Guy-Charles
Fanneau de La Horie
Biogen
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"Biogen
investit 30 % en R&D, l’un des plus élevés investissements
de l’industrie biotechnologie"
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Mathieu
OZANAM
12
juillet 2002
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Cette
année 2002 sera une année charnière avec l’élargissement de votre
bassin pharmaco-clinique...
Après
avoir développé des molécules pour les autres laboratoires, Biogen
veut dorénavant commercialiser ses propres produits et ne plus être
une société qui vit de ses royalties. Biogen a vocation à être une
entreprise globale. Le 23 mai la FDA a annoncé que son "Dermatologic
& Ophthalmic Drug Advisory Committee" a voté pour recommander
l’approbation d’Amevive pour le traitement du psoriasis chronique
modère a sévère. Cette maladie touche 8 à 10 millions
de personnes en Europe et en Amérique du Nord et approximativement
2,5 millions de personnes souffrant de la forme sévère de la maladie.
Le corps entier du malade peut être affecté entraînant de grandes
difficultés dans la vie quotidienne des patients. Croyez-moi, il
ne s’agit pas du tout d’une maladie "cosmétique". Avec Amevive,
la durée moyenne de réponse est de 7 mois sans traitement et sans
réapparition de la maladie.
Antegren,
est ensuite la molécule très avancée. Il s’agit d’un nouveau produit
contre la SEP, qui sera commercialisé aux alentours de 2004-2005
a la suite d’essais clinique de phase III positif. Au-delà de 2004,
plusieurs nouvelles indications sont possibles pour certains de
nos produits : Amevive pour polyarthrites rhumatoides et Antegren
pour d’autres maladies auto-immunes telles que la maladie de Crohn.
Quelle
est votre stratégie de développement dans les années qui viennent ?
Des rumeurs ont couru à l’automne à propos d’une fusion avec la
société de biotechnologie Celltech ?
Nous
n’avons pas pour habitude de commenter les rumeurs. En ce qui concerne
notre stratégie de développement, elle consiste à ne nous intéresser
qu’aux produits à fort service médical rendu dans 4 grandes classes
thérapeutiques : immunomodulation, maladies neurodégénératives
(SEP, Alzheimer), fibrose et oncologie. Nous visons les marchés
de niche que représentent les maladies graves sans thérapies satisfaisantes,
afin de devenir le traitement de référence. Cette démarche est très
exigeante et nous a conduit en 1994 à renoncer au lancement de Hirulog,
un médicament contre les Angor instables. Les essais cliniques n’ont
pas permis de démontrer une efficacité supérieure par rapport aux
produits déjà sur le marché. Ce choix était dicté par une certaine
éthique, à laquelle la présence de plusieurs prix Nobel parmi nos
fondateurs n’était pas étrangère.
Quelles
sont vos relations avec les associations de patients ? Vous
avez ouvert un site Internet pour le grand public, pourrait-il être
utilisé pour recruter des patients pour des essais cliniques ?
Nous
sommes partenaires de deux grandes associations de patients en Europe :
l’EMSP (Plate-forme européenne de la sclérose en plaques) et MSIF
(la Fédération des Associations de Sclérose en Plaques). Etant
donné que les malades de SEP voient leurs médecins 1 à 2 fois par
an, nous communiquons sur les essais cliniques que nous menons,
par le biais des associations pour qu’ils puissent participer aux
essais. Nous n’envisageons pas aujourd’hui de réaliser des essais
cliniques en ligne.
Biogen
développe une politique d’ouverture à l’égard des patients, comme
en témoigne notre centre d’appel aux US. Ce service reçoit chaque
jour 1500 appels téléphoniques auxquels répondent nos 85 employés,
qui sont, soit dit en passant, plus nombreux que nos visiteurs médicaux.
Enfin notre site Internet MSACtiveSource.com
rassemble une information précise et complète aux patients, complémentaires
à celle que diffuse les associations de patients. Il ne s’agit pas
d’un site dédié à nos produits.
Laurent
Fabius, ministre de l'Economie et des Finances, a initié un plan
de soutien aux investissements dans les biotechnologies. Que pensez-vous
du secteur des biotechnologies en France ?
Nos
premiers laboratoires de recherches étaient à Genève ; Biogen
a donc une très forte assise européenne. Je pense que plus la recherche
européenne se développera, meilleur ce sera pour la recherche médicale
globale.
Le
système américain présente l’avantage pour un scientifique de pouvoir
conserver son statut de chercheur public, tout en ayant une activité
orientée vers le secteur privé. C’est par exemple le cas de Philip
Sharp, l’un des fondateurs de Biogen qui est également professeur
au MIT et Prix Nobel. Nous sommes aujourd’hui engagés dans deux
partenariats de recherche avec le MIT, dans un échange gagnant-
gagnant très fructueux. Il faut savoir que Biogen investit autant
en R&D qu’en marketing, soit en moyenne 2 fois plus les autres
laboratoires.
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12
juillet 2002
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