Qui
se souvient des débuts d'Internet ? A cette époque
on s'extasiait devant la plus grande bibliothèque du monde,
on vantait ce vaste espace de liberté, d'où l'argent
était banni. Bien sûr les sites n'étaient pas
aussi nombreux qu'aujourd'hui et ils avaient un aspect amateur à
l'esthétisme hésitant. Mais devant tant de bonne volonté,
on se montrait indulgents face aux approximations. L'assurance maladie
nous offre la chance de nous replonger dans cette époque
bénie.
Eclectisme
et esprit pionnier
Tout
le monde connaît les exercices
de style de Raymond Queneau. 98 versions de la même histoire
: un homme marche sur les pieds d'un autre dans un autobus, plus
tard dans la journée il le recroise devant la gare Saint
Lazare. Histoire banale et prétexte à une démonstration
des prouesses littéraires de l'auteur. C'est le même
sentiment qui prévaut lorsque l'on visite les différents
sites de l'assurance maladie. Les mêmes missions, les mêmes
publics et pourtant, l'internaute découvre une myriade de
sites.
En plus du public habituel (assurés sociaux, professionnels
de santé et employeurs), certaines caisses locales choisissent
de s'adresser aux mairies et aux écoles (voir
le site de la CPAM de Privas). D'autres au contraire ignorent
le grand public pour se concentrer exclusivement sur les professionnels
de santé (voir
le site de la CPAM de Saint Etienne). Quant au graphisme, c'est
comme pour la Samaritaine, on trouve de tout. Sites bricolos, texte
brut, textes qui se chevauchent, images floues, couleurs improbables,
voire ambiance
psychédélique, il y en a vraiment pour tous les
goûts. Les caisses de bord de mer ont par exemple tenu à
faire partager leur goût du large par l'ajout de touches personnelles.
Flots ondoyants à Boulogne,
menhirs et mouette en vol pour le Morbihan,
phare et poisson bondissant hors de l'eau à la Rochelle.
Mais on trouve aussi des sites impeccables, esthétiques et
riches d'informations. Parmi celles-ci la CPAM
de la Dordogne, celle de Paris
ou encore la caisse
du Mans. Il est vrai qu'il s'agit presque d'une obligation de
résultat pour cette dernière dont la ville accueille également le
GIE SESAM Vitale. On imagine le décalage qui existerait entre
le discours enjoignant les professionnels de santé à
s'informatiser et à télétransmettre pendant
que la CPAM n'aurait pas de site, ou pas digne de ce nom.
Une
mosaïque de sites
Encore
faut-il souligner qu'ils ont le mérite d'exister, sans avoir
eu de ligne directrice en appui. Sur 22 URCAM 13 ont ouvert un site,
et sur 129 Caisses primaires, seules 52 ont franchi le pas, le site
de 7 d'entre elles étant en sommeil. " Heureusement
la liste rétrécit très rapidement " précise
Gérard Bieth webmestre pendant ses loisirs de l'excellentissime
annuaire-sécu.
Délégué aux NTIC de la CPAM d'Annecy et fin
observateur des site santé, il précise : " plutôt
que de classer mes signets, j'ai choisi d'en faire profiter les
autres en créant un site ".
En
effet, s'il est exact de dire que toutes les CPAM ne bénéficient
pas des mêmes moyens financiers et qu'en conséquence
toutes ne peuvent fournir le même effort, ce facteur n'est
pas rédhibitoire en soi. Un site peut vivre modestement et
proposer de vrais services. Ces caisses font la démarche
de s'ouvrir, en proposant un plan d'accès, des numéros
de téléphone, les coordonnées des services
ou des agents
s'occupant de vos dossiers. C'est surtout une question de culture.
Ce n'est sans doute consciente de ce fait que la CNAMTS a fait appel
à Sandrine Legrand-Diez ancienne d'Atmedica. Pour elle l'extrême
diversité des sites s'explique par l'absence de cadres. C'est
pour cette raison qu'une cellule d'appui et de conseil, " la
webagency des caisses ", a été créée.
