Découvrez Medcost

Plan du site

Contactez-nous

33, rue Raffet
75 016 Paris
Tél : 01 42 15 08 08

Jean de KERVASDOUE
La santé intouchable


L'HÔPITAL FACE AUX BESOINS DE SANTÉ
Structure, culture et besoins de santé

(Chapitre 1)

La notion de "besoin" est une notion largement utilisée par le législateur et les planificateurs de santé. Cette notion apparaît bien naturelle. Elle fait l'hypothèse qu'à un état morbide déterminé de la population correspond une demande de soins et que les institutions sanitaires ainsi que les autres acteurs du système de soins répondent à cette demande.

Le modèle implicite est donc le suivant :

 

Si ce modèle était exact, on devrait constater :

que des populations comparables ont des taux d'hospitalisation analogues,
que plus l'état morbide se détériore, plus l'on va trouver d'institutions sanitaires, de lits, de médecins pour y répondre.

En renforçant encore les liens entre demande et offre, on devrait pouvoir démontrer :

que, sauf épidémie spécifique, les taux d'interventions chirurgicales sont les mêmes d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'un département à l'autre,

que les durées de séjour sont identiques pour des affections identiques,

que les densités en personnel, les conduites thérapeutiques et donc les coûts analytiques sont proches d'une institution à l'autre

que les méthodes de prise en charge ne varient pas d'un médecin à l'autre, d'un spécialiste à l'autre, d'un hôpital à l'autre.

Ces hypothèses sont simplement la suite logique du modèle qui prétend donc qu'à population identique, demande identique et qu'à demande identique, offre identique (bien entendu population, demande et offre varient, mais nous faisons l'hypothèse qu'elles sont contrôlées au sens statistique du terme).

Nous allons voir tout d'abord que toutes et chacune de ces hypothèses sont infirmées par l'expérience. Nous verrons ensuite pourquoi, et que malgré tout ce modèle peut avoir une utilité ; mais que celle-ci est d'une autre nature que celle généralement avancée. Nous nous plaçons dans une situation "idéale" au sens de Max Wiler. Nous savons bien entendu que l'héritage génétique , les habitudes alimentaires, le climat varient d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre.


A. Le recours au système de santé varie selon les classes sociales

Les travaux d'Aïach (1) ont montré que s'il y avait entre les classes sociales françaises des variations entre la perception et l'énoncé d'un symptôme d'une part et le recours au système de soins d'autre part, ces conduites étaient très complexes : "tantôt la tendance d'une classe sociale sera au recours, tantôt elle sera au contraire à l'abstention ou au laissez-faire". Il y a donc des variations, elles ne sont pas toujours celles que l'on attendrait : les milieux populaires ne sont pas toujours ceux qui ont la perception la plus lente, mais étant donné le peu d'études françaises sur ce sujet, on pourrait faire une première approximation et prétendre à une équi-distribution des classes sociales entre zones géographiques et donc une identique expression collective des besoins.


B. Les taux d'hospitalisation varient dans le temps et dans l'espace.

En 1975, j'avais remarqué, avec J. F. Lacronique (2), que lorsque l'on mettait sur un même graphique les durées moyennes de séjour et les taux d'hospitalisation de plusieurs pays occidentaux, on constatait des variations notables et que les pays étaient regroupés par affinités culturelles.

Presque vingt ans après, si les durées de séjour sont toujours plus longues en France qu'aux Etats-Unis (3), les taux d'hospitalisation se sont sensiblement modifiés. On hospitalise plus en France, on y garde plus longtemps les malades qu'aux Etats-Unis alors que les indicateurs de santé y sont meilleurs. Il n'y a donc pas de lien universel entre état morbide et taux d'hospitalisation.

Nous savons dans quelle voie il faut chercher un début d'explication : le paiement partiel par D. R. G. (4) a réduit les durées de séjour aux USA. Les mécanismes de contrôle des hospitalisations par les compagnies d'assurance qui demandent, par exemple, un double avis avant chaque intervention chirurgicale, a réduit le taux d'hospitalisation. Ces variations trans-culturelles remettent en cause le modèle, toutefois elles surprendront peu. Plus étonnantes sont les variations françaises. Les récents travaux du plan s'en font l'écho (5).


C. Il n'y a pas en France de relation entre mortalité et offre de soins

"Tenter d'expliquer les écarts de mortalité par ceux de la densité de l'offre de soins, est peu concluant ; ainsi, d'après les calculs effectués par B. James et M. H. Bouvier (sur des données de 1975) :

Les trois groupes de départements à forte mortalité (Ouest, Nord, Est) ont des densités de médecins ou de lits hospitaliers plus faibles que la moyenne nationale (sauf la densité de lits à l'Est).

Dans les groupes à faible mortalité la situation est plus complexe : pour les groupes du Sud et de l'Ile de France, densités médicales et équipements hospitaliers sont plus élevés que la moyenne nationale, tandis que dans le centre, coexistent sous-équipement et sous-mortalité.

