Il
existe également des différences notables entre le WAP et l’i-mode,
du point de vue de la stratégie commerciale mise en oeuvre
par NTT DoCoMo : l’offre a dès le départ fait la part belle
aux jeunes (téléchargement de sonneries, de messages et de fonds
d’écran), et la tarification adoptée , volontairement modique, s’est
inspirée de la tarification "kiosque" historique du Minitel,
avec un reversement de 90 % des produits aux éditeurs. Mais
le marché japonais est lui-même marqué par des différences sensibles
avec le marché européen : les Japonais sont traditionnellement
plus gros consommateurs de nouvelles technologies et, notamment,
d’appareils électroniques, ce qui a facilité la transformation du
parc de mobiles en appareils compatibles GPRS, avec de grands écrans
en couleurs et qui constituent aujourd’hui l’entrée de gamme les
appareils offerts avec un abonnement sur l’offre de mobiles. L’écriture
japonaise elle-même est mieux adaptée aux petits écrans que les
langues occidentales, un seul caractère peut représenter un mot,
il n’y a pas d’espaces entre les mots, et les phrases peuvent être
coupées en tout endroit sans perte de lisibilité.
L’I-mode
en France : facteurs-clé de succès et risques
En adoptant à la
fois la technologie et l’approche commerciale de son partenaire NTT
DoCoMo, Bouygues Telecom espère conjurer le mauvais sort fait au WAP.
Même si les différences culturelles entre les consommateurs européens
et japonais persistent et, en premier lieu, l’alphabet, l’i-mode à
la française sera d’emblée paré des atouts qui font son succès au
Japon et en Allemagne :
Utilisation
de terminaux mieux adaptés, qui sortent conjointement au bouquet
de service en cette fin d’année ;
Logique de
tarification privilégiant les éditeurs et favorisant de ce fait
le développement d’une offre variée et abondante ;
Langage de
programmation proche du html facilitant son appropriation par
les jeunes et favorisant l’effet communautaire.
Par
ailleurs, si l’année 2000 a été marquée par la déconfiture des opérateurs
sur le WAP, un autre phénomène , lui aussi totalement inattendu,
a fait leurs délices depuis, l’engouement spectaculaire et croissant
des abonnés, notamment les plus jeunes, pour les SMS. Or, on l’a
vu, l’i-mode va beaucoup apporter dans ce domaine et les MMS pourraient
bien être à l’internet mobile ce que l’email est à l’Internet :
un puissant catalyseur, en même temps qu’un moyen rapide de rentabiliser
des investissements somme toute modiques, pour l’opérateur.
En
revanche, le prix encore dissuasif des nouveaux mobiles compatibles
qui font leur apparition chez les revendeurs, et l’arrivée prochaine,
en 2005, de l’UMTS, Internet mobile de troisième génération, beaucoup
plus puissant, pourraient dissuader les Français de passer par la
case i-mode. A moins qu’ils n’optent pour la concurrence prochaine
du SmartPhone d’Orange, sorte d’hybride entre un PDA et un téléphone
mobile, qui permet également l’accès à Internet et l’envoi des
MMS.
Mais
le principal écueil que pourrait rencontrer Bouygues Telecom pour
imposer l’i-mode comme standard intermédiaire d’Internet mobile
reste son parc très minoritaire, à peine 20 % du marché total
des mobiles.
Le
bouquet de services I-Mode
Les
services proposés dès le lancement de l’offre de Bouygues
Telecom le 15 novembre s’inspirent directement de l’analyse
des succès rencontrés par NTT DoCoMo au japon parmi les 40
000 sites répertoriés :
Priorité
à l’information, avec la présence dès le départ des quotidiens
Le Monde
et Le Parisien,
et, dans le domaine Santé, de Doctissimo ;
Services
de téléchargement de logos et sonneries pour mobiles ;
Jeux
et petites annonces.
Ce
sont 50 à 70 éditeurs qui ont satisfait aux critères d’ergonomie,
de fréguence de mise à jour et de bénéfice client imposés
par l’opérateur qui composeront l’offre initiale du bouquet
de services.