Dr
Hervé Garin
Responsable
du système d'information
du réseau ONCOLOR
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A aucun moment, ONCOLOR ne s'est donné pour objectif
de mettre en place un dossier médical commun.
(...) Je parlerai plutôt de dossier médical réparti
que de dossier médical partagé."
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25 avril
2000
Pouvez-vous nous
parler du réseau ONCOLOR ? Comment est-il né ? Qui est à l'initiative
de ce projet ?
Le réseau ONCOLOR est né à l'initiative du Comité
Régional de Cancérologie de Lorraine. Les premières réflexions datent
de 1993. A l'époque, on s'est rendu compte des difficultés de prise
en charge des malades atteints de cancer dans la région. Le Comité
technique régional, qui est constitué essentiellement de médecins
et de quelques représentants de l'administration, a envisagé un
mode de collaboration inter-établissements qui ne s'appelait pas
à l'époque un réseau, mais qui par la suite est devenu le réseau
ONCOLOR.
L'idée était de reconnaître les différences de
plateau technique et de mettre en place en place une démarche régionale
d'harmonisation.
Le projet a été validé et officialisé en 1993-1994
par le Ministère de la Santé. En 1996, les ordonnances sont publiées.
En 1997, le projet est bien avancé, on peut alors véritablement
parler de réseau. L'ARH de Lorraine soutient le projet de façon
concrète en mettant à disposition des personnes pour formaliser
le réseau et l'agrément est donné en juin 1998.
La démarche de terrain est soutenue par l'administration.
C'est à mon avis un des facteurs clés de succès relatif de ce réseau.
Combien de personnes participent à ce réseau ? Comment les
médecins ont-ils été recrutés ?
Le réseau est constitué à ce jour d'une trentaine
d'établissements qui sont essentiellement des centres hospitaliers,
des établissements privés participant au service public et des établissements
privés conventionnés à but lucratif.
Ces établissements constituent des sites. Il y
a deux premiers niveaux de graduation. Les sites de référence sont
appelés "sites hautement spécialisés". Ils sont au nombre
de cinq. Les "sites spécialisés" sont eux représentés
par une petite quinzaine d'hôpitauxA terme, le réseau va intégrer
des membres associés, c'est-à-dire des établissements dans lesquels
se pratique une partie de la prise en charge des malades atteints
de cancer, comme les soins palliatifs ou la chirurgie. Il n'y a
pas actuellement de médecins exerçant exclusivement en libéral,
c'est-à-dire en cabinet de ville.
Pour vous donner une idée, pour un des programmes
du réseau sur la constitution des référentiels de prise en charge,
nous possédons un mailing de 800 médecins et près de 400 participent
effectivement aux séances de travail.
Nous avons une convention constitutive, c'est assez
classique, et des cahiers des charges auxquels doivent répondre
les sites hautement spécialisés, les sites spécialisés et les membres
associés. Un cahier des charges spécifique aux pharmacies a également
été rédigé.
Quand l'agrément a été délivré en juin 1998, des
audits ont été effectués par des professionnels dans les établissements.
Les candidats au statut de site hautement spécialisé ont été audités
par des équipes pluriprofessionnelles de personnes extérieures à
la région, et pour les sites spécialisés, il a été fait appel à
des professionnels de la région pour des raisons de faisabilité.
Ces audits ont eu lieu entre septembre 1998 et
janvier 1999. Les conclusions de ces audits ont été fournies à l'ARH
et nous avons fait des propositions qu'elle a validées. Cette phase
administrative a duré assez longtemps. Les sites sont maintenant
constitués. Les conditions d'adhésion pour les membres associés
seront moins lourdes, car elles prendront plutôt sous la forme d'engagements
à respecter.
Ce qui fait la force du réseau ONCOLOR, c'est cette
collaboration régionale qui est exceptionnelle par son ampleur quantitative
et par l'absence de locomotive unique. Il y a une structure de coordination
certes, mais il n'y a pas d'établissement "point de repère".
Ce qui pose le problème de la légitimité des décisions prises dans
le cadre du réseau. En effet, comment amener un établissement à
suivre la démarche du réseau ? A ce titre, le partenariat avec
les professionnels de terrain, l'implication des directeurs, le
soutien des autorités de tutelle, que ce soit l'ARH ou l'Union Régionale
des Caisses d'Assurance Maladie, confèrent des bases solides à notre
démarche. Pour le système d'information du réseau, nous sommes partis
des mêmes principes : respect de lautonomie des établissements,
soutien des autorités et participation des professionnels.
Comment utilisez-vous l'informatique au sein du réseau ?
Je parlerai plutôt de système d'information que
d'informatique, car certains hôpitaux ont déjà une approche cohérente
de l'informatique alors que d'autres ont encore une approche que
je qualifierais "d'historique".
Maintenant, pour répondre à votre question, il
n'y a pas à ce jour d'utilisation de l'informatique. En revanche,
il y a un projet très ambitieux de mettre en cohérence 30 hôpitaux
et plusieurs centaines de médecins et autres professionnels de santé.
C'est un des réseaux les plus importants en France. A ma connaissance,
c'est le seul réseau qui couvre une région entière sur une seule
pathologie. Ce n'est pas un réseau issu d'un établissement qui a
ses satellites. Il s'agit bien d'une démarche de type maillage avec
certes des nuds plus importants, mais il n'existe pas une
"tête de réseau" unique.
Le système d'information du réseau a pour but d'être
utile à trois niveaux : aux malades, aux médecins, et aux décideurs
et directeurs. Etre utile aux malades, c'est permettre, grâce aux
nouvelles technologies, de transmettre des informations relatives
aux patients entre les médecins et professionnels de santé. Etre
utile aux médecins signifie fournir des bases de données, de connaissances
pour leur permettre de prendre des décisions. Enfin, être utile
aux directeurs, signifie que l'on pourrait constituer un info-centre,
un entrepôt de données, pour permettre une évaluation de l'activité
des établissements au sein du réseau et du réseau lui-même. Tout
cela repose sur un projet qui va bientôt se concrétiser et qui utilise
les technologies de l'Internet, de l'Intranet et de l'Extranet.
Nous avons donc plutôt des projets d'utilisation des nouvelles technologies,
ce qui nous pose des problèmes techniques d'accès physique à ces
"gros tuyaux", des difficultés d'ordre organisationnel
au sein des établissements et du réseau, et enfin, des problèmes
de sécurité puisque nous allons transférer des données médicalisées.
Suite et fin (2/2)
25 avril 2000
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