La
presse s'est faite l'écho depuis le début de l'année 2000 de l'effervescence
qui agite l'Internet médical. Lattention est surtout attirée
par ces jeunes pousses qui lèvent des millions et ne prévoient dhypothétiques
retours sur investissement qu'à une échéance de deux à trois ans.
Mais à côté de ces grands de lInternet médical,
co-existent de petits sites créés par des médecins. Alors que lon
sinterroge sur les implications dInternet dans les relations
patients-médecins de ces sites, quen est-il des sites développés
par les médecins eux-mêmes ?
On a beaucoup glosé
sur les retards des médecins à linformatisation de leur cabinet.
Certains lont vécu comme une contrainte. Dautres sy
sont lancés de bonne grâce, persuadés dêtre gagnant avec les
potentialités quoffre loutil. Les relations avec les
patients sen inévitablement modifiées trouvent modifiées (lire
notre article Le
patient, le médecin et l'Internet). Certains sy résignent,
comme ce médecin participant à un forum sur le Journal International
de médecine et déclarant à propos des nouvelle relations quinduit
Internet: Manifestement,
Internet va changer les rapports entre les médecins et les patients;personnellement, j'ai mis mon adresse e-mail sur mes ordonnances,
et je reçois du courrier électronique avec des petites demandes
de conseils, les patients apprécient que je leur réponde; par ailleurs,
certains patients vérifient sur le Net, l'opportunité d'un traitementprescrit... Il va falloir s'y habituer... Dautres,
encore peu nombreux, se lancent dans laventure.
Leur ralliement progressif
à l'utilisation des nouvelles technologies de linformation
et de la communication pourraient en effet leur donner l'occasion
de réaffirmer leur rôle dans la prise en charge des patients. Les
médecins ont toujours maintenu intacte leur autorité en intégrant
à leur pratique les avancées techniques et technologiques, pourquoi
en serait-il différemment aujourdhui avec Internet ?
Loccasion leur est offerte de reprendre linitiative
et de reconquérir une place de choix qui fait deux des intermédiaires
incontournables. Parmi les pionniers, on trouve des sites de pédiatres,
de gynécologues et de médecins généralistes. Tous ne sadressent
pas au grand public. Ainsi le site « les
urgences et le généraliste » destiné à faire partager
son expérience des urgences. Son auteur, Philippe Michel, prévient
« Je ne veux pas mettre à la porte les non professionnels
mais qu'ils sachent que toutes les affirmations, tous les conseils
donnés ici sont uniquement le fruit de mon expérience personnelle,
( ). Je suis donc réservé sur l'usage que peuvent en faire
les personnes qui ne sont pas dans le bain ».
Malgré les sollicitations
dont ils peuvent faire lobjet, les médecins se refusent par
déontologie à consulter par voie électronique. Le docteur Xavier
Dumont, médecin généraliste à Bondues, près de Lille, a ainsi reçu
des questions dun internaute de Géorgie (en ex-URSS), au sujet
de ses problèmes de prostate, et une demande davis médical
dune personne atteinte de polyarthrite rhumatoide. En revanche
il est possible dimaginer quun patient soit suivi par
son médecin attitré à distance, quil parte à létranger
ou quil reste cloué dans son lit. Cest aussi une façon
de mieux gérer la partie administrative de la relation avec le patient.
Finis les coups de téléphone intempestifs pendant sa consultation,
le praticien relève son courrier électronique quand il le veut.
Restera à voir la question de la rémunération du service rendu.
Enfin, face à l'abondance de l'offre en santé sur la Toile, le patient
a besoin d'être accompagné.
Internet offre la possibilité au médecin de redevenir un médiateur.
Le docteur Luc Fouché joue par exemple la complémentarité avec son
site
pour les Patients. Il lui arrive par exemple de conseiller les
pages (très pédagogiques soit dit en passant) sur les régimes quil
a rédigées.
Le Conseil de l'Ordre
des Médecins, faisant le constat que la question nétait plus
de savoir si lexercice de la médecine en ligne devait être
permise ou non, a choisi den prendre acte et d'accompagner
le mouvement en publiant un annuaire.
L'ensemble des coordonnées des médecins exerçant en France sont
donc aujourdhui en libre accès sur son site. Ainsi chaque
internaute peut aller s'assurer des compétences des médecins dont
les titres pourraient se révéler farfelus ou usurpés.
Les extensions de noms de domaine permettent également de savoir
sur quel type de sites linternautes pénètre. Le Conseil de
l'Ordre mène actuellement une réflexion sur le sujet.