Octobre
2000
Jean
de Bodman
JDB@MEDERIC.FR
Réseau
de soins expérimental santé Lens
Groupe
Médéric
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" Les
problèmes de santé ont des spécificités locales,
quon ne peut complètement traiter
depuis léchelon national. " |
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Propos recueillis par
Dominique
Etienne
4 octobre
2000
Pouvez-vous nous présenter le Groupe Médéric ?
Le Groupe Médéric est
un organisme paritaire qui offre des services de protection sociale
complémentaire aux entreprises et aux particuliers. Le fond des
activités de Médéric est constitué par la retraite et la prévoyance.
Linstitution Médéric Prévoyance est la personne morale au
sein du Groupe qui est le partenaire juridique dIntégrale
Santé, promoteur du réseau Santé Lens.
Comment avez-vous choisi de travailler
avec Intégrale santé ?
Un
réseau, cest dabord un groupe de partenaires locaux
impliqués et motivés, ce qui est le cas dIntégrale santé.
Depuis un moment, Intégrale santé travaillait avec la CPAM
locale. Nous sommes arrivés un an et demi environ après le début
de leur réflexion. Ce qui bloquait était bien évidemment le problème
de financement. Nous avons pu apporter des moyens.
Et pourquoi spécifiquement ce projet ?
Nous nous intéressons
aux projets de prise en charge globale : or il y en a peu de
ce type. Nous travaillons par exemple depuis longtemps avec le réseau
Santé 2000 à Annecy mais le dossier présenté na pas reçu lavis
favorable de la CNAM. La Commission Soubie a quant à elle débattu
2 fois de ce projet. Il est difficile de progresser sur ce projet
tant que la CNAM maintient un avis défavorable.
Quel est le rôle du Groupe Médéric
dans le projet de réseau ?
Nous avons permis de
faire avancer les choses en fournissant des moyens. Ce nest
pas notre implantation locale qui est décisive dans ce projet :
ceci est plus laffaire de la CPAM, de Prévéa et des professionnels
locaux investis dans le réseau. Nous avons travaillé à la préparation
du dossier présenté aux différentes instances. Notre contribution
porte aussi sur le financement du système dinformation du
réseau.
Que pouvez-vous dire du système dinformation
du réseau ?
Il nest pas encore
complètement finalisé. Mais dores et déjà, il sera fondé sur
la technologie dInternet. Je crois quInternet va bouleverser
les relations médecins-patients, médecins-médecins, et plus généralement
les relations entre tous les professionnels de santé intervenant
autour dun patient. Pour le réseau, il constituera un outil
du système dinformation sécurisé qui sera mis en place.
Quattendez-vous du partenariat
au sein du réseau santé Lens ?
Nous souhaitons répondre
à la question suivante : est-ce que oui ou non un réseau arrive
à atteindre les objectifs
théoriques quon lui assigne ? Cest-à-dire
améliorer la qualité des soins, intéresser les professionnels de
santé au travail en commun, faire adhérer les patients. Une des
nouveautés majeures apportées par le réseau est quune tierce
personne est impliquée dans la relation médecinpatient :
cest la personne morale représentée par le réseau.
Etes-vous partie prenante dans dautres
projets de réseaux ?
Nous travaillons avec
celui dAnnecy depuis 1998. Nous menons une réflexion plus
en amont sur dautres projets, qui sont moins avancés que celui
de Lens du point de vue des initiatives de terrain. La spécificité
des projets qui nous intéressent est leur implantation locale. Je
pense que cest tout lintérêt des réseaux : les
problèmes de santé ont des spécificités locales, quon ne peut
traiter complètement depuis léchelon national.
Que pensez-vous de la motivation des
acteurs pour ce type de projet ?
Nous avons réalisé
des sondages auprès des patients : lidée de coordination
et de transmission dinformation est reçue de manière favorable
par 50% des patients. Ensuite, la permanence des soins dans un réseau
est une dimension essentielle pour les patients qui ont une pathologie
avérée. Du point de vue financier, la dispense davance de
frais est relativement banalisée, donc elle ne constitue plus un
argument essentiel. En revanche, le fait de pouvoir être inclus
dans un réseau est un véritable bénéfice en terme de garantie de
la prise en charge santé, or ce service ne coûte rien au patient,
ce qui est non négligeable.
En ce qui concerne
les professionnels de santé, je pense quils prennent actuellement
conscience quils ne sont plus à labri du jugement critique
des patients et que laléa thérapeutique est de moins en moins
bien toléré. Aussi faire partie dun réseau peut-il constituer
une certaine sécurité à cet égard, tout en assurant leur indépendance.
Le fait davoir accès plus facilement à linformation,
qui facilite lexercice médical, est un argument de poids pour
les professionnels.
Comment les professionnels de santé
ont-ils accueilli votre présence en tant que partenaire ?
A partir du moment
où nous avons donné des moyens au projet sans demander de contrepartie
(le réseau nest pas limité à nos assurés ni à ceux de Prévéa,
notamment), nous avons été bien reçus. Il est bien évident que nous
espérons à terme en sus de la qualité médicale garantie et évaluée
par le réseau, que des économies seront réalisées, mais cet objectif
est encore à prouver. La position du SNMG, initiateur du projet
AVANCER dont Lens est un des 6 sites, a certes changé. Mais je ne
pense pas que cela soit dû à un désaccord sur des points concrets
du projet tel quil est agréé à Lens.
Quelle est la stratégie de Médéric
en terme de prise en charge santé ?
Tout le monde dit que
la médecine de demain sera la médecine en réseau. Comme nous sommes
engagés dans la santé, nous voulons tenter lexpérience. De
plus, Médéric est investi dans des actions dintérêt général.
Le groupe Médéric a notamment lancé depuis un an une fondation dédiée
à la prise en charge sociale et médico-sociale de la maladie dAlzheimer
(Fondation Médéric-Alzheimer), qui engagera une dizaine de millions
de francs par an dans cette activité. Les projets de réseau sont
pour moi de véritables projets dintérêt général.
Tout le monde critique la lenteur
de la mise en place des RSE, comment voyez-vous leur avenir ?
Je pense que ceci est
un problème lié à la culture française. Face à un problème nouveau,
nous voulons toujours établir une règle générale, ce qui me paraît
contradictoire avec le processus même dexpérience. Ainsi,
je pense que la complexité de la constitution des dossiers est lune
des principales difficultés du montage des projets. A cet égard,
les questions posées par les « examinateurs » des dossiers
sont souvent celles auxquelles on veut justement répondre en lançant
lexpérimentation. Il faut attendre les résultats des expérimentations
lancées pour pouvoir prédire de leur avenir. En tous les cas, il
me semble que ces expérimentations fournissent un vrai cadre de
gestion locale des objectifs en santé : une des grandes nouveautés
du réseau pour les professionnels est quils acceptent dexpérimenter
le système denveloppe forfaitaire quils peuvent gérer.
Ainsi, sils tiennent les objectifs et sont «en dessous» en
particulier, le réseau reçoit la différence. Ceci est compréhensible
du fait que le réseau a des outils de gestion locaux, et sil
y a gestion, il y a engagements, de la même manière que cela peut
être fait dans une entreprise.
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