Ce qui peut se résumer par : il n'y a pas de relations apparentes d'une part entre mortalité et taux d'équipement ou densité de médecins d'autre part.

Par contre, il existerait un lien entre résidence et mortalité et le lieu de résidence dans les premières années de la vie jouerait un rôle significatif.


D. Les prestations d'assurance-maladie elles-même ne sont pas équitablement réparties

(5) Page 147, en ajustant pour l'âge et la mortalité différentielle, le ratio dépenses effectives/dépenses potentielles varie de 82,6 dans le Nord-Pas-de-Calais à 119,8 en Corse, 115,6 en Ile de France, 115,4 en Midi-Pyrénées.


E. Les spécialistes, les généralistes, les lits de court séjour varient également d'une région à l'autre

Par association plus que par complémentarité ou substitution : dans les régions où il y a plus de généralistes, il y a plus de spécialistes et le plus de lits hospitaliers.

(5) Santé 2010, équité et efficacité du système de santé : les enjeux, commissariat général du Plan - 1993


F. Les catégories conceptuelles de la carte sanitaire sont incomplètes et fluctuantes

La carte sanitaire fondée sur la véracité de ce modèle est à son tour fragilisée, d'autant qu'elle utilise des catégories conceptuelles apparemment objectives mais elles-mêmes instables.

Prenons l'exemple du court séjour

La carte sanitaire distingue :

la médecine,
la chirurgie,
la gynécologie-obstétrique,
et réserve un sort particulier à quelques spécialités : chirurgie cardiaque, neuro-chirurgie, etc.

Il est d'abord intéressant de relever qu'elle ne crée pas des catégories spécifiques pour des lits de réanimation ou de soins intensifs aussi médicalement importants qu'onéreux, critères qui devraient compter dans toute planification sanitaire !

Mais revenons à la distinction - Médecine-Chirurgie. Elle parait à chacun aussi stable, aussi immuable que fondée. Est-ce bien le cas ?

Quand on observe l'évolution de la médecine au cours de ces quinze dernières années, force est de constater quelques intéressantes transformations. Y-a-t-il une raison objective pour que les gastro-entérologues (médecins) se voient approprier l'usage de l'endoscope y compris interventionnelle alors que ce même appareil est utilisé par les urologues (chirurgiens) dans leur spécialité ? Si le contenu technique de la médecine et de la chirurgie fluctue d'une spécialité à l'autre, que vaut la qualité du concept ?

La radiologie interventionnelle est un autre exemple de perturbation sensible de ces catégories administratives : des radiologues et des médecins (cardiologues) se substituent aujourd'hui aux neuro-chirurgiens ou chirurgiens vasculaires dans le traitement de certaines affections qui leurs étaient jusque là réservées.

La carte sanitaire a-t-elle suivi ces évolutions qui ne sont plus aujourd'hui marginales ? Le système de nomenclature de la Sécurité Sociale s'est-il adapté ?

Les radiologues interventionnels sont-ils reconnus, et le cas échéant encouragés en dehors de ceux qui travaillent dans les services hospitaliers ? Pas à notre connaissance. La réalité ne correspondant pas aux catégories pré-établies, ce ne sont pas les faits constatés qui comptent, mais l'imaginaire administratif. N'ayant pas la chance d'être interprétables dans des catégories pré-existantes, ces "faits" n'existent pas ou sont, dans le meilleur des cas interprétés de manière différente d'une région à l'autre, d'une caisse primaire à l'autre.

Les catégories administratives ne suivent pas les réalités médicales. Elles constituent des leurres rassurants, prétendant organiser alors qu'elles ne font que contraindre, même si certaines de ces contraintes sont justifiées, ou, plus exactement même si certains principes dont elles se réclament, équité, parcimonie, équilibre budgétaire, sont justifiés.


G. Dans certains cas, peu fréquents, le modèle fonctionne.

Il en fut ainsi de la lithotriptie ; quand cette innovation est apparue, il a été possible de calculer combien d'appareils seraient nécessaires pour intervenir sur le stock et le flux des malades porteurs de calculs rénaux.

Pour satisfaire certains intérêts, on sur-équipera notre pays, posant parfois quelques problèmes d'équilibre financier ou de sous-occupation, ce qui est collectivement la même chose, mais aux conséquences immédiates bien différentes pour les détenteurs d'autorisation de cette merveilleuse machine.


H. La notion de "besoin" est le camouflage sémantique d'une politique financière ou industrielle

Il en est tout autrement des équipements lourds d'imagerie ou le besoin est défini par ce qui est financièrement possible ou industriellement souhaitable. C'est ainsi que pour les scanners, les "besoins" ont été multipliés par environ un facteur de dix en quinze ans, sans qui heureusement, la morbidité de nos concitoyens ait évolué dans les mêmes proportions ! Ce n'est pas qu'il soit impossible à un moment donné de rechercher un taux d'équipement optimal, mais cela suppose des analyses complexes tenant autant compte de l'évolution des techniques d'imagerie que des systèmes de tarification.


