Karine
Didi
Directrice
du réseau Océane
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Nous
faisons de la coordination
interstitielle et transversale pour
aider le patient en fin de vie.
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Propos
recueillis par
Hervé Nabarette
12
juillet 2002
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Les
financeurs et la tutelle insistent sur les "procédures organisationnelles"
que le réseau doit mettre en place. Comment l’équipe mobile a-t-elle
formalisé son intervention ?
Tout
appel à Océane est suivi d’une évaluation par un membre de l’équipe
mobile, au plus tard dans les 48 heures. Les soignants du patient
sont immédiatement contactés et plusieurs propositions sont faites
en fonction de l’évaluation de la situation. En général nous nous
déplaçons pour cette évaluation qui prend en compte de nombreux
paramètres : symptômes présentés par le patient, capacité et
désir de la famille de prendre une part active à l’accompagnement,
présence d’une équipe soignante référante, évaluation des besoins
dans le domaine social, besoin d’un soutien psychologique pour la
personne et/ou ses proches, soins infirmiers nécessaires...etc…
Il est ensuite possible de déterminer la nature de l’intervention
et des intervenants. L’intervention d’Océane requiert
l’approbation de la personne et son désir de vivre chez elle.
Nos interventions s’appuient
sur différents outils de suivi qui constituent les principaux modes
de recueil de l’information servant à l’évaluation :
- Une fiche
de contact téléphonique. Elle permet de savoir qui contacte
le réseau (famille, professionnel de santé, autres), où habite
l’appelant, que demande la personne qui contacte le réseau (un
conseil de soin, une adresse de professionnel ou de structure,
une écoute simple, une visite à domicile, un travail de coordination,
une formation, une documentation, autre chose), ce qui lui est
répondu.
- Une fiche
d’évaluation de la situation. Elle est remplie après la visite
à domicile ou à l’hôpital. Cette fiche s’appuie sur une approche
globale de la santé (aspects médicaux, psychologiques et sociaux)
et détaille les intervenants à domicile. Des cases spécifiques
permettent d’indiquer les propositions d’intervention.
- Une fiche
de suivi des interventions. Elle permet de noter au fur et
à mesure les interventions et leurs résultats.
- Un dossier
médical papier au domicile du patient.
D’un
point de vue quantitatif, quelle a été votre activité lors de cette
première année d’exercice ?
Nous
avons suivi 140 personnes à ce jour et avons collaboré avec plus
de 200 professionnels du secteur. Nous avons organisé 11 séances
de formation pluridisciplinaire sur des thèmes variés en rapport
avec les soins palliatifs à domicile au 15 juin 2002.
A propos d’une
personne
M.
I. (Aulnay-sous-Bois, 93) appelle Océane le 8 février
2002 pour son père âgé de 54 ans, porteur d’un cancer
pulmonaire multimétastatique qui souffre énormément. Le
médecin traitant, démuni, a proposé à la famille de faire
intervenir Océane dont il a entendu parler.
L’évaluation
de la situation au domicile de M. I. est faite le jour
même par le médecin coordinateur d’Océane conjointement
avec le médecin traitant. La visite confirme le désir
de M. I. de rester chez lui, entouré de son épouse et
de ses enfants.
Il
souffre (EVA variant entre 5 et 10 dans la journée), présente
un syndrome sub-occlusif (sous Skénan 60 mg matin et soir
depuis deux semaines). Il se sent angoissé par sa maladie
dont il connaît le diagnostic et le pronostic et accepte
de recevoir le psychologue d’Océane. Mme I. est soulagée
d’être enfin entendue. Elle veut pour son mari "ce
que son mari voudra…". Leurs enfants se sont rendus
très disponibles. Le médecin traitant est partant pour
une collaboration très étroite avec l’équipe d’Océane.
La douleur a plusieurs composantes. Elle nécessitera l’introduction
de morphine (PCA), Solumédrol, Rivotril, Laroxyl. Le syndrome
sub-occlusif nécessitera plusieurs lavements et l’introduction
d’Haldol.
Le
pharmacien d’officine de M. I. est contacté immédiatement
pour l’informer des traitements envisagés. Les soins infirmiers
nécessiteront l’intervention de l’HAD appelée par le médecin
d’Océane et prescrit par le médecin traitant. Un travailleur
social interviendra afin de mettre en place, quelques
heures d’aide ménagère et de permettre à Mme I. de se
reposer une fois par semaine. Les coordonnées de bénévoles
d’accompagnement ont été données à Mme I. qui les contactera
en cas de besoin.
Depuis,
M. I. vit chez lui. Malgré son état de santé qui s’aggrave,
il se lève de son lit, mange à nouveau et plaisante avec
nous. Il gère parfaitement sa pompe à morphine (dose 576
mg en IV continue et Bolus de16 mg possibles toutes les
30 minutes le 21 février 2002). La douleur, extrêmement
diminuée, garde quand même des pics paroxystiques, en
particulier la nuit. M. I. voit la psychologue d’Océane
une fois par semaine. Le médecin traitant passe tous les
deux jours et n’hésite pas à appeler Océane en cas de
nouveaux symptômes. La famille a des contacts téléphoniques
quasi quotidiens avec l’équipe d’Océane. La famille prépare
une fête pour la semaine prochaine : M. I. aura 54
ans.
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12
juillet 2002
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