Janvier
2000
Oncoreze
19
Daniel
Schaeffer
directeur
de la CPAM de Correze
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"La
procédure (des RSE Juppé) est certes lourde et contraignante
mais elle apporte des garanties de sérieux et de compétences."
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Propos recueillis par
Dominique
Etienne
22 décembre
2000
suite et fin (3/3)
Vous
avez mis en place une structure de coordination pluridisciplinaire :
comment s'articule-t-elle avec le médecin traitant du patient et
ses correspondants hospitaliers ?
La
structure de coordination (médecin et infirmière) mise en place
laisse une large place aux acteurs du suivi du patient. Les rôles
de chacun sont très précisément définis.
Le
médecin cancérologue est l’initiateur du traitement anticancéreux
et reste le référent hospitalier. Il définit le projet thérapeutique
et le programme de chimiothérapie. On attend de lui toutes les précisions
concernant :
-
l’état
clinique et les résultats des examens paracliniques du patient,
-
les
protocoles de chimiothérapie avec détails des médicaments anticancéreux,
leur posologie, leur mode et leur rythme d’administration,
-
les
effets secondaires immédiats ou retardés possibles avec les
éléments cliniques et paracliniques de surveillance,
-
d’autres
protocoles thérapeutiques.
La
position du médecin traitant est essentielle, puisqu’il va être
au contact direct du patient des différents traitements. C’est celui
qui prescrit, qui prend en charge le patient dans l’intercycle.
Il assure le suivi au domicile du patient et prend connaissance
des différents examens biologiques et paracliniques. L’infirmière
à domicile doit avoir une parfaite pratique de la chimiothérapie
et des différents traitements en cancérologie. Elle prend connaissance
des protocoles, elle prépare et administre les traitements, elle
fait part des problèmes éventuels au médecin traitant, elle collige
par écrit sur les dossiers de soins l’ensemble de ses actes et les
éventuels effets indésirables.
Le
médecin cordonnateur est le responsable du réseau, ce n’est
pas un prescripteur. Il est en contact permanent avec le cancérologue
et le médecin traitant. Il est présent à l’hôpital où il contacte
le cancérologue, prend connaissance du dossier, s’assure de la faisabilité
du traitement à domicile, récolte toutes les informations concernant
la chimiothérapie et rencontre le patient. Sur prescription du médecin
cancérologue, il décide du forfait (chimiothérapie ou soins palliatifs)
applicable. Il est présent au domicile avec le médecin traitant
où il apporte toutes les informations du dossier médical et explique
le programme thérapeutique. Ce contact lors du premier cycle de
chimiothérapie, ou de soins palliatifs, est essentiel pour le patient
qui perçoit mieux la liaison Hôpital-Domicile.Le médecin coordonnateur
s’assure du retour de l’information du domicile vers le médecin
cancérologue et, si cela est nécessaire, il permet, en accord avec
le médecin traitant, une rehospitalisation rapide du patient dans
le service d’origine en prévoyant les différentes investigations
à faire.
L’infirmière
coordonnatrice est présente à l’hôpital où elle prend connaissance
du dossier infirmier et rencontre le patient. Son rôle consiste
à expliquer à l’infirmière libérale les différents protocoles de
traitement, lui fournir toutes les informations nécessaires à la
réalisation des prescriptions, ainsi qu’à lui apporter une aide
ponctuelle éventuelle. Enfin elle s’assure de la récupération et
de l’évacuation des différents déchets liés à la préparation et
à l’administration des produits anticancéreux.
Le
pharmacien d’officine est averti du programme thérapeutique et de
ses différentes échéances. En fonction de celles-ci, il doit s’approvisionner
en produits de chimiothérapie et en médication de support. Le pharmacien
entrant dans le réseau s'engage à laisser un numéro de téléphone
accessible à tout moment de la journée et de la nuit pour les urgences.
Pour le matériel (pompe, oxygène, lit médicalisé, etc...), la
structure de coordination, le médecin traitant ou le cancérologue
contacteront le pharmacien du patient qui, lui-même, en assurera
la fourniture.
Enfin,
si la famille le souhaite, un contact peut être pris par la coordination
avec l'assistante sociale. De plus selon les besoins exprimés par
la famille, en liaison avec les assistantes sociales et les associations
de soins palliatifs, une aide à domicile pourra être organisée.
Comment
est financé le réseau, et, notamment, quelles sont les rémunérations
prévues pour les professionnels membres ?
Le
financement du réseau (coordination) est assuré par le F.A.Q.S.V.
Une avance pour l’exercice 2000 avait été consentie par la CNAMTS.
L'ARH contribue au financement du réseau à hauteur de 250 000 francs
par an. Il faut aussi souligner que la Ligue contre le Cancer a
alloué des fonds au réseau pour des vacations de psychologue et
la Fondation de l'Avenir a permis l'aménagement de locaux pour 60.000
francs. Notre infirmière coordinatrice a par ailleurs reçu un prix
de l'innovation, qu'elle a reversée intégralement à l'association.
Les
rémunérations des médecins de ville sont celles de la NGAP pour
les consultations et visites, auxquelles s’ajoutent C 1,5 pour la
réunion de coordination et C 1,5 par séance de Formation. Celle
des infirmier(e)s se fait d'une part sous forme de forfait,
calculé en fonction de la durée et des difficultés techniques des
soins : trois types de forfaits hebdomadaires ont été calculés,
allant d'environ 1700 F à près de 5500 F, selon l'autonomie du patient.
L'administration de la chimiothérapie est, quant à elle, rémunérée
en AMI. Un forfait mensuel pour le coordination et la formation
complète enfin la rémunération des prestations des infirmier(e)s.
Les
rémunérations des pharmaciens interviennent sur la délivrance des
produits avec dérogations quant aux conditionnements (morphine…)
et aux produits hospitaliers.
22 décembre
2000
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