I. Il n'y a pas de traduction technique simple entre la demande de soins et l'offre en personnel du secteur sanitaire

Ce qui est vrai des équipements l'est également du nombre de médecins ou du nombre d'agents par lit. S'il est possible, probablement, de définir un seuil technique minimum, il n'y a pas de maximum ; ceci est d'autant plus vrai que l'on s'éloigne des soins au sens de technique curative pour se rapprocher de la prise en charge. En effet, si la partie soins, actes techniques, pour une intervention précisément repérée peut induire de manière précise des besoins en personnels, plus l'on s'approche de la prise en charge, plus les jugements de valeur entrent en jeu. Il ne s'agit pas de les rejeter mais au contraire de les reconnaître.

Dans ce que les infirmières appellent les "soins relationnels" c'est à dire le temps consacré aux contacts avec les malades et leur famille, il n'y a pas de "besoins" in abstracto mais simplement un jugement de valeur sur ce qu'il est raisonnable de consacrer au malade pour être non seulement efficace mais simplement humain dans ces situations d'angoisse et de fragilité qu'induit toute hospitalisation. Le malade aurait probablement "besoin" d'avoir une infirmière qualifiée à sa disposition 24h sur 24h. Nos structures hospitalières pour des raisons financières et culturelles ne solvabilisent qu'une partie de ces "besoins". Ce n'est pas au moment ou le Taylorisme quitte l'usine que l'on va le retrouver à l'Hôpital, d'autant que les substitutions potentielles des tâches entre les différentes catégories d'agents sont considérables, ajoutant une dimension "sociologie des organisations" à la dimension culturelle et politique.

Cela ne veut pas dire que dans le secteur de la gestion hospitalière, on navigue dans l'irrationalité la plus complète. On peut tout à fait rationnellement rechercher une répartition équitable, voire efficace, d'un nombre donné d'infirmières, utilisant des critères en charge de soins après avoir réfléchi à la définition et à l'organisation du travail. Mais pour cela il faut connaître à priori les sommes globales dont on dispose.

Certains chefs d'Etat eurent trente médecins à leur chevet pendant le mois qui précéda leur mort, certains pays n'ont qu'un médecin pour plusieurs dizaine de millions d'habitants ; entre les deux extrêmes ont peut rechercher un optimum !

S'il y a là aussi probablement un minimum technique, le point d'équilibre est nécessairement culturel et financier. Quand les médecins, les fonctionnaires du système de santé, voire les hommes politiques, parlent du nombre de médecins pour, en France, en regretter la pléthore, ils ne parlent pas de techniques médicales ou de prise en charge de malades, mais de rémunération des médecins. Il serait tellement simple de le reconnaître !

Ces constats ne doivent pas conduire à l'inaction, mais il est important de souligner encore une fois que certains chemins sont sans issus.


J. L'efficacité des techniques médicales est hétérogène

Selon Muriel GILLICK (1977) (8) : "L'approche cas par cas de la planification médicale suppose que tous les problèmes médicaux soient traités par une spécialité, que toutes les spécialités soient d'efficacité comparable dans l'atteinte de leurs objectifs respectifs, que les ressources ne soient pas limitées et que donc tous les projets qui en valent la peine puissent être entrepris. Toutes ces hypothèses sont fausses."

En effet, l'attribution de moyens matériels et humains à une spécialité médicale ne dépend pas de l'efficacité thérapeutique relative de cette spécialité par rapport à d'autres spécialités, et ceci pour plusieurs raisons. La première est que les médecins choisissent eux-mêmes leur spécialité, et leur choix se fait plus en fonction du prestige de cette spécialité qu'en fonction de l'efficacité thérapeutique ou de statistiques de morbidité ou de mortalité ! La seconde est que, souvent, le coût d'un traitement augmente avec son inefficacité. Les malades décédés en réanimation coûtent deux fois plus cher que les malades qui vivent (J. R. Le Gall, 1977) (9).

Les problèmes médicaux qui n'ont pas encore de solutions thérapeutiques définitives ont des solutions intermédiaires qui sont le plus souvent très onéreuses : (traitement de l'insuffisance rénale chronique par rein artificiel, radiothérapie des cancers, etc.) Bien que le ratio : année de vie valide/coût du traitement, soit bien inférieur dans ces domaines, comparé à d'autres, ce n'est pas une raison acceptable dans nos sociétés pour remettre en question ces traitements. le raisonnement économique du coût marginal paraît, ici, tout à fait insuffisant voire absurde, car nous ne pouvons pas imaginer qu'un responsable arrête ce type de traitement sous prétexte de sa faible efficacité.

