Les
sites santé
survivront-ils à 2001 ?

Mathieu
OZANAM
1er
février 2001
Un
million de dollars, c’est ce qu’a gagné le dernier des seize concurrents
de Survivors, le jeu télévisé qui a fait fureur sur la chaîne CBS
aux Etats-Unis et qui s’exporte partout dans le monde. Le but du
jeu : réussir à vivre en autarcie sur une île au large de Bornéo.
Chaque semaine un conseil de tribu procédait à l’élimination des
candidats par vote.
En
2001 l’Internet de santé en France n’aura rien à envier à ce jeu.
Les sites santé sont très nombreux à s’adresser au public, leur
survie économique est loin d’être assurée au-delà de cette année. Problèmes
de trésorerie, retour sur investissement à une échéance indéterminée,
retard au démarrage du commerce électronique, les soucis ne manquent
pas et la sélection sera rude. Certains sites envisagent déjà de
fusionner leurs activités. Comme dans Survivors la compétition fera
rage, mais les gagnants ont toutes les chances d’empocher le pactole. La
route sera longue et parsemée d’embûches avant d’atteindre cet eldorado.
Si personne n’a la recette miracle, sept ingrédients sont nécessaires..
Ne
pas tenter de changer les habitudes des gens
Eviter
la complexité
Etre
économe, ne pas dilapider ses capitaux
Ne pas suivre la mode
Cultiver
le talent et l’expertise technologique
Ne pas
compter sur la publicité pour rentabiliser ses investissements
Définir son
domaine de compétence
Ne
pas tenter de changer les habitudes des gens
Personne
n’aime changer ses habitudes du jour au lendemain. La chute vertigineuse
de l’audience de RTL en est l’un des exemples frappants. Bien que
demeurant la radio la plus écoutée de France, deux millions d’auditeurs
boudent à présent la station après l’éviction de la grille de rentrée
des animateurs vedettes. La station qui introduisait à dose homéopathique
des nouveautés dans ses programmes a voulu frapper fort pour rajeunir
son auditorat. Trop fort.
Pour
l’Internet de santé la règle est la même. Les e-pharmacies en fournissent
l’exemple. Outre le contexte juridique et réglementaire, les Français
sont habitués à aller dans leur pharmacie de quartier (Lire e-pharmacie :
un commerce à part). Selon une étude américaine plus de la moitié
des personnes interrogées déclarent qu’elles n’achèteront jamais
un médicament sur le net (Lire e-pharmacies :
mirage du succès). Sans compter les problèmes juridiques, la
demande reste donc faible et les résultats largement insatisfaisants.
Le site de vente de produits de beauté sur le net Vitago est aujourd’hui
en cessation de paiement après l’ouverture de 4 sites en Europe.
Eviter
la complexité
Les
gens détestent les sites denses, compliqués et confus. Cela en fait
des visiteurs frustrés et énervés qui ne reviendront jamais sur
le site. Les parties à accès réservés pour lequel il faut se munir
d’un mot de passe font fuir les internautes. Tant de sites l’imposent,
comment se souvenir d’autant d’identifiants et de codes d’entrée ?
Pour autant certaines données doivent être protégées.
Etre
économe, ne pas dilapider ses capitaux
Parce
qu’une majorité de start-up ont confondu projet industriel et
casino, les investisseurs sont réticents |
Si
jusqu’à présent les jeunes pousses ne rencontraient pas trop de
problèmes pour récolter des fonds, aujourd’hui il n’en va plus
de même. Parce qu’une majorité de start-up ont confondu projet industriel
et casino, les investisseurs sont réticents. Souvenons-nous du
site de produits de beauté et de santé naturels anglais Clickmango
(lire Clickmango
se bat pour ne pas mourir). Après avoir établi un record en
rassemblant 3 millions de livres en une semaine, le site a plié
boutique au bout de 4 mois. Vitago qui avait récolté 300 millions
de francs, somme record, auprès de plusieurs partenaires, l’a suivi
de près (lire VitaGO
: stop !). Mais certains projets sont plus gourmands que
d’autres en capitaux. Le lancement d’une pharmacie en ligne nécessite
des investissements de structure importants incontournables.
Suite
et fin (2/2)   
1er février 2001
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