Le
nouveau rôle du marketing dans lindustrie pharmaceutique

Corinne
Radal
25 octobre
2000
Expiration
de brevets, concurrence des génériques, actionnaires habitués à
une forte rentabilité
Pour rester dans la course, les grands groupes pharmaceutiques devront
chaque année mettre sur le marché deux ou trois molécules "vedettes",
ou blockbusters, dont le potentiel de vente est supérieur à un milliard
de $ (lire
notre article à ce sujet).
Comment ? Linnovation
ou les qualités intrinsèques dun produit ne suffisent plus
à en assurer le succès. Le marketing
joue un rôle de plus en plus important.
Les enseignements du terrain
Marketing et R&D : des
activités désormais étroitement liées
Repenser la préparation de la
force de vente
Un marketing qui évolue
Conclusion
Les enseignements du terrain
Depuis quelques années,
une nouvelle génération de blockbusters a fait son apparition. Tahor,
Celebrex et Viagra en sont quelques représentants. Auparavant, un
médicament était considéré comme un blockbuster si ses ventes atteignaient
500 millions de $ dans les trois à cinq ans suivant son lancement.
Les blockbusters daujourdhui décollent beaucoup plus
vite, et le montants de leurs ventes sont autrement plus importants.
A titre dexemple, les ventes de Celebrex se sont élevées à
1,5 milliards de $ dès la première année de mise sur le marché.
Les nouveaux blockbusters
ne sont pas forcément les premiers entrants sur un marché, ni des
molécules révolutionnaires. Preuve en est le succès considérable
de Tahor, arrivé pourtant tardivement sur le marché cardio-vasculaire
où il existait déjà des molécules très performantes. A linverse,
il arrive quun produit très prometteur ne remporte pas le
succès escompté et se révèle finalement décevant.
Un des facteurs expliquant ce paradoxe est la différence dimportance
accordée au marketing, qui exerce désormais une influence déterminante
sur le positionnement du produit, le décollage de ses ventes et
sa durée de vie. Pour la nouvelle génération de blockbusters, la
phase marketing a commencé bien plus tôt que dhabitude, dès
le tout début du développement du produit, parfois jusquà
sept ans avant son lancement.
La recette pour réussir
le lancement dun blockbuster est donc la suivante : il
faut utiliser le marketing pour soutenir le produit durant toutes
les phases de son développement, son lancement et laprès-lancement.
Il faut donc investir plus tôt et dans la durée, en augmentant et
en redistribuant les ressources en marketing (argent, temps, personnel).
Marketing et R&D : des
activités désormais étroitement liées
Lexpérience des
récents lancements de blockbusters a montré que le décollage rapide
des ventes était le résultat dun investissement en marketing
dans la durée, et non pas de dépenses démesurées juste avant et
après sa mise sur le marché.
Le marketing intervient
aujourdhui de plus en plus tôt dans le développement dun
produit. Certaines compagnies consacrent jusquà 20% du budget
marketing alloué à un produit aux quatre années précédant son lancement.
Ces investissements précoces ne pas forcément très coûteux, mais
ils sont cruciaux. Ils consistent essentiellement en des études
de marché et des rencontres avec différents leaders dopinion
(professionnels, industriels, patients, payeurs
), le but étant
didentifier les besoins médicaux restés encore sans réponse,
les perspectives du marché et dappréhender la concurrence.
Les équipes du marketing
et du développement clinique doivent donc désormais travailler main
dans la main, dès la phase pré-clinique. Leur tâche consiste à sélectionner
conjointement les futurs candidats au développement, à définir le
profil des médicaments pour quils correspondent à des besoins
médicaux réels et à des opportunités sur le marché, et à leur assurer
un positionnement compétitif. Sinon, le risque est de voir arriver
sur le marché un produit avec un profil qui ne lui permet pas un
positionnement optimal, quoi que fassent par la suite les chefs
de produits en matière de promotion.
Les nouvelles technologies
ont ici un rôle à jouer, par exemple dans le développement de sites
Internet pour faciliter la communication entre équipes.
Suite
et fin (2/2)   
25 octobre 2000
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