On ne fait pas le choix de laisser mourir consciemment un individu, alors qu'il est possible de le faire vivre pendant quelques mois, voire quelques années dans des conditions presque normales : on y est contraint. A enveloppe budgétaire donnée, il y a des problèmes de choix et des études coût/efficacité pourraient être utiles (bien que nous n'en connaissions pas qui aient eu des conséquences pratiques en partant des seuls critères financiers). Il est probable que le budget augmentera jusqu'à ce que ce type de dépense soit fait. A notre connaissance, on n'a jamais empêché une technique médicale de se développer quand il y a un bénéfice potentiel évident, même faible, pour le malade et ceci, quel que soit le coût de cette technique (la neutronthérapie dans le cas des cancers). Cela dit, tous les pays ne peuvent pas se permettre d'offrir un rein artificiel à tous les malades qui en auraient besoin ; il faut donc trouver des critères de rationnement qui peuvent être médicaux, sociaux, économiques, mais ce rationnement aura tendance à disparaître, d'autant plus que l'on pourrait très sensiblement augmenter l'efficacité du système, mais ceci est un autre débat.

Les disciplines médicales ont certes une existence épistémologique, mais leur raison d'être est avant tout sociale. Elles révèlent en outre, en France, un aspect politico-administratif puisque la reconnaissance d'une nouvelle discipline dépend du Ministère de l'Education Nationale et du Ministère de la Santé. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays où chaque hôpital s'organise comme il l'entend et où la création d'une nouvelle chaire dépend uniquement du conseil d'administration de l'université, permettant une plus grande souplesse et une meilleure adaptation. En outre, les disciplines médicales ont des origines différentes (10) et l'histoire a autant fait pour leur existence que les "besoins" de la population.


K. Certaines innovations sont sources de conflits entre spécialités

Les disciplines ont donc leur vie propre. Elles sont plus ou moins favorisées par le sort si l'on peut ainsi appeler le progrès des connaissances. Mais, il leur arrive aussi d'essayer de capter à leur avantage certaines innovations.

C'est ainsi par exemple que les biophysiciens (ultra-son), les radiologues (imagerie), les gynécologues (utilisateurs fréquents) ont essayé entre autre, de capter l'échographie et ses applications, chacun avec des arguments qui ne manquaient pas de pertinence.

Nous avons vu plus tôt que certaines spécialités chirurgicales avaient dédaigné les techniques endoscopiques, et pas d'autres, etc.

Les disciplines veulent grandir, les maîtres placer leurs élèves et le jeu est d'importance puisque chaque discipline, contrairement à l'évidence, prétend toujours à son indépendance quasi-absolue. Or, il n'y a pas de transplantation sans immunologie, de chirurgie sans anesthésie, d'anesthésie sans biologie, etc. La discipline n'est donc pas une entité pure, un collège invisible ayant pour intérêt unique le développement des connaissances ; c'est aussi cela, mais pas que cela.

Or, c'est par le philtre des disciplines que s'interprète la notion de "besoin" et c'est, malheureusement, d'abord par la juxtaposition de disciplines que s'organise un Hôpital.


L. Les hôpitaux n'ont pas le libre choix de leur structure

En France, c'est le Ministère qui en nommant chaque chef de service, arrête l'organisation de chaque hôpital, et ce faisant, le structure au moins aussi fortement que ne le fera toute planification régionale. Certes, l'article L.714-25-2 de la Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991 proposée, par Bruno Durieux, alors Ministre de la Santé, et votée par le Parlement permet sous certaines conditions, à chaque hôpital, d'être maître de sa structure.

A ma connaissance, malgré les prétentions d'autonomie aussi anciennes que maintes fois répétées, aucun établissement n'a encore profité d'une telle disposition. La nomination par le Ministre donne aux chefs de service, non seulement une onction recherchée, mais aussi et surtout, une indépendance forte vis à vis des responsables locaux. La vraie réforme de structure n'est pas dans la substitution du mot de "service" par celui de "département", mais dans la possibilité d'adapter l'organisation hospitalière à l'environnement immédiat et à l'évolution des connaissances diagnostiques et thérapeutiques.

On peut également se demander en passant, ce que veut dire l'autonomie de gestion sans la liberté de s'organiser. Mais qui a dit que les hôpitaux publics étaient autonomes ?

Nous venons de voir que la notion de "besoin" était influencée par la culture du pays, par la sociologie des organisations hospitalières et des disciplines médicales, par le nombre de producteurs, par le système de rémunération des médecins, par leur formation entre disciplines ou à l'intérieur d'une même discipline, nous ne pensons pas qu'il faille la rejeter pour autant.


M. La notion de "besoin" n'a de sens que dans un contexte donné : c'est une notion relative

La notion de besoin n'est opératoire que si elle est interprétée sous contraintes. Les contraintes du système de planification français ont été des contraintes de certains moyens physiques (carte sanitaire).

