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Nobel d'économie et asymétries d'information en santé

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Une notion qui doit être utilisée en référence au système de santé

Si l'asymétrie d'information marque la relation entre médecin et patient, ceci ne veut heureusement pas dire que le premier en tire systématiquement profit sans considération de l'intérêt du patient. En effet, la "fonction d'utilité" du médecin intègre le bien-être du patient. A côté des variables : "revenus" (à maximiser), "notoriété" (à maximiser), "efforts" (à minimiser), les auteurs ajoutent le paramètre "déontologie" qui indique le souci que le médecin a de faire au mieux pour son patient. En réalité, tout dépend du système d'incitation.
Dans le contexte assurantiel américain, les payeurs incitent parfois les médecins à restreindre les soins, par exemple en les intéressant aux bénéfices de l'entreprise, ou en faisant peser certaines contraintes sur leur exercice. Les médecins risquent alors de ne pas apporter tous les soins souhaitables, ce qui est possible du fait que les patients sont sous-informés (sur le système de santé, les maladies, les soins…).
Les assurances ont ainsi longtemps demandé aux médecins de garder cachées les règles d'interdiction qui entouraient l'adressage à un spécialiste. Dès que le patient est informé de ces règles (dès que l'asymétrie d'information est levée), il peut se demander, dans certains cas, si l'absence d'adressage n'obéit pas à des motifs plus économiques que médicaux.

Dans un système de paiement à l'acte, les praticiens ont plutôt intérêt à surproduire. Une alliance tacite unit le praticien et le patient contre l'assureur (prescription abusive de cures par exemple…). Sauf que la surconsommation qui en découle peut être irrationnelle voire néfaste pour le patient, si le praticien présente comme nécessaires des soins qui ne le sont pas, en profitant de la mauvaise évaluation de la situation par le patient. En France, les syndicats de chirurgiens-dentistes reconnaissent eux-mêmes que le système de prix pousse à privilégier les soins prothétiques au dépend des soins conservateurs. Pour les politiques de santé, l'enjeu consiste à trouver les mécanismes aidant les professionnels de santé à être vertueux.

Ensuite, le rétablissement de la symétrie d'information ne diminue pas le rôle du médecin. La connaissance est plus importante que l'information. Ainsi, les informations trouvées par les patients seront souvent d'un faible apport car ils ne sauront pas les mettre en perspective. L'"information" ne peut se substituer aux années d'étude et à la pratique. Finalement, être médecin consiste moins à bénéficier d'une asymétrie d'information, qu'à être capable de jouer un rôle de consultant averti et expérimenté. Reste que parfois, les patients connaissent bien leur maladie (malades chroniques) et sont alors capables d'exploiter efficacement l'information qu'ils obtiennent. Parfois aussi, l'information a une forte valeur en soi : existence d'une consultation spécialisée dans une maladie rare…

Asymétrie d'information et systèmes d'information

Dans de nombreux cas, l'agent qui souffre d'un déficit informationnel n'apporte pas une réponse "informationnelle" à son problème (en mettant au point des systèmes de contrôle, de production de l'information, en faisant révéler leurs caractéristiques par les agents). Ainsi, aux Etats-Unis, les assurances en concurrence ne cherchent pas à évaluer finement le risque de chaque groupe et à élaborer des tarifications complexes adaptées aux risques. Ce serait trop coûteux. A la tarification différentielle des risques, elles préfèrent la sélection différentielles des risques : elles refusent de couvrir ou dissuadent des personnes ou des groupes soupçonnés de présenter un risque élevé.

Enfin, on ne peut réfléchir à l'asymétrie d'information sans considérer les systèmes d'information, notamment ceux qui cherchent à suivre l'activité des praticiens. Les systèmes de remboursement et les dossiers médicaux permettent dans une certaine mesure des contrôles et des évaluations par les payeurs. Le codage des actes et des pathologies est un progrès important dans ce sens.
Théoriquement, ces systèmes d'information pourront aider à mieux repérer les erreurs, les excès, les abus ou les fraudes. Toutefois, à moins d'un système qui enregistrait automatiquement toutes les données pertinentes, l'asymétrie d'information subsistera : certaines données ne seront pas saisies par les médecins ; le diagnostic pourra être infléchi pour justifier l'acte et il n'y aura pas de moyen de le vérifier ; la mise en regard du diagnostic et des décisions thérapeutiques semblera indiquer l'utilisation de mauvais protocoles, alors que la complexité de la situation justifiait bien la démarche du médecin, sans que cette complexité apparaisse dans les données recueillies…



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