Le
clonage reproductif :
un "crime contre l'espèce humaine"
Mathieu
Ozanam
26
février 2003
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L'introduction
dans le Code pénal d'un "crime contre l'espèce
humaine" pour le clonage reproductif constitue la mesure la
plus spectaculaire de la nouvelle loi sur la bioéthique qui
a été discutée au Sénat fin janvier
2003. Punissable d'au moins vingt ans d'emprisonnement, son délai
de prescription sera de 30 ans à compter de la majorité
de l'enfant cloné. Les Françaises qui seraient tentées
d'aller à l'étranger pour se faire transférer
un embryon pourront faire l'objet de poursuites extra-territoriales,
comme c'est le cas pour le tourisme sexuel. Ce crime trouvera "sa
place au début du livre II du code pénal consacré
aux crimes et délits contre les personnes entre les "crimes
contre l'humanité" et les "atteintes à la
personne humaine"". Cette disposition répond à
l'annonce médiatisée fin décembre 2002, et
non confirmée depuis, de la naissance d'un enfant cloné,
fruit des manipulations génétiques par une secte ufologique.
Les recherches sur les embryons surnuméraires, un pis aller
Le ministre
de la Santé demeure opposé au clonage thérapeutique
en raison du risque de voir "s'organiser un marché d'ovules"
et de laisser "la porte ouverte au clonage reproductif".
Il ne sera donc pas possible de créer des embryons à
des fins de recherche. En revanche la position de Jean-François
Mattei a évolué au sujet de l'utilisation d'embryons
surnuméraires en raison des résultats pour l'instant
mitigé des recherches sur les cellules souches prélevées
sur des organes adultes. Des dérogations pour réaliser
des recherches sur les embryons surnuméraires ne faisant
plus l'objet d'un projet parental seront accordées pour une
durée limitée à cinq ans. "A condition
qu'il n'existe pas de méthodes alternatives telles que les
cellules souche adultes ou les essais sur les animaux" avait
précisé le 15 janvier Francis Giraud, rapporteur du
projet de loi bioéthique auprès de la commission des
Affaires sociale du Sénat. Six mois avant le terme de la
dérogation, l'Office parlementaire d'évaluation pour
les choix scientifiques et technologiques et la nouvelle agence
de biomédecine rendront chacun un rapport d'évaluation
aux parlementaires.
Pour autant Jean-François Mattei s'insurge régulièrement
dans les interviews qu'il accorde sur l'usage abusif du mot "thérapeutique"
laissant entrevoir aux malades un traitement alors que la recherche
n'en est qu'à ses balbutiements. Il juge que le terme sert
de "sésame" aux scientifiques et aux médecins
pour "légitimer leurs recherches".
Le
don d'organes
Le nouveau projet
de loi choisit de délimiter précisément les
liens de parenté et les conditions de consentement des membres
du cercle familial pour les dons d'organes. Cette disposition revient
sur le choix qui avait été fait en janvier 2002 par
les députés de les étendre aux personnes possédant
un lien "stable et étroit" avec le receveur afin
de répondre à la pénurie de greffons. La définition
juridique des donneurs vivants a paru trop vague avec la crainte
d'assister à des dérives commerciales.
En revanche les personnes justifiant d'au moins deux ans de vie
commune avec le receveur pourront se proposer comme donneurs vivants.
Jean-François Mattei a cependant insisté sur la nécessité
de son "caractère subsidiaire par rapport au don cadavérique"
en raison des risques inhérents à toute opération
même s'ils sont faibles (on évalue la mortalité
à 0,2 % pour le don d'une partie de foie, et à
1 cas sur 600 pour le don d'un rein). "L'Espagne arrive parfaitement
à répondre aux besoins avec le don cadavérique"
a noté le ministre de la Santé. Pour y remédier,
la loi prévoit de systématiser l'information des 16
à 25 ans sur les modalités du consentement au don
d'organes. Une mention attestant que la communication a bien été
reçue pourrait figurer sur la carte Vitale. La non-inscription
sur le registre des refus vaudra alors un consentement tacite.
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