Elles n'ont suffi ni à contrôler la croissance des dépenses, ni à réduire des inégalités inter-régionales comme nous l'avons vu plus haut. C'est une baignoire trouée dans laquelle on continue à verser de l'eau. Arrêter le robinet et changer de baignoire parait plus efficace que de faire de la soudure, alors que l'on sait pertinemment que l'on ne pourra jamais boucher tous les trous.


N. En l'absence d'économie de marché, il faut non seulement connaître la masse à répartir mais aussi des principes de répartition.

Il ne peut y avoir de politique de santé que s'il y a une définition opératoire du principe d'équité !

En France, ce principe a deux traductions concrètes :

l'équité individuelle entre assurés sociaux du même régime et seulement du même régime,

l'équité d'accès de distribution de certains moyens physiques (carte sanitaire) nous avons vu qu'elle était incomplète ; pour ne reprendre qu'un seul exemple, elle ne planifie, ni n'oriente l'installation des médecins. Elle est rigide, lourde et ne suit pas, comme il le faudrait, l'évolution des pratiques médicales.


O. Ces principes d'équité ne sont plus suffisants.

Il me semble, depuis plus de 10 ans, qu'à l'équité d'accès, droit individuel, devrait être ajoutée une équité régionale qui n'est pas liée aux moyens physiques mais aux moyens financiers.

Le second principe d'équité devrait donc être que chaque habitant, de chaque région française, puisse statistiquement disposer d'une même somme effective de dépense de santé. Les formules de répartition inter-régionales pourraient d'ores et déjà s'appuyer sur le nombre d'habitants, et les distributions d'âge, de sexe et de mortalité.

A terme et, sous certaines conditions, la morbidité pourrait être utilisée. Une fois ces principes d'équité établis, on peut alors faire usage de l'épidémiologie et revenir à la notion de besoin.


P. Ce qui doit primer, c'est l'état morbide et non pas les techniques de prise en charge

Il faut constater les raisons de fréquentation du système de santé par une codification des diagnostics et les procédures de prise en charge qui sont associée à ces diagnostics.

L'ordre de ces constats est d'importance cruciale, c'est la pathologie qu'il faut d'abord observer.

Les méthodes de soins et de prises en charge ne sont que la résultante à un instant donné :

des connaissances médicales,
des moyens disponibles,
de la formation du médecin,
etc.

Des déclarations récentes ont suggéré que les actes, au sens de la sécurité sociale, pouvaient suffir pour réguler une politique de prise en charge. Cela m'a fait penser au constructeur automobile qui, un beau matin, se réveillerait avec l'idée de vendre ses voitures au nombre de pièces. Pour un acheteur d'automobile, ce qui compte c'est d'être transporté, pour un utilisateur du système de santé, c'est d'être soigné, d'autant que le patient est encore plus désarmé que le conducteur et qu'il n'a aucune idée des actes qui doivent permettre de le soigner et que la nature des actes évolue. Quant à l'acheteur de voitures ou de soins médicaux, ce qui compte c'est le meilleur rapport qualité/prix, dans un cas il existedu fait de l'incitation de la concurrence, mais dans l'autre ?

Quelles que soient les difficultés de classer les malades hospitalisés selon leur diagnostics d'entrée et de sortie, c'est une nécessité sans laquelle, il ne peut y avoir de mesures de "besoins". La transformation de ces besoins en actes, en séjours hospitaliers, en prescriptions, est une opération complexe, que l'on ne peut évaluer que de manière empirique, d'autant que le diagnostic est rarement immédiat et qu'avant de le porter, il est nécessaire de mettre en œuvre toute une série de moyens. La notion de besoin induit par un diagnostic n'est donc pas indépendante du système de santé, mais faute de diagnostic précis, on peut au moins définir même globalement l'état du patient.


Q. Analyser les variations inter-régionales et inter-hospitalières et renverser la charge de la preuve qui doit être la responsabilité du producteur de soins et non pas celle du financier

Toutes les études françaises et étrangères montrent d'importantes variations que, l'unité d'analyse soit un pays, une région, un Hôpital, un médecin et que le thème traité soit la morbidité hospitalière ou les procédures de soins et de prise en charge.

Les taux de prévalence des pathologies soignées varient. La littérature nous indique que cela peut être :

pour des raisons épidémiologiques : le taux de prévalence de certains cancers varie en France avec les habitudes alimentaires,
pour des raisons démographiques : la distribution par âge et par sexe n'est pas la même, or certaines affections sont sensibles à ces paramètres (prothèse totale de la hanche),
pour des raisons de mode de rémunération : le paiement de l'acte favorise certaines prescriptions, le salariat n'induit pas ce type de comportement,
pour des raisons de commodité dans l'organisation du travail, les césariennes ont plus souvent lieu le vendredi !
pour des raisons de densité des producteurs de soins : une très ancienne étude américaine a montré que le taux d'ablation de l'utérus était sensible à l'augmentation du nombre de chirurgiens gynécologues, sauf pour les femmes médecins,
pour des raisons médico-légales, etc.

Mais si épidémiologie, démographie, économie jouent un rôle essentiel , ils n'expliquent pas à eux seuls toutes les variations :

les modalités de prise en charge ne sont pas les mêmes,
les durées de séjour varient souvent de 1 à 3 en moyenne par établissement pour des affections identiques, dans des établissements de statut identique,
certains actes sont faits ou demandés automatiquement par certains praticiens, pas par d'autres,
certains prescrivent X, d'autres Y, pour une même affection alors que X et Y n'ont ni le même prix ni le même principe d'action,
etc.

Pourquoi ?

D'autant plus que les résultats ne sont pas les mêmes,
tous les opérateurs n'ont pas le même talent,
la qualité d'un acte augmente avec la maîtrise qu'en a l'équipe d'opérateurs et celle-ci augmente avec la fréquence des interventions,
l'organisation : procédures d'hygiène, procédures de contrôle de qualité tant du service que de l'hôpital, l'organisation du travail, jouent également un rôle,
l'architecture,
la formation,
etc.

De nombreux facteurs ont aussi un impact sur la qualité des soins.

Ces faits brièvement résumés sont connus et pourtant le secteur de la santé reste encore curieusement en France à l'abri de toute exigence de qualité. Ce n'est pas le cas de l'industrie exportatrice, ce n'est pas le cas de l'agriculture, elles mêmes exposées à une très forte concurrence.

Il ne s'agit pas uniquement de l'efficacité de l'entreprise "France", mais aussi de la recherche d'une meilleure santé des malades, car tout consommateur s'intéresse simultanément, non seulement au produit mais à sa qualité, et l'on ne peut plus faire l'hypothèse que la qualité est la même partout.

Pourquoi ces méthodes d'évaluation sont-elles nécessaires ? Tout d'abord par ce que la médecine est devenue complexe et efficace, même si comme l'indiquait l'Institut de Médecine de l'Académie des Sciences des Etats-Unis en 1977 (11), toutes les techniques utilisées n'ont pas une efficacité prouvée. Certaines existent avant que des contrôles scientifiquement fondés se mettent en place : homéopathie, cures thermales : tandis que pour d'autres, et d'abord la chirurgie, il n'y a jamais eu d'autres méthodes d'évaluation que celles mises en place par les chirurgiens eux-mêmes et leurs sociétés savantes. Il n'y a pas en chirurgie l'équivalent d'une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

En outre, le temps de diffusion des innovations thérapeutiques n'est pas immédiat, et donc, coexistent pendant un laps de temps qui peut être long (12) (jusqu'à trente ans) des pratiques jugées sous-optimales par les experts de la spécialité. Certains irréductibles traitent encore la tuberculose pulmonaire par pneumothorax !

Même en se limitant au cas le plus récent et le plus rigoureux : celui d'une molécule médicamenteuse apparue sur le marché depuis moins de 10 ans. Son efficacité a été prouvée, ses effets secondaires analysés etc. Du fait du coût des études d'une mise au point d'une molécule avant sa mise sur le marché, le champs d'application est véritablement étroit et limité.

Une fois l'autorisation obtenue, deux intérêts vont se conjuguer celui de l'industriel qui souhaite, et c'est normal, vendre, et celui du médecin qui veut guérir, et ce qui est tout à fait louable même quand il dispose de peu d'outils thérapeutiques. Le champ des prescriptions devient alors très supérieur au champs des études contrôlées. Car si la mise sur le marché est strictement réglementée, les prescriptions ne le sont pas, les raisons qui ont conduit à prescrire encore moins puisque l'assurance-maladie ne dispose des diagnostics que pour les malades remboursés à 100% et que, à ma connaissance, même dans ce cas, cette information est peu utilisée sauf pour la Mutualité Sociale Agricole.


R. Les pouvoirs publics n'ont pas pris la mesure de la complexité du système de santé

Les médecins disposent d'un arsenal thérapeutique considérable : plusieurs centaines de principes actifs, d'examens de biologie, d'actes d'imagerie, d'interventions chirurgicales sont à leur disposition.

Leur combinatoire est pratiquement infinie, et l'on se demande aujourd'hui comment l'on peut accepter de laisser tout prescrire alors que l'on sait pertinemment qu'il est impossible de tout connaître, de tout lire et, qu'à l'exception de la formation médicale continue, la puissance publique a peu fait pour mettre ces connaissances à la disposition effective du corps médical.

Il serait en particulier envisageable de proposer des banques de données, en permanence mises à jour, pour assister le médecin prescripteur. Il faut bien entendu rejeter toute solution automatique.


S. La demande est déterminée par l'offre et son organisation

Les variations de pratiques ne résultent pas uniquement d'un seul homme, mais d'une, voire de plusieurs équipes.

