Thierry
Boccara
PDG
du Groupe OPTIUM
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"Les
activités Qualité Logicielle sont intégrées avec plus
ou moins de résistance dans le secteur de la santé".
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Propos
recueillis par Elie
Lobel
12
juillet 2002
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La
qualité logicielle fait-elle aujourd'hui pleinement partie des projets
informatiques ?
Les
problématiques posées par le passage à l’an 2000 et la refonte de
nombreuses chaînes applicatives pour le passage à l’Euro, ont participé
à une forte prise de conscience de la part des Directions des Systèmes
d’information (DSI) quant à la nécessité d’industrialiser les activités
de Test. Depuis 1998 environ, le marché national, très latin par
rapport à cette problématique, n’abordait pas ce problème avec le
professionnalisme qu’il mérite. Nécessité faisant loi, d’importants
budgets ont été dépensés pour mettre en place des moyens logiciels
et humains, des organisations projets tout à fait dimensionnées.
Et tout cela a été bénéfique au vu des résultats ; globalement
le passage à l’an 2000 s’est excellemment déroulé, tout comme la
gestion de la nouvelle devise.
L’état
d’esprit du marché par rapport à ce que nous appelons "l’activité
QL", se rapproche de celui des pays anglo-saxons qui dépensent
sans hésiter des budgets significatifs en achat de logiciels d’outils
de test, de gestion de projets, de gestion et suivi d’incidents
et en achat de prestation de spécialistes de ces problématiques,
dont Optium
fait partie, bien entendu. Plus précisément, les clients expriment
au marché des demandes qui n’existaient pas il y a 5 ans (équipe
d’homologateurs, consultant méthode de tests, consultant en stratégie
d’automatisation, intégration de moyens logiciels structurants –
voir ci-dessus -, délégation de responsabilité sur des activités
de validation fonctionnelle liées à des applications circonscrites,
…).
Quelle
part du budget global du déploiement d'une application logicielle
d'entreprise doit être consacrée à la qualité ?
Là
aussi, cela dépend des donneurs d’ordre : une grosse PME n’exprimera
pas son besoin de la même manière qu’un grand compte. Dans le premier
cas, on exprimera un besoin de fonctionnalité, qui est l’objectif
final, et de l’autre on aura tendance à détailler chaque étape.
Donc sans tenir compte de la manière dont les projets sont présentés
par les clients, tant sur un plan budgétaire que contenu, l’addition
de toutes les activités telles que présentées dans la réponse à
votre première réponse, le budget réel global lié à toutes ces activités
représente en final environ 40 % d’un projet informatique (entre
l’étude préalable et le déploiement). Il est cependant clair, que
lors de la construction des budgets informatiques, cette masse budgétaire
n’est pas clairement identifiée, car elle est composée d’activités
dépendant de nombreux services de l’entreprise (MOA, représentants
des utilisateurs, et côté MOE, on retrouve les études, la pré-production
et la production elle-même).
Existe-t-il
des contraintes spécifiques suivant les domaines d'activité, en
particulier celui de la santé ?
La
nature des applications liées à la Santé ne semble pas apporter
de particularité singulière. De plus le marché de la Santé regroupe
des familles d’acteurs très disparates :
- Les médecins,
apparentés à une société unipersonnelle et se comportant plus
comme des utilisateurs au sens entendu dans notre première réponse,
- Les hôpitaux,
que l’on peut classer dans leur fonctionnement, à des PME,
- L’industrie
pharmaceutique, qui est une industrie au sens traditionnel, avec
4 informatiques (l’informatique de gestion, l’informatique scientifique,
l’informatique industrielle et l’informatique des forces de vente
– les VM - ),
- Les organismes
paritaires et proches de l’état (CNAMTS, CRAM, CPAM, Ministère
de tutelle, mutuelles, …)
La
clientèle est à plusieurs dimensions. On retrouve les patients ou
assurés, qui sont le dénominateur commun de tous ces acteurs, les
médecins qui sont aussi des clients pour l’industrie pharmaceutique
par exemple.
Compte
tenu de la nature de certaines informations manipulées par ces systèmes,
les aspects liés à la sécurité sont particulièrement à soigner :
- Le très grand
nombre d’utilisateurs, en ce qui concerne les organismes paritaires,
entraîne une volumétrie importante des données à stocker ainsi
qu’une vérification soignée des performances des systèmes.
- Les médecins,
population très occupée, exposée à de nombreux risques professionnels,
sont des utilisateurs exigeants et aux agendas chargés ;
les applications doivent être particulièrement simples à prendre
en main ; l’ergonomie, la simplicité d’utilisation et l’absence
de contraintes d’exploitation, doivent être particulièrement surveillés
lors de l’élaboration des applications qui leur sont mises à disposition.
- Les hôpitaux,
PME manipulant des informations sensibles, aux moyens toujours
comptés ont des contraintes de type PME, dont il faut tenir compte
dans l’élaboration des applications qui sont conçues à leur intention.
Toutes
ces problématiques font naturellement partie des activités dites
"amonts" de l’activité QL. Il est donc indispensable pour
maximiser la réussite de certaines natures de projets, de mettre
l’accent sur ces spécificités.
Les
hôpitaux, qui sont amenés à déployer d'importantes applications
logicielles d'administration ou de gestion du dossier médical vous
semblent-ils sensibilisés à cette pratique ?
L’industrie
pharmaceutique dans son ensemble a suivi les bons réflexes des grands
donneurs d’ordres à partir de 1998-1999. D’autre part, leur
culture industrielle les a naturellement amenés à intégrer ces activités
de QL dans leur gestion de projet. