Nobel
d'économie et asymétries d'information en santé
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Mettre en place des études d'impact sur le médicament
Le
système qui se mettra en place comportera deux volets :
- avant la
mise sur le marché : une analyse d'impact de santé
publique du produit (de la même façon que la construction
d'une autoroute ou d'une usine requiert une étude d'impact
environnemental, avec un volet sanitaire)
- après
la mise sur le marché : observation des prescriptions,
de l'efficacité, des effets secondaires
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critères seront mobilisés :
- mortalité
évitable/évitée
- morbidité
évitable/évité
- impact sur
le système de santé envisagé/constaté
En
fonction des résultats obtenus par les études d'impact,
les conditions de prescription et de prix pourront être modifiées.
Une révolution conceptuelle ?
L'
"intérêt de santé publique" d'un produit
représente-t-il une révolution conceptuelle ?
En réponse à une remarque d'Emile Lévy, professeur
d'économie de la santé à l'Université
de Paris-Dauphine, le Directeur Général de la Santé
a reconnu que l'approche de l'efficacité en pratique réelle
(l'"effectiveness", par rapport à la simple "efficacy",
l'efficacité biologique) était familière à
la discipline économique qui s'efforce par exemple de mener
des analyses "systémiques", ou d'intégrer
des "externalités". Mais jusqu'à présent,
les méthodologies des économistes n'intervenaient
pas dans les analyses du Service Médical Rendu.
Robert
Launois, Professeur à l'Université Paris Nord - Bobigny
s'adressant à Lucien Abenhaim, a demandé si la tutelle
donnerait des recommandations méthodologiques pour le suivi
du médicament après sa mise sur le marché ?
Pour ce dernier, les études post AMM obéissent plus
à une logique d'information que de démonstration,
et les problèmes méthodologiques devraient par conséquent
ne pas être trop importants.
Les
représentants des laboratoires présents se sont interrogés
: peuvent-ils être tenus responsables de la mauvaise utilisant
d'un produit qu'ils mettent à la disposition des médecins
et des malades ? Lucien Abenhaim a alors retourné la
question : faut-il dépenser tant d'argent si l'efficacité
réelle est faible ? Des études d'impact pourraient
cependant déboucher sur des actions éducatives.
Ces
études d'impact seront financées par les laboratoires
et par les acheteurs des médicaments, et les payeurs qui
en remboursent une partie, par conséquent de façon
indirecte par la collectivité. Rien ne s'oppose à
ce que l'industrie pharmaceutique se charge de la mise en uvre
de ces études, puisqu'un cadre clair et rigoureux sera établi.
Concrètement
un accord cadre sera conclu entre le Comité Economique et
le SNIP. les modalités d'établissement des conventions
passées entre le Comité Economique et les laboratoires
pour la mise en place des études d'impact seront formalisées.
De telles conventions font déjà l'objet de négociations
avec certains laboratoires. On peut s'attendre à ce que chaque
année, une dizaine de médicaments, nouveaux ou soumis
à réévaluation, dont le prix est élevé
ou qui sont largement prescrits entreront dans ce cadre.
L'association
CREES
L'association
CREES regroupe des professionnels et des universitaires travaillant
dans le domaine de l'économie de la santé. Elle
est un lieu de discussion entre pharmaco-économistes
de l'industrie, de l'université et de l'administration.
Elle
a organisé sa première rencontre le 15 juin,
dans la Salle des Actes de la Faculté de Pharmacie
de l'Observatoire (Paris V). La question sous-jacente à
la plupart des exposés de cette première journée
était : les études médico économiques
servent-elles à quelques chose ?
Parmi
les intervenants :
E.
Abadie, membre de l'Agence européenne du médicament
a expliqué le fonctionnement de l'agence. Pour délivrer
ses avis, elle se fonde sur le triptyque qualité sécurité
efficacité et ne fait pas entrer en ligne de compte
de considérations économiques.
Pierre-Jean
Lancry, responsable de la gestion du risque à la CNAM,
a donné des exemples d'utilisation des études
économiques par la tutelle : celle-ci a utilisé
des modèles portant sur l'impact du vieillissement
sur les dépenses de santé, sur la Couverture
Mutuelle Universelle, sur les conséquences des revalorisations
tarifaires
Robert
Launois : Dans un contexte de pénurie de données,
les modèles sont des outils méthodologiques
précieux. Mais la tutelle n'est pas toujours suffisamment
dotée en expertise médico-économique
pour les recevoir, contrairement au NICE (The National Institute
for Clinical Excellence), l'organisme d'expertise clinique
et médico-économique du NHS qui fournit par
ailleurs au grand public et aux professionnels des informations
sur les bonnes pratiques, dans le domaine du médicament,
des techniques diagnostiques, des stratégies médicales
Gérard
de Pouvourville a présenté l'Observatoire du
médicament, son rôle et ses missions. Il a expliqué
que l'Observatoire travaillait sur des recommandations (inspirées
de l'Association d'Epidémiologie de Langue Française,
ADELF) pour l'élaboration des protocoles d'essais cliniques.
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19
novembre 2001
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