Les durées de séjour sont influencées par la disponibilité du laboratoire, du service d'imagerie, du service social ; la possibilité de trouver dans certains cas un lit de dégagement, joue aussi un rôle clé sur ce facteur.

Nous avons à faire non plus à un travailleur indépendant mais à un système organisé qu'il importe d'analyser comme tel. La réponse optimale à une demande des patients n'a rien d'automatique. Tout ceci se fera uniquement s'il y a un renversement de la charge de la preuve et si l'institution hospitalière prend vraiment en charge la production de soins surtout dans les relations inter-services.

Jusqu'à présent le médecin prescrit et la sécurité sociale paie parce que le médecin a prescrit conformément aux règles en vigueur. Si la sécurité sociale se décidait à ne payer que si, et parce que les soins étaient jugés efficaces, et que c'était aux professionnels de santé et aux institutions sanitaires d'apporter la preuve de l'efficacité de ce qu'ils prescrivent, il y aurait sûrement moins de variations dans ce qu'il est convenu d'appeler les besoins et qui n'est souvent qu'une tautologie ou un dévoiement toujours bureaucratique parfois totalitaire d'une nécessaire préoccupation : celle de répondre aux attentes des personnes que l'on a pour raison d'être de servir.

Que conclure ?

L'état morbide d'une population existe indépendamment du système sanitaire, mais la manière dont il est pris en considération dépend de tous les facteurs que nous avons identifiés. En particulier si le nombre de consultations dépend peu du nombre de généralistes, ce n'est pas le cas du nombre de spécialistes.

La notion de "besoins" ne peut être utilisée à bon escient que si l'on se réfère à cet état morbide et non pas à l'offre de soins qui varie avec la richesse d'un pays, l'état des connaissances, les règles gouvernant l'organisation sanitaire…

La manière dont on répond aux besoins ne peut être jugée que de façon relative.

L'interdépendance entre offre et demande plaide donc pour l'évaluation et pour la possibilité aux tenants de techniques alternatives de se faire entendre, puis d'évaluer.

La complexité doit être gérée. Tout commence donc par un constat de modestie et par une hiérarchisation des problèmes : les pathologies fréquentes et/ou onéreuses sont peu nombreuses. Pourquoi ne pas commencer par celles-là ?

Que faire donc ?

Mesurer l'activité des producteurs de soins et les raisons de leur intervention

On ne connaît que les statistiques de mortalité qui déjà donnent des indications passionnantes. Il est aujourd'hui nécessaire de connaître la morbidité en commençant par les établissements de soins publics et privés. La généralisation du PMSI s'impose, ne serait-ce que pour cette raison, à moins que quelqu'un ait une autre mesure d'activité directement opérationnelle à proposer. Je n'ai aucun orgueil d'auteur !

Mesurer par sondage l'activité des médecins de ville en faisant dans chaque région, chaque année une enquête sur les causes de fréquentation des cabinets médicaux. L'industrie pharmaceutique le fait. Pourquoi pas la puissance publique ?
Rechercher les causes de variation inter-régionales d'utilisation des services médicaux. Une fois cette connaissance acquise il faudra en parler et ne pas appliquer de modèles mécanistes. Pour agir, il faut comprendre, même si, en attendant, on peut prendre quelques mesures conservatoires.
Utiliser l'équité comme base de toute politique de santé.

L'enveloppe départementale actuelle s'applique à un ensemble trop petit (le département) et à un ensemble fluctuant : le seul secteur public et privé à but non lucratif dont la part dans l'offre de soins varie d'un département à l'autre. Il faut régionaliser l'enveloppe et y inclure certainement le secteur privé en n'oubliant pas les honoraires des médecins travaillant dans ces établissements. Ils peuvent garder un système de tarification spécifique mais, pourquoi sont-ils hors enveloppe ? Cette étape ne peut être qu'intermédiaire, car il y a le secteur social et la médecine de ville qui sont, à l'évidence, des substituts partiels. Sans brûler les étapes une certaine équité inter-régionale même partielle serait aussi légitime qu'utile.

On pourrait aussi étudier dans un bref délai les dotations budgétaires des établissements psychiatriques et de leurs secteurs en fonction de la population desservie. Les inéquités sont, là aussi, lourdes et anciennes. Ont-elles toujours un fondement épidémiologique ?

d) Mettre en œuvre un véritable contrôle de la qualité du service rendu et à terme du rapport coût/efficience de ce service. La contre partie de ce contrôle est bien entendu la souplesse.

Il faut laisser aux établissements la liberté de s'organiser, de recruter, et probablement à terme d'ouvrir un espace de liberté jusque dans la nature et le type de rémunération des médecins d'abord mais aussi du personnel soumis au titre IV. Cela n'implique pas nécessairement la suppression de cette construction législative mais pourquoi ne pas ouvrir des fourchettes de rémunération si par ailleurs on contrôle la qualité et le coût de la production ?

