Quelle efficacité médicale
pour
le web ?
© Alix / Phanie
Hervé
Nabarette
20 septembre
2001
En
matière d’effet médical du web, toutes les hypothèses sont possibles,
et les auteurs renvoient souvent à des travaux empiriques à venir.
Dans sa version du mois de juillet 2001, le Journal
of Internal Medicine rend compte d’un "essai clinique contrôlé
et randomisé". L’étude porte sur le système d’aide en ligne
CHESS (Comprehensive
Health Enhancement Support System). Les financeurs de l’étude sont
le National Institute of Child Health
and Human Developpment et le National
Cancer Institute.
Un
classique de la littérature médicale contre un système d’aide en ligne.
CHESS a
été développé par l’université de Visconsin-Madison.
Le système contient des centaines de FAQ, des modules d’aide à la
prise de décision (notamment sur les différents traitements
possibles), des groupes de discussion... Potentiellement, ce type
d’applications accroît l’accès à l’information, la participation
du patient dans la prise en charge, et le soutien entre malades (Voir
notre article sur les
communautés de patients en ligne).
Le
Dr David H. Gustafson et ses collègues ont inclus 246 patientes
de moins de 60 ans ayant eu récemment un diagnostic de cancer
du sein. Les patientes étaient réparties au hasard entre le bras
CHESS et le bras traitement de référence. Pour ce dernier, on donnait
aux patientes le
livre Breast Book du Docteur Susan Love, qui est un classique
grand public sur les soins en matière de poitrine et sur le cancer
du sein, un ouvrage loué par la très sérieuse American Medical Asssociation.
Les patientes sont suivies pendant 6 mois. Les femmes du bras CHESS
utilisent le système d’aide à domicile. Elles se connectent six
fois par semaine, 13 minutes en moyenne par cession.
Deux
mois après le début de l’essai, les patientes du bras CHESS enregistrent
6 points de mieux concernant le jugement sur leur participation
aux soins, 6 points de plus en matière de confiance dans le médecin
traitant, et 5 points en matière d’auto évaluation de la capacité
à gérer l’information. Trois mois plus tard, les indices de satisfaction
sont toujours supérieurs, mais la différence avec le bras traitement
de référence est de moindre ampleur.
Un
réel bénéfice
Les
auteurs concluent que l’application apporte un bénéfice. Il est
possible que celui-ci soit décroissant avec le temps. Toutefois,
si on garde à l’esprit la souffrance et les incertitudes des patientes
lors du diagnostic et du traitement, on peut considérer que CHESS
aide les patientes au moment où elles en ont le plus besoin.
Il
apparaît aussi que CHESS bénéficie aux femmes des minorités plus
qu’aux femmes blanches, à la fois pour répondre à des besoins non
satisfaits, et pour accroître la participation aux soins. L’étude
enregistre aussi un apport plus important pour les personnes non
assurées et peu éduquées. Lutter contre la fracture digitale est
important. Le niveau d’accès des personnes défavorisées aux ressources
sociales et de santé est traditionnellement faible : les ordinateurs
pourraient en partie compenser cette faiblesse.
Ce
type d’études devrait se multiplier dans les années à venir. Au-delà
de l’analyse de la satisfaction ou de variables "psychologiques",
certaines d’entre elles essaieront de mesurer des résultats de santé.
Elles seront certainement plus pertinentes lorsqu’elles aborderont
les effets de programmes de prévention ou de suivi des maladies
chroniques. Elles pourront alors intégrer l’utilisation par les
patients d’outils de gestion des données personnelles. Elles n’opposeront
pas toujours le web au monde physique, mais pourront évaluer des
programmes qui articulent les deux.
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20
septembre 2001
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