La
mort annoncée de l’ONDAM
Catherine
DUPILET
1er
février 2001
Depuis
le mois d’Octobre la grogne des professionnels de santé s’intensifie
et les actions se multiplient. Selon l’UNOF (Union nationale des
omnipraticiens français) près de deux médecins généralistes sur
trois auraient fermé leur cabinet entre le 26 et le 31 décembre
lors de la semaine « Santé morte ». Ce mécontentement
touche l’ensemble du corps médical qui dénonce la maîtrise comptable
des dépenses de santé. Cette année, les dépenses maladie ont dépassé
l'ONDAM et des baisses de tarifs ont été décidées en juillet et
en novembre.
La
contestation ne porte donc pas sur la nécessité de maîtriser
les dépenses de santé, mais sur les outils employés pour les maîtriser.
Que ce soit le corps médical, les économistes, les politiques, ou
l’industrie pharmaceutique, tous remettent en cause le bien fondé
de l'ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance maladie),
outil privilégié de la maîtrise des dépenses de santé.
La
fixation de l’ONDAM
La remise en cause de l’ONDAM
Le poids des médicaments dans
les dépenses de santé
La
fixation de l’ONDAM
Depuis
les Ordonnances Juppé de 1996, le gouvernement fixe un objectif
de dépenses de santé à ne pas dépasser. Même si la loi prévoit que
l’ONDAM soit fixé à la suite des conférences régionales et nationale
de santé, les professionnels de santé lui reprochent de ne pas prendre
en compte les besoins de santé. Mais la principale critique qui
lui est adressée porte sur la façon dont il est calculé.
Son mode
de calcul, qui a été redéfini cette année est loin d’être concluant.
Depuis 1997, le taux d’évolution de l’ONDAM était fixé par référence
à l’objectif voté pour l’année précédente, et non par rapport aux
dépenses effectives pendant cette année. A partir de l’année 2000
le calcul de l’ONDAM est fondé sur l’estimation des dépenses réalisée
par la Commission des comptes de la Sécurité sociale.
La remise en cause de l’ONDAM
La
réalité du taux d’évolution dépend donc de la qualité des prévisions
de cette Commission.
L’ONDAM
a été fixé à 693,3 milliards de francs pour 2001, soit une progression
de 3,5% par rapport aux dépenses réelles prévues pour 2000. La répartition
par enveloppe prévoit un taux de croissance de +3% pour le secteur
ambulatoire, +3,4% pour l’hospitalisation publique, +3,3% pour les
cliniques de ville, et +3% pour les médicaments.
La
CNAM (caisse nationale d’assurance maladie) a rendu publics à
la mi-janvier les résultats de l’évolution des dépenses d’assurance
maladie pour l’année 2000. Alors que la Commission des comptes de
la Sécurité sociale les avait estimés à 4,9%, la CNAM a annoncé
hier une augmentation de 5,9%. Le dépassement de l’ONDAM pour l’année
2000 est de 13 milliards de francs pour le régime général.
L’ONDAM 2001 voté par le Parlement est donc d’ores et déjà caduque.
En effet, ce dernier, fondé sur l’estimation de la Commission des
comptes, est donc fortement sous-estimé, et il ne correspondrait
pas à une augmentation effective de 3,5% mais à une augmentation
de moins de 2%.
Suite
et fin (2/3)
1er février 2001
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