Prise
en charge de l'asthme :
les enjeux pour le système de santé
Dominique
Etienne
17
janvier 2000
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Des déficiences reconnues
dans la prise en charge
Le
traitement : améliorer lobservance
Le traitement de lasthme
implique un traitement des crises (bronchodilatateurs : bêta2-mimétiques
en particulier) et un traitement de fond quand la maladie est sévère.
Le traitement de fond de lasthme réclame généralement la prescription
de corticoïdes inhalés (anti-inflammatoires) : les médecins
sous-estiment parfois leur nécessité face aux effets secondaires
des médicaments.
Lobservance du
traitement est particulièrement déficiente chez les asthmatiques.
La corticothérapie est encore mal acceptée par les patients. Pourtant
ses effets secondaires sont désormais bien connus et de nature différentes :
à court terme, ils sont classiques et mineurs (raucité de la
voix, candidose buccale, toux lors de ladministration du produit) ;
au long cours, lostéoporose et linsuffisance rénale
lente sont des effets plus graves, mais beaucoup plus exceptionnels.
Lamélioration de la qualité de vie des asthmatiques et la
diminution de la mortalité sont à considérer vis-à-vis de ces risques
hypothétiques. De plus, lasthme est une maladie que beaucoup
de patients cherchent à masquer, à dissimuler et non pas à traiter,
ce qui induit une surconsommation de bêta2 mimétiques. Les résultats
du " Managed Health Care association Outcomes Management System
Asthma Project ", publiés en décembre 1999, mené aux Etats-Unis,
montrent que 16% des asthmatiques surconsommaient des bêta-agonistes
à action rapide, et quen revanche, 63% de ceux qui se voyaient
prescrire des corticoïdes ne suivaient pas leur traitement de manière
suffisante. Létude portait sur 6612 personnes asthmatiques
"plus malades" que la moyenne.
La nécessité dune auto-surveillance par les patients
Divers éléments de
la vie du patient asthmatique peuvent concourir à améliorer son
état de santé. Tout dabord tous les scientifiques saccordent
pour dire que le contrôle de lenvironnement est essentiel :
léviction des allergènes, les mesures dhygiène, lexposition
à la fumée du tabac doivent faire lobjet dattention
de la part des patients et de leur entourage. Les pics de pollution
peuvent constituer aussi un facteur favorisant les symptômes (en
revanche aucune étude na prouvé scientifiquement une corrélation
entre laugmentation de la pollution et laugmentation
de la prévalence de lasthme).
En corollaire, lauto-surveillance
du patient est nécessaire : lasthme est évolutif, et
tout patient peut sexposer à une crise aiguë grave. Des stratégies
de surveillance peuvent être préconisées par les médecins (mesure
du souffle grâce à un peak-flow par exemple). LAndem a proposé
un 1996 un système de "zones asymptomatiques de lasthme",
conçu pour "guider le patient dans lappréciation de ses
symptômes au jour le jour" : une zone " verte
(lasthme est stable), une zone jaune-orange (signal de vigilance)
et une zone rouge (alerte). Le patient doit mesurer son souffle
quotidiennement ; en fonction de la valeur de son DEP (Débit
Expiratoire de Pointe) et de la présence on non de symptômes dasthme,
il détermine dans quelle zone il se trouve et applique la conduite
à tenir définie avec son médecin. Le National Asthma Education and
Prevention Program (NAPP) créé en 1989 par le NIH a émis des recommandations
similaires au regard de lutilisation du peak-flow pour le
contrôle de la maladie par le patient, en particulier dans les cas
dasthme modéré à sévère (voir des exemples
de supports de ce suivi). Enfin, lobservance du traitement
est essentielle.
Le sous-diagnostic de lasthme
Lasthme présente
des symptômes multifactoriels et communs à dautres pathologies
(bronchites, rhinites, et aussi BPCO chez les personnes âgées) :
les scientifiques saccordent sur le fait que lasthme
est certainement sous-diagnostiqué. Ceci implique une détérioration
de la qualité de vie, dans le cas dun asthme léger qui subsiste
tant que la maladie na pas été diagnostiquée et traitée en
conséquence mais aussi des risques daggravation subite en
cas dexposition à des allergènes par exemple). Une étude danoise
menée en 1989 auprès de 495 adolescents de 12 à 15 ans, a montré
quun tiers dentre eux souffraient dasthme sans
le savoir. Les sujets étaient sélectionnés aléatoirement ou sur
un historique indiquant la présence dasthme, ou de rhinites
allergiques, ou enfin dantécédents familiaux. Les cas étaient
le plus souvent associés à une faible activité physique, une surcharge
pondérale, un tabagisme passif, aucun antécédent allergique et des
problèmes familiaux sérieux. Selon les scientifiques, la combinaison
de ces facteurs, en particulier labsence dexercice et
la prise de poids, ont pu contribuer à "masquer" les symptômes
(sifflements et manque de souffle) : le recours au médecin
nétant pas ressenti comme utile, le diagnostic na pas
été posé.
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17 janvier 2000
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