Propos recueillis
par Dominique
Etienne
15 mars 2001
Suite et fin (2/2)
Quels sont les services actuellement
apportés par la CNR à vos adhérents ?
La
CNR est une émanation de réseaux : elle est constituée par
des membres de réseaux. Nous comptons actuellement 140 adhérents,
et sommes en contact avec 300 réseaux au total.
Le mandat
qui a été confié à la CNR il y a 2 ans comprend notamment :
-
le
projet d’intranet des réseaux en cours avec France Télécom,
-
la
diffusion de l’information,
-
la
représentation de la position des réseaux auprès des institutions,
-
l’aide
méthodologique,
-
l’organisation
du congrès national qui permet aux membres des réseaux de
se rencontrer et de confronter leurs expériences,
-
l’organisation
des pôles régionaux : aujourd’hui, 12 régions sont organisées
en France, adhérentes à la CNR.
Nous
verrons si d’autres mandats seront fixés lors du prochain congrès,
mandats débattus de manière tout à fait démocratique.
Quels sont les moyens de la CNR pour
diffuser de l’information ?
L’équipe
est constituée de 2,5 équivalents temps plein, avec beaucoup de
temps de bénévolat. Donc la priorité n’a pas été de développer
une politique très sophistiquée de communication : nous avons
mis en place le site Internet car il nous semblait être le
moyen le plus souple de diffuser de l’information. Je m’occupe
moi-même d’un journal d’information interne aux adhérents tous
les 15 jours ou toutes les 3 semaines. Nous invitons les personnes
à poser leurs questions de manière la plus systématique possible
via le site, puis nous essayons de répondre à toutes celles-ci.
Une importante partie de mon temps est passée à rechercher des
financements publics, seule source de financement, outre les cotisations
de nos adhérents, qui ne sont que de 500 Francs par an et par
réseau. Nos moyens demeurent insuffisants compte-tenu de l’importance
de notre mission.
Quels seront les grands thèmes du 3ème
congrès national des réseaux ?
Le
thème de cette année (le congrès est bi-annuel) sera « Du
réseau de soins au réseau de santé: une histoire chargée d'avenir
». Nous voulons que ces nouvelles pratiques sanitaires et sociales
soient reconnues comme une véritable innovation en terme de santé
publique en France. Le congrès sera rythmé en plusieurs moment :
un temps où les acteurs se rencontrent et partagent leurs expériences
sous forme d’ateliers et un temps de forums où sont abordés des
thèmes plus politiques, notamment l’informatisation des réseaux.
Quelle est votre ambition pour la CNR ?
Nous
revendiquons notre place dans la réflexion sur la réforme du système
de santé, notamment celle de l’offre de soins. Nous sommes prêts
à participer à des expériences de dérogation du système de paiement
à l’acte, dans le cadre des pathologies lourdes, ou des soins
palliatifs. Dans le cadre de la mise en place du maintien à domicile
pour la gérontologie, nous sommes tout à fait prêts à travailler
sur une nouvelle rémunération des professionnels dans ce genre
de projets.
Enfin,
nous souhaitons activement participer au travail sur la qualité
des soins : que veut dire l’amélioration de « la qualité
des soins », au cœur de la mission dernièrement constituée
près du gouvernement ? La définition qui en est donnée actuellement
est que les professionnels appliquent mieux les recommandations
de bonne pratique (en terme de soins et d’éducation). Pour nous
il manque une dimension essentielle : comment le professionnel
adapte-t-il ces recommandations de bonnes pratiques en fonction
de la personne qu’il a en face de lui ? Si cet aspect est
négligé, les recommandations sont des vœux pieux ou sont non opérationnelles.
Le réseau est un lieu privilégié où peut avoir lieu ce travail
d’adaptation puisqu’il existe une collaboration pluri professionnel.
Car en dernière instance, l’objectif de la qualité des soins,
est bien que le patient suive les recommandations qu’on lui donne
et soit ainsi acteur de sa santé.
Par
rapport aux choix du gouvernement, nous sommes ainsi dans une
position d’attente. Le problème est que nous ne sommes pas représentatifs,
au sens de la loi, comme les syndicats médicaux, qui eux, quand
ils sont consultés, défendent des intérêts corporatistes. Nous
sommes sollicités dans des groupes d’experts, ou dans le cadre
de la place de la santé dans la politique de la ville, mais dès
lors qu’il s’agit de mettre en œuvre des réformes, nos expériences
concrètes sont complètement occultées.
Avez-vous quant à vous une activité en
réseau ?
Médecin
généraliste, je suis pour ainsi dire « né » dans un
réseau. Je travaille sur deux réseaux au niveaux de la cité
des Franmoisins à Saint-Denis : un réseau ville-hôpital sida-toxicomanie
et un réseau d’accès aux soins des populations défavorisées et
en situation de précarité. Il y a 7-8 réseaux sur Saint Denis
et nous organisons actuellement un projet interprofessionnel avec
en support une maison de la santé.
Que pensez-vous de la place de l’informatique
et d’Internet dans le système de santé français ?
Je
pense qu’elle est fondamentale, en particulier du point de vue
des patients. Je pense qu’il est très important (c’est l’un des
aspects de notre projet avec France Télécom) que la population
puisse poser des questions à des professionnels de santé de proximité.