La
légalisation de la signature électronique
http://www.premier-ministre.gouv.fr
Nathalie
BESLAY
29 août
2000
Depuis
le 13 mars 2000, "lécrit sur support électronique
a la même force probante que lécrit sur support papier".
Autrement dit, la signature électronique est légalisée et élevée
au rang probatoire de lécrit papier.
Avant
de présenter plus précisément le nouveau dispositif légal et ses
applications en matière de santé, revenons sur la notion de signature.
Quest quune signature au sens juridique ?
La signature électronique légalisée
Les applications de la signature électronique
en matière de santé
Conclusion
Quest quune signature au sens juridique ?
Le
Conseil dEtat définit ainsi la signature dans son rapport
Internet et les réseaux numériques paru en 1998 : " procédé
qui permet de remplir avec efficacité certaines finalités :
identification du signataire et manifestation de sa volonté dadhérer
au message signé qui est réputé intègre ".
Une
signature possède donc trois fonctions essentielles :
- elle identifie
une personne (identification) ;
- elle atteste
de la volonté de cette personne (consentement et engagement) ;
- elle présume
de lexactitude et de la réalité du contenu qui a fait lobjet
de la signature (intégrité et engagement).
Tels
sont les éléments de définition repris par le législateur dans le
cadre de la loi n°2000-230 du 13 mars 2000 portant adaptation du
droit de la preuve aux technologies de linformation et relative
à la signature électronique. En effet, un article 1316-4 a été ajouté
au Code Civil et précise " la signature nécessaire à la
perfection dun acte juridique identifie celui qui lappose.
Elle manifeste le consentement des parties aux obligations qui découlent
de cet acte. (
.) ".
La signature électronique légalisée
Désormais
" lécrit sur support électronique à la même force
probante que lécrit sur support papier " ;
la signature électronique identifie et engage son auteur de la même
manière que la signature papier, " sous réserve que puisse
être dûment identifiée la personne dont elle émane et que lécrit
soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir
lintégrité. ".
En
cas de litige, les magistrats ne sont plus en mesure de faire primer
le " sacro-saint " écrit papier sur l'écrit
électronique, puisque la loi précise que " le juge règle
les conflits de preuve littérale en déterminant par tous moyens
le titre le plus vraisemblable quel quen soit le support ".
Par contrat, et par exemple, via les conditions générales des services
offerts en ligne, il pourra même être prévu que la signature électronique
prime sur tout autre support déchanges entre les parties.
En effet, le législateur permet aux parties de passer des conventions
contraires aux critères darbitrage fixés par la loi (" support
le plus vraisemblable "), et ce afin de sécuriser plus
encore la valeur de la signature électronique.
La
signature électronique consiste selon la loi "en lusage
dun procédé fiable didentification garantissant son
lien avec lacte auquel elle sattache". A toutes
fins utiles, il convient de préciser que lutilisation de clés
de chiffrement nest pas le seul procédé de signature électronique.
En effet, la loi ne limite pas la signature électronique à la cryptologie.
Plusieurs
éléments doivent en conséquence être pris en compte afin de sassurer
que le procédé technique de signature électronique pour lequel on
opte permettra la reconnaissance de la force probante de cette signature
au même titre quun écrit papier :
- la signature
électronique doit permettre lidentification du signataire,
cest-à-dire doit permettre au destinataire de lacte
de prendre connaissance de la personne qui sengage ;
- le procédé
didentification doit garantir le lien entre le signataire
et lacte auquel ce dernier sengage ;
- la signature
électronique doit être constituée et conservée pour permettre
de garantir son intégrité, cest-à-dire de garantir que le
contenu de lacte et la signature électronique elle-même
ne puissent être altérés ou quun tiers ne puisse y porter
atteinte.
Dans
certains cas, une présomption de fiabilité sera attachée à certains
procédés de signature électronique. En effet, un Décret à paraître
devrait préciser les conditions dans lesquelles des organismes spécialisés
préalablement agréés par les services du Premier Ministre chargés
de la sécurité des systèmes dinformation pourront certifier
des procédés de signature électronique.
En
létat, un projet de Décret a été proposé, qui définit la notion
de certificat électronique et les conditions dans lesquelles les
prestataires agréés sont susceptibles de fournir des prestations
de certification. Toutefois, une consultation publique a été lancée
par le gouvernement afin de permettre le recueil des avis éclairés
des professionnels concernés mais également des citoyens qui pourront
ainsi exprimer leur point de vue de " consommateur "
et témoigner de leur niveau dacceptabilité des procédés d" engagement
électronique ".
Les applications de la signature électronique
en matière de santé
Le
secteur de la santé sest distingué par deux textes intervenus
avant la réforme de la signature électronique, et qui déjà prévoyaient
lutilisation dun procédé de signature électronique.
Ces textes se rapportent à la réforme du système dinformation
de lassurance maladie et à lutilisation par les professionnels
de santé dune carte à microprocesseur, la fameuse " carte
de professionnel de santé " ou CPS.
Selon
ces textes, la CPS a vocation à produire une signature électronique
permettant lidentification du professionnel de santé concerné
et son authentification auprès des organismes dassurance maladie
procédant au remboursement des prestations de soins.
Bien
dautres applications en matière de santé sont concernées par
la signature électronique. Par exemple, les essais cliniques en
lignes : les médecins investigateurs peuvent par la signature
électronique sidentifier et sengager sur les données
recueillies auprès des personnes se livrant à des recherches biomédicales
et sur leur consignation électronique sur les cahiers de recherche.
De
même, les professionnels de santé participant à la mise en uvre
dun réseau de soins, via un système dinformation permettant
de relier tous les acteurs du réseau et de mutualiser les informations
concernant le suivi des patients, peuvent par leur signature électronique
sidentifier sur le réseau, et ainsi assurer la traçabilité
de chacune de leurs interventions auprès des patients.
Enfin,
dés lentrée en vigueur de la réforme relative à laccès
au dossier médical par chacun, des applications de gestion, de conservation
et daccès aux dossiers médicaux pourront être mises en uvre,
lutilisation de procédés de signature électronique permettant
dés lors de sécuriser ces applications dans le respect des dispositions
légales en matière de protection du secret médical, de la vie privée,
et de traitement des données nominatives.
Conclusion
Si
du point de vue juridique, la réforme sur la signature électronique
constitue une innovation majeure, du point de vue technique, différents
types de procédés de signature électronique ont depuis quelques
années été développés. Aujourdhui, et en attendant le Décret
permettant la mise en oeuvre concrète de la réforme, les procédés
ainsi développés doivent a minima réunir les éléments constitutifs
de la signature électronique cru 2000, pour pouvoir engager valablement
le signataire, lui rendre opposable les actes ainsi passés, et constituer,
à linstar dun acte écrit papier, une preuve de son engagement.
Réagissez
à cet article.
Retrouvez tous
les autres articles de la rubrique e-Droit.
|