Bienvenue
à Gattaca
Alain MERCURIOT
"J'ai
un plan pour achever le séquençage du génome humain dans les trois
ans".
Cette annonce,
le 9 mai dernier, de Craig Venter, patron de l'Institut
de Recherche Génomique, a fait l'effet d'un coup de tonnerre
dans l'industrie bio-tech.
La communauté scientifique n'escomptait en effet pas les premiers
résultats avant les années 2005-2010.
Le
projet du "génome humain", sur lequel travaillent de nombreuses
équipes de chercheurs, consiste à séquencer chaque bout de l'ADN
humain, analyser les séquences du génome et mettre à la disposition
du corps médical des traitements. On parle de recherche biotechnologique.
Depuis
les récentes expérimentations de clonage humain, l'image de la biotechnologie
est dégradée dans l'opinion publique.
La communauté scientifique souffre de cet amalgame qui pourrait
être préjudiciable à de nombreux projets. Les chercheurs utilisent
en effet quotidiennement le clonage de pièces d'ADN ou de cellules
humaines afin d'étudier les traitements susceptibles de répondre
à certaines pathologies ou créer les protéines humaines utilisables
à des applications médicales. Le traitement des cancers concernent
ainsi 40 % des projets de développement.
Dans son
dernier ouvrage " le siècle Biotech ",
Jeremy Rifking (écrivain américain et Président de la " Foundation
on Economic Trends "), surenchérit en affirmant
que les biotechnologies portent en elles le germe de leugénisme,
la commercialisation des gènes, et une vaste " pollution
génétique ". Dans une récente interview à Libération,
il compare même les manipulations génétiques aux croisements dun
" âne et dune tomate ".
Le récent "Bienvenue à Gattaca" illustre ce mélange
fait de craintes et despoir face aux promesses de la biotechnologie.
Si le bio,
au sens large, est à la mode depuis le début des années 90, on constate
que la recherche pharmaceutique est également saisie, depuis quelques
années, de la frénésie "bio". Elle met à contribution
la génomique (science qui cherche à déterminer les causes génétiques
des maladies), le développement thérapeutique, la bio-pharmacie
et la bio-informatique.
Qu'entend on par "produits
de thérapie génique" ?
Quel est l'état de la recherche ?
Quelle est la place de la France dans ce paysage ?
[Suite
de l'article]
Réagissez
à cet article
Retrouvez tous
les dossiers en Economie de la Santé.
8
juin 1998
|