Octobre
2000
Dr
Pierre Breban
Réseau dexercice
global Santé-Lens
Président
dIntégrale santé
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"Les
réseaux globaux dexercice sont véritablement
une réponse à la nécessaire structuration collective
des professionnels de santé. " |
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Propos recueillis par
Dominique
Etienne
4 octobre
2000
suite et fin (2/2)
Quel est votre collaboration avec lhôpital ?
Au-delà dune
coordination avec les services hospitaliers volontaires, nous montons
une structure durgences légères libérale. LAgence Régionale
dHospitalisation a libéré des ressources, qui passent par
le budget de lhôpital de Lens. Ceci permet de mettre à disposition
des locaux, du personnel non médical et quelques vacations de personnels
médicaux hospitaliers urgentistes. La CPAM, quant à elle, verse
au réseau un forfait, par adhérent et par an, au titre de la rémunération
de lactivité durgences.
Lobjectif est
détablir un compagnonage entre médecins de ville volontaires
et urgentistes (hospitaliers mais aussi libéraux) pour permettre
aux libéraux de reprendre leur place dans la gestion des urgences,
dans un cadre sécurisé et en bénéficiant de lapport de ceux
qui en ont fait leur quotidien. Dans notre région, la réponse à
lurgence nest pas gérée de manière optimale. Les patients
ont lhabitude de se rendre directement aux urgences de lhôpital,
qui ne peuvent répondre à cet afflux. Ceci permettra dalléger
les structures hospitalières en leur réservant les urgences plus
lourdes, en rapport avec leurs compétences et leur équipement. Les
urgences de lhôpital adresseront à la structure durgence
légère de ville les patients pouvant être pris en charge à ce niveau.
Si les patients se rendent directement à la structure de ville,
celle-ci pourra également les réadresser à lhôpital, si besoin
est. Il faut souligner que cette structure est bien sûr ouverte
à tous et pas uniquement aux membres du réseau.
Vous
avez les groupes Médéric et Prévéa comme partenaires : quel
est leur rôle dans le réseau ?
Médéric apporte toute
laide nécessaire pour permettre au réseau de fonctionner,
en terme de consulting et doutil informatique. Prévéa a une
action de support sur le terrain. Avec Intégrale santé, ils financent,
à part égale, lévaluation qui sera réalisée par le Cresge.
Nous souhaitons que dautres organismes en particuliers des
organismes complémentaire santé, puissent sintégrer secondairement
au projet.
Lexpérimentation
est autorisée par le Ministère pour une durée de 3 ans. Actuellement,
où en êtes-vous et quel est votre calendrier pour les mois qui viennent ?
Intégrale santé compte
aujourdhui 70 professionnels de santé adhérents.
Au
cours des années qui viennent de sécouler nous ne voulions
pas faire adhérer les professionnels sans avoir lassurance
que le projet pourrait être lancé. Aujourdhui, nous allons
réaliser des réunions dinformation plus précises avec les
professionnels de santé.
Sagissant
dun réseau ouvert, il importe que tous les professionnels
du secteur soient correctement informés de cette expérimentation
afin quils puissent décider dadhérer par consentement
éclairé.
A
partir du 1er janvier 2001, le réseau démarrera dans
sa phase dite « évaluable ».
De manière
générale, comment envisagez-vous
lavenir des réseaux de soins ?
Le
terme réseau recouvre actuellement de multiples réalités. Je pense
que les réseaux qui fonctionneront effectivement sont ceux qui ne
découpent pas les patients en « rondelles », qui ne privilégient
pas une pathologie donnée ou une population donnée, mais qui structurent
les professionnels autour de lensemble des patients, à partir
des besoins de ceux-ci.
Cette
structuration doit être basée sur une approche de type « entreprise
de santé » seule garante de sa pérennité, le bénévolat reposant
souvent sur trop peu de volontaires.
La
médecine actuelle fonctionne encore trop comme de lartisanat.
Les compétences des professionnels sont indiscutables et reconnues :
lintérêt des réseaux globaux est de pouvoir leur apporter
les moyens dune meilleure performance. Les réseaux globaux
dexercice sont véritablement une réponse à la nécessaire structuration
collective des professionnels de santé.
Ils
fourniront également des données dévaluation pour les décideurs,
sur les besoins de santé des populations, sur les leviers utilisés
pour optimiser les soins et les coûts qui leur correspondent, sur
lévolution de la rémunération des professionnels.
Ceci
pourra éventuellement servir à définir les contours dun panier
de soins dépendant de la solidarité nationale.
Nous
espérons que dautres réseaux dexercice global seront
agréés : ceci permettra de comparer les résultats des évaluations
et den tirer le meilleur enseignement.
Comment est né le projet de Fédération des réseaux annoncé
en mars dernier ?
Mon
expérience au sein du SNMG, puis le travail sur Lens ma permis
de rencontrer de nombreux promoteurs de réseaux : le bilan
est que monter un projet de réseau de soins constitue un véritable
parcours du combattant. Le gros défaut des ordonnances de 1996 est
de ne pas avoir prévu de financement pour la phase de conceptualisation
et de mise en place des projets de réseaux. La question est de trouver
une structure sur laquelle les projets peuvent sappuyer. La
Coordination nationale
des réseaux est essentiellement fondée sur les réseaux plus
anciens, monopathologie, de précarité, ville-hôpital
. Les
réseaux globaux dexercice ne se retrouvent pas dans cette
structure. Je pense que nous navons pas tout à fait les mêmes
objectifs : le nôtre est de contribuer à créer de véritables
entreprises de santé.
Nous
avons donc décidé avec le Dr Marc Baillargeat (réseau Alphamédica
à Paris) et le Dr René-Pierre Labarierre (réseau Santé 2000 à Annecy)
de mettre en commun nos connaissances et de promouvoir une structure
daide aux réseaux dexercice global.
Où en est cette Fédération
concrètement aujourdhui ?
Lassociation
a été fondée et les statuts déposés au mois de septembre. Nous souhaitons
quelle soit un outil, une source dinformation et de
contacts. Actuellement elle compte les trois réseaux fondateurs
sus-cités. Nous venons de faire réaliser par Andersen Consulting
une étude pour appréhender les besoins des projets en émergence.
On saperçoit que sur le terrain, beaucoup de professionnels
de santé souhaitent participer à ce type de projet : mais ils
nont ni le temps, ni les financements, ni les compétences
pour monter les dossiers ad hoc.
Cest
le rôle de la Fédération des Réseaux de Santé de les aider à trouver
des solutions.
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