Les
réseaux de soins en cancérologie
Demi - succès ou demi - échec ?
David
BEME
15 mars
2000
Suite
(2/3)
Des objectifs très précis
et pressant
pour le patient
Le
défi à relever pour ces réseaux de soins est de taille, il s'agit
alors de :
-
faciliter l'accès aux soins, en particulier en favorisant autant
que possible des soins de proximité,
-
assurer une qualité constante et la conformité des soins à des règles
de bonnes pratiques,
- assurer une
coordination et une concertation de tous les professionnels du monde
de la santé et du social qui prennent en charge le patient à un
moment de son itinéraire de traitement,
-
assurer une prise en charge pluridisciplinaire du patient,
-
replacer le patient au centre du système de soins et lui permettre
de devenir un acteur à part entière de sa prise en charge grâce
à la diffusion d'une information pertinente,
-
améliorer son orientation au sein des structures de prise en charge,
-
garantir une évaluation de la structure des systèmes de soins encadrant
le patient tout au long de son parcours de soins,
-
assurer une formation aux membres du réseau sur ce mode de fonctionnement
et concernant le respect des référentiels (qui peut prendre la forme
d'un guide de bonnes pratiques médicales ou d'un thésaurus scientifique
sous différents supports).
Pour
atteindre ces objectifs, les réseaux de soins se doivent de consigner
par écrit le projet (ou charte) médical qui lie les professionnels,
et d'en demander l'agrément auprès de l'Agence Régionale de l'Hospitalisation.
Un
parcours semé d'embûches
Bien
qu'un consensus imposé par la sagesse caractérise le choix du fonctionnement
en réseau, sa mise en place reste difficile.
Notre
système de santé repose sur un mode de fonctionnement vertical qui
a fait sa force par le passé. Mais aujourd'hui, la rapidité des
communications et des progrès remettent en cause cette logique cartésienne
qui décompose les problèmes. Actuellement subsiste encore ce frein
culturel basé sur une gradation de niveaux hiérarchiques qui semble
difficilement compatibles avec la logique horizontale du mode de
fonctionnement en réseau. Une complémentarité des compétences devrait
se substituer à cette segmentation sans quoi il sera difficile déviter
une paralysie par des cloisonnements qui n'ont plus lieu d'être
à l'ère des autoroutes de l'information.
Les
SROS devront faire face à une répartition des médecins de différentes
spécialités oscillant entre carence et surabondance selon les régions
considérées. Ces disparités géographiques pourront entraîner des
investissements de matériel et en hommes, si l'on veut atteindre
une égalité et une facilité d'accès à des soins de qualité. La mise
en place d'une structure de coordination entraînera, elle aussi,
le déblocage d'une enveloppe spécifique ; à moins que ne soit préconisée
une globalisation des cinq enveloppes de financements actuelles,
plus héritées de l'histoire administrative de la santé que d'une
évidente nécessité.
La
délégation de travaux simples peut se révéler problématique concernant
la formation des personnels de petits établissements pour des activités
de haute technicité et le coût de certains médicaments difficilement
compatibles avec le budget de petits établissements : certains composés
anticancéreux peuvent atteindre la somme de huit mille francs l'ampoule.
Le
lien entre l'hôpital et la ville dépasse alors rarement le cadre
d'une déclaration de bonnes intentions. Le risque est de cantonner
les réseaux aux simples établissements hospitaliers. Enfin, la différence
de revenu et de statut entre médecins libéraux et médecins des hôpitaux
n'est pas sans poser problème. Par exemple, les médecins libéraux
ne sont pas rémunérés lorsqu'ils font de la prévention qui n'est
pas considéré comme leurs missions premières.
Concernant
l'échange d'informations et de données, le choix d'un système d'informations
informatisé (de type Intranet et/ou Internet) s'impose. Mais cette
utilisation des Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication (NTIC) ne passera que par une augmentation de l'équipement
informatique des praticiens, futurs membres du réseau.
Un
trio d'acteurs pour la mise en uvre des réseaux
Le
dispositif législatif actuel prévoit trois acteurs intervenant dans
la mise en place et l'agrément des réseaux.
Au
niveau national : la
Commission Soubie ou Conseil d'Orientation des Filières et Réseaux
Présidée
par Raymond Soubie et créé par un arrêté du 11 septembre 1996, cette
instance examine l'aspect technique des projets de filières et réseaux
de soins déposés dans le cadre de l'ordonnance Juppé. Elle fut installée
officiellement le 30 octobre 1997, sous le gouvernement Jospin.
Le
20 décembre, 18 membres permanents et 6 personnalités qualifiées
avaient approuvé une douzaine de projets. Mais l'autorisation finale
de démarrage appartient uniquement au gouvernement, qui en a avalisé
cinq pour le moment dont un projet de prise en charge à domicile
des patients atteints de maladie cancéreuse en Corrèze (ONCORESE).
Au
niveau régional : l'Agence
Régionale de l'Hospitalisation (ARH) et les Unions Régionales
des Caisses d'Assurance Maladie (URCAM)
La
réorganisation par les réseaux de soins est marquée par la volonté
du gouvernement de décentraliser l'agrément des réseaux. Le tandem
actuellement en charge de cette procédure se compose des Agences
Régionales de l'Hospitalisation (ARH) et des Unions Régionales des
Caisses d'Assurance Maladies (URCAM).
Organismes
de sécurité sociale, les Urcam ont été créées par un décret de 1997
dans le cadre des ordonnances Juppé. La mission principale de ces
organismes est de définir une politique commune avec les caisses
d'assurance maladie de leur région (Régime général ; MSA ; Assurance
Maladie des Professions Indépendantes et Régimes spéciaux), toutes
représentées au sein de leurs conseils d'administration et de coordonner
les actions de leurs services médicaux. La circulaire inter régime
du 23 mars 1999 leur a donné un rôle de coordinateur et de pilotes
pour la mise en place des réseaux.
Ils
peuvent ainsi intervenir en amont et en aval de la demande d'agrément
déposée auprès de l'ARH.
Créées
par les ordonnances d'avril 1996, les ARH ont le statut de GIP (Groupement
d'Intérêt Public). Composées à parité de représentants de l'Etat
et des Caisses régionales d'assurance-maladie, elles constituent
une autorité de décision pour l'ensemble des problèmes de l'hospitalisation,
publique comme privée.
Au
cur du volet hospitalier de la réforme Juppé, elles se sont
vues confier de nombreuses missions, précédemment assumées par les
Préfets de Région, les Directions régionales des affaires sanitaires
et sociales et les Caisses régionales d'assurance-maladie. Dans
chacune des 24 régions françaises, ce sont désormais les ARH qui
établissent le SROS (Schéma régional d'organisation sanitaire),
fixent les budgets des hôpitaux et les tarifs des établissements
privés, attribuent les équipements, signent les contrats d'objectifs
et de moyens avec hôpitaux et cliniques dont elles peuvent décider
de la répartition et du regroupement.
Sur
des bases écrites de coordination et de définition des missions
de chacun des membres du réseau, les ARH se prononcent sur la formalisation
de ces collaborations, le projet médical ou charte constitutive
du réseau, et délivre (ou non) l'agrément.
Désormais,
il convient d'étudier le cadre législatif spécifique aux réseaux
de soins en cancérologie, défini dans la circulaire du 24 mars 1998.
Quelques exemples de réseaux existants seront décrits à travers
une discussion ouverte avec leurs dirigeants évoquant tour à tour
leur mise en place, leurs spécificités et leurs perspectives de
développement.
Suite
et fin (3/3)
15 mars 2000
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