Prise
en charge de l'asthme :
les enjeux pour le système de santé
Dominique
Etienne
17
janvier 2000
Suite (3/4)
Le coût de lasthme
De nombreux travaux
ont été menés sur le coût de la pathologie. Certains ont analysé
uniquement les coûts directs, dautres ont tenté également
une approche des coûts indirects. Les coûts intangibles liés aux
conséquences socio-psychologiques de la maladie pour le malade et
sa famille, aux opportunités manquées par le malade et à la détérioration
de sa qualité de vie, ne sont pas négligeables mais très difficiles
à définir de façon quantitative.
Les coûts directs correspondent
aux dépenses de médicaments et danalyses biologiques, au recours
au praticien, à lhospitalisation, au recours aux auxiliaires
médicaux.
Les coûts indirects
se situent sur 3 niveaux :
- baisse de productivité au travail,
perte de travail productif pour le patient
- perte de travail productif liée
à la retraite anticipée du patient ou à son décès
- perte de travail productif des proches
du patient (ceux qui sont mobilisés par sa maladie).
Le coût financier lié
au nombre de journées indemnisables a un sens pour lemployeur
et les organismes dassurance maladie. Le coût lié aux absences
non indemnisées a lui aussi une répercussion sur les ressources
de lemployé.
Si les méthodes des
études sont différentes, les résultats convergent vers les chiffres
suivants :
- un coût macroéconomique de 7 milliards
de francs, dont :
- 4 milliards de francs de coûts directs
(2 pour les soins ambulatoires et 2 pour les soins hospitaliers) ;
- 3 milliards de francs de coûts indirects ;
- Au niveau microéconomique, le coût
de lasthme est de lordre de 3000 francs par an et
par patient.
Les dépenses par patient
varie de 1000 à 30 000 francs selon le stade de gravité de la maladie.
Les études montrent que le coût est concentré sur les asthmes graves :
au Canada en 1993, 30% des patients chez lesquels le degré de sévérité
de la maladie était le plus élevé occasionnaient 87% des dépenses
médicales liées à lasthme.
Source
: The Cost of adult asthma in Canada. Princeton. NJ 1993.
Lhospitalisation
représente ainsi environ 28% du coût de lasthme. Or lhospitalisation
correspond à une poussée de la maladie, non contrôlable au domicile
ou en cabinet, qui signifie un asthme non stabilisé et donc un traitement
inadéquat. Un meilleur contrôle de la maladie doit donc pouvoir
permettre une diminution logique des hospitalisations et de labsentéisme
(soit une diminution à la fois des coûts directs et indirects) ainsi
bien sûr quune diminution des décès et une amélioration de
la qualité de vie des patients.
Différentes études
coût-bénéfice ont été réalisées, à partir de programmes de prise
en charge modifiée : résultats de la prescription danti-inflammatoires
inhalés, impact des programmes déducation des patients, etc.
Une prise en charge optimale montre la diminution des coûts dhospitalisation,
des coûts indirects, et une variation du coût ambulatoire (augmentation
selon les cas des prescriptions, diminution à moyen terme du recours
au médecin). Dans tous les cas, le coût global diminue, et cette
diminution est dautant plus importante en valeur absolue lorsquon
considère les asthmes graves. De plus, une prise en charge optimale
peut engendrer une diminution de la " gravité "
de certains asthmes, ce qui conduit à terme à une baisse globale
des coûts.
Evolution
des coûts par catégorie de patients
|
Groupe A
|
Groupe B
|
Groupe C
|
Groupe D
|
Groupe E
|
Stade de sévérité
|
44% des patients
|
32% des patients
|
8% des patients
|
12% des patients
|
4% des patients
|
Coût actuel
|
1250
|
3000
|
11 400
|
20 000
|
33 200
|
Coût optimisé
|
1065
|
2630
|
10 050
|
17 850
|
30 230
|
Différence
|
185
|
370
|
1350
|
2150
|
2970
|
Source
: Estimation du potentiel de diminution des coûts de l'asthme (France)
grâce à un traitement optimisé (Boston Consulting Group 1992).
Suite
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17 janvier 2000
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