" En fait la plupart des caisses attendaient un signal de la
part de la CNAMTS " explique Sandrine Legrand-Diez.. A la CNAMTS
on se défend de vouloir contraindre les caisses locales à
homogénéiser leur charte graphique, on préfère
parler d'incitation, d'invitation, en espérant générer
un effet d'entraînement. A terme cela pourrait aboutir dans
l'esprit à ce que la Caisse
Nationale d'Allocation Familiale a mis en uvre avec les
CAF locales. A partir de cette adresse, on glisse sur les sites
locaux s'en même s'en apercevoir, la présentation étant
strictement la même, que les caisses possèdent un site
ou non.
Une
logique de regroupement
Cette
tendance à s'organiser est perceptible dans le mouvement
de création de portails. La CNAMTS pilote le projet commun
à la MSA et à la CANAM, mais aucun contenu mutualisé
n'est prévu. Il s'agira uniquement d'un portail d'orientation
à l'image de sante.fr (lire notre article à ce sujet
Le
Net plus ultra de la sante.fr). L'adresse ne sera pas securite-sociale.fr,
elle appartient au ministère (le site devrait d'ailleurs
très prochainement ouvrir, l'accès est pour l'instant
réglementé par un identifiant et un mot de passe).
Ce sera donc assurance-maladie,
qui est aujourd'hui l'adresse du portail des URCAM, lequel propose
une carte de France interactive réorientant vers chaque région.
Plus originaux : les regroupements. Cela donne la
Santé en Bretagne réunissant l'URCAM, la CRAM
et le Service médical et Clicsecu
avec la mutualisation de contenu pour les caisses d'Agen, de Pau
et de Tarbes.
La " phase de consolidation " ne concerne pas que le secteur
privé, elle a aussi commencé pour les sites l'assurance
maladie. Premier signe visible dans un mois : la normalisation des
adresses. Fini les perso.fournisseur/cpam. Le groupe national Internet
de la CNAMTS a décidé fin février 2001 d'étendre
les accès Internet par le réseau RAMAGE dans les caisses,
ce qui leur permettra de ne plus avoir à traiter avec des
fournisseurs d'accès individuels.
Si
globalement les sites de l'assurance maladie ne brillent pas par
leur originalité, il faut admettre que certains organismes
savent utiliser l'outil, par exemple en mettant en ligne les listes
des médecins référents et de ceux qui télétransmettent.
Mais le chantier à venir c'est la mise en uvre de services
pratiques en ligne tel que la consultation des dix derniers remboursements,
disponible aujourd'hui par téléphone, ou encore les
téléprocédures telles que les déclarations
d'accident du travail, à l'horizon 2002
Cinq
sites qui sortent du lot
CPAM
de la Dordogne
" La modernité au service des Périgordins
". esthétique et précis : " première
idée fausse à faire disparaître : la Sécurité
Sociale n'est pas une administration publique ! "
Clicsecu
Les CPAM d'Agen, Pau et Tarbes proposent un site commun. Plutôt
inédit pour des CPAM : les jeux test.
Êtes-vous accro au tabac? Analyse de votre profil cardio-vasculaire
Etes-vous astigmate ?
L'annuaire
Sécu
Le site non officiel de l'assurance maladie réalisé
par Gérard Bieth délégué aux NTIC
de la CPAM d'Annecy et webmestre à ses heures perdues.
Fruit d'un véritable travail de bénédictin,
tous les sites ayant trait à la santé et Internet.
5 300 visiteurs chaque mois et 15 000 pages consultées
: un succès grandissant grâce au bouche-à-oreille.
CPAM
de la Sarthe
Un site au graphisme agréable. Informations claires.
Possibilité de commander des brochures d'information
en ligne.