Prédisposition
génétique
du cancer du sein :
l’Institut Curie part en guerre
Par
la rédaction de
6
novembre 2002
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Une
opposition grandissante
Rapidement,
le Ministre de la Recherche, celui de la Santé, et d’autres laboratoires
utilisateurs dont l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP)
et l’institut Gustave Roussy soutiennent cette démarche. Début octobre
2001, le Parlement Européen annonce dans une résolution
son appui à la démarche française, "considérant que la délivrance
de brevets similaires par l'OEB risquerait de créer, à l'intérieur
de l'Union européenne également, un monopole de cette firme, qui
pourrait sérieusement entraver, voire empêcher la poursuite de l'utilisation
de tests existants, plus économiques et plus efficaces, sur les
gènes du cancer du sein BRC A1 et BRC A2 ; considérant que
cette démarche risquerait de causer un préjudice inacceptable aux
femmes concernées et de peser sur les finances des services de santé
publique et pourrait en outre constituer un sérieux obstacle au
développement et à la recherche en matière de nouvelles méthodes
de diagnostic". les parlementaires s’associent "aux instances
qui, comme l'Institut Curie, prévoient d'opposer des objections
à la délivrance de ces brevets".
L’Office
européen des brevets (OEB) n’en délivre pas moins un troisième brevet
à Myriad Genetics, le 28 novembre 2001, pour le gène BRCA1 et la
protéine correspondante pour des applications qui n’existent pas
encore (thérapie génique, criblage de médicaments, fabrication de
protéines, animal transgénique…) et des kits diagnostiques.
Le
22 février 2002, l’Institut Curie, l’Assistance Publique–Hôpitaux
de Paris et l’Institut Gustave-Roussy, soutenus par la Fédération
Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer et la Fédération
Hospitalière de France, déposent une opposition au brevet déposé
le 23 mai 2001 par Myriad Genetics. L’opposition devient européenne
et non plus seulement franco-française avec le dépôt d’une opposition
par les ministères belges de la Santé, des Affaires sociales et
de la Recherche scientifique, le ministère de la Santé hollandais,
les centres belges et hollandais de génétique humaine, ainsi que
la Ligue allemande contre le cancer et Greenpeace Allemagne.
Aux
Etats-Unis, Myriad Genetics continue à avancer ses pions. La société
de biotechnologie lance le 12 septembre 2002 une grande campagne
de communication d’une durée de 5 mois dans la presse, sur les ondes
et à la télévision, notamment dans les émissions d’Oprah Winfrey
et la série Urgences. Destinée au grand public, elle insiste sur
la nécessité pour les femmes ayant des antécédents familiaux de
cancer du sein ou des ovaires de se faire dépister à l’aide du test
de prédisposition que les patientes doivent demander à leur médecin.
Opposition
au 3ème brevet de Myriad Genetics
Le
27 août 2002, les 3 co-opposants déposent un nouveau mémoire d’opposition.
La Société belge de génétique humaine prenant la tête d’un collectif,
réunissant les centres belges et hollandais de génétique humaine,
les sociétés de génétique allemande, danoise, tchèque, suisse, autrichienne,
italienne, finlandaise et britannique, le centre national de la
recherche scientifique grec, l’institut suisse pour la recherche
appliquée sur le cancer, ainsi que deux associations de patients
(Belgique et Hollande). Les ministères de la Santé hollandais et
autrichien le Parti social démocrate suisse, Greenpeance Allemagne
et le Dr Wihelms (Allemagne) déposent également un dossier d’opposition
à ce 3e brevet, relève l’Institut Curie (lire le communiqué de presse).
"La
mobilisation européenne, née fin 2001, est désormais importante
et structurée" souligne l’Institut Curie. Sans augurer des
résultats des oppositions, on peut déjà constater que des personnalités
du monde scientifique et politique s’interrogent aux Etats-Unis
sur les risques que font porter ces brevets à la santé publique.
Un projet de loi a été soumis au Congrès en mars 2002 afin d’exclure
les tests génétiques du champ des brevets. Affaire à suivre…
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