières.
De plus, le travail
coordonné et coopératif au sein du réseau verra l'apparition d'actes
nouveaux, voire de nouvelles activités (temps de coordination, formation
transversale à l'exercice en réseau
).
Les possibilités dérogatoires
du décret "Réseau et Filière de soins" doivent précisément
autoriser le développement de ces activités en permettant aux professionnels
de s'investir davantage.
Le problème essentiel
de la mise en uvre de ce projet tient à la difficulté de financement
de sa phase de conception. Les budgets des phases de montage, puis
de fonctionnement figurent dans la convention signée avec la CPAM.
L'assureur sera logiquement le financeur principal de ces deux phases.
Pour la conception,
il en va tout autrement. Les institutionnels n'entendent pas s'inscrire
en financeurs d'un projet dont ils sont pourtant potentiellement
les principaux bénéficiaires. La recherche de partenaires financiers
parmi les acteurs de santé (industrie pharmaceutique, mutuelles,
assureurs privés
) se heurte à d'autres difficultés (absence
de rentabilité à court terme, principes rigides ne concordant pas
avec le caractère libéral du projet
). De plus, les projets
soumis à la commission "Soubie" reposant sur un partenariat
privé sont très régulièrement déboutés.
Refus d'investissement
des institutionnels, refus des partenariats financiers privés
Résoudre le problème du financement de la conception d'un réseau
d'initiative libérale revient à essayer de résoudre la quadrature
du cercle.
Cela explique le temps
qu'il nous aura fallu pour aboutir à un projet, aujourd'hui presque
finalisé. Il repose néanmoins sur une solide base de terrain, et
nous avons fait de son appropriation par les professionnels la priorité
de son développement.
Il convient de rappeler
tout de même la présence, les 18 premiers mois de notre travail,
du laboratoire SmithKline
Beecham, via sa branche "Diversified" (opérateur de
santé), qui a permis par son financement et son soutien logistique
le démarrage de ce projet.
Enfin, la société HDMP,
éditeur du logiciel Health One, est un partenaire de la première
heure. Présents à toutes les phases de l'évolution du projet, ils
ont su maintenir leur présence à tous les instants, nous apportant
une aide appréciable et indéniable.
Il nous reste à souligner
l'importance du partenariat privilégié de l'APSAME et du SNMG. Tout
au long de la conception de ce projet, il y a eu une symbiose entre
l'équipe nationale du SNMG, forte de son antériorité et de son expérience
unique dans le domaine des réseaux, et l'équipe locale. Co-promoteur
du projet RESAME avec l'APSAME, son apport en termes de logistique
et de soutien auprès des institutionnels est inestimable.
Suite
et fin (3/3)
26 août 2000
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