Ceci veut donc dire qu'outre des mécanismes d'accréditation qui ne contrôlent que les conditions nécessaires, il faut un système de "gestion-contrôle de la qualité" audité par des experts extérieurs mandatés par l'instance régionale qui ne pourra pas longtemps ne s'intéresser qu'à la planification physique. Celle-ci est un moyen fort imparfait, nous l'avons vu. Elle ne peut être une fin.

Veiller à la concurrence public-privé.

Les mécanismes de distorsion de la concurrence sont nombreux avantageant ou pénalisant les uns ou les autres.

Nous connaissons le dossier instruit depuis plus de vingt ans. Le premier effet de cette situation est que les établissements se sont progressivement mis dans les mains de la puissance publique contre laquelle il leur est très difficile de recourir. La Loi de 91 est d'ailleurs de ce point de vue beaucoup moins protectrice que celle de 70. Un état moderne est d'abord un état de droit. Or l'arbitraire existe aussi dans notre secteur et les moyens de recours sont de fait très limités. Certes, les procédures sont complexes et peuvent donner de nombreuses raisons d'annulation en Tribunal Administratif, mais ce n'est pas très glorieux !

Le second effet est bien entendu que les bases de la concurrence restent incertaines pour fonder des stratégies d'entreprises et que l'on peut plaider pour un secteur comme pour l'autre faute de règles claires et de contrôles établis. Le fragile équilibre actuel pourrait basculer sans que personne ne s'en rendre compte. Le seul frein est aujourd'hui plus politique que juridique.

J'ai conscience que ces quelques réflexions sont trop succinctes pour traiter d'un sujet aussi complexe, mais des voies sont tracées et la recherche de mesures simples à l'effet immédiat, trop souvent avancée, reste la première excuse à l'inaction.

Jean de KERVASDOUÉ

Post Scriptum : quand vous entendez le mot "besoin", mettez vous en état d'alerte intellectuelle. Ce terme noble est souvent utilisé à des usages qui le sont moins.


(1) Aïach (P) et Cobe (D) : "Expression des symptômes et conduites de maladie. Facteurs socio-culturels et méthodologiques de différenciation". Edit. INSERM, Doin, Paris, Juin 1991
(2) Lacronique Jean-François "Cross sectional International Analysis of the consumption of short-term Medical Care Unpublished dissertation MS-MIT - Juin 1977

(3) Donald A. Redelmeier and Victor F. Fuchs-"Hospital Expenditures in the United States and Canada". The New England Journal of Medecine, March 18, 1993. Selon ces sources, il y aurait aux USA 129 admissions/an/millier d'habitants, alors que ce chiffre serait de 220 en France.
(4) D. R. G. Diagnostic related groupes - Traduit en français par groupe homogène de malade.
(5) Santé 2010, équité et efficacité du système de santé : les enjeux, commissariat général du Plan - 1993

(8) GILLICK Muriel, "The criteria of choice in Medical Policy : Radiotherapy in Massachusetts", Minerva, XV (1), Spring 1977, p. 15-31.
(9) Le Gall Jean-René, "Le profil du coût des soins intensifs", miméo, Paris, 1977.
(10) Jean de KERVASDOUE - "Les politiques de santé sont-elles adaptées à la pratique de la médecine" Sociologie du travail - 1979 N°3 - Page 250 - 273
(11) Daedalus - "Doing better and feeling worse" winter 1977
(12) Jean de KERVASDOUE "Power, Efficiency and Adoption of Innovations in Formal Organizations. Ph. D. Dissertation, Cornell University - 1973.

 

Suite (chapitre 2)


 

 
Les grands principes de l'économie de la santé
L'annuaire des réseaux de soins

?
Testez vos connaissances
sur les portefeuilles des laboratoires!

Les 10 derniers articles en Economie de la santé

 6 novembre 2002
Prédisposition génétique du cancer du sein : l’Institut Curie part en guerre

Le premier qui dit la vérité Bernard Kouchner

 4 septembre 2002
Les classements hospitaliers en ligne aux Etats-Unis

“Severed Trust“ de Georges Lundberg

 12 juillet 2002
Organismes d’accréditation, systèmes d’information et gestion des risques en santé

 8 mars 2002
Lois bioéthiques : la révision à petits pas

 19 novembre 2001
Nobel d'économie et asymétries d'information en santé

L' " intérêt de santé publique ", grand oublié du médicament ?

Malades en Europe : Une pièce en 15 actes

 20 septembre 2001
Le dernier rapport de l'Igas : institutions sociales et usagers

ss 1
   

Copyright © Medcost 2003-Tous droits réservés.

 
Dossiers
Plan du site
 
Références : Doctissimo I Caradisiac I Ados.fr I Momes.net I gnomz.com I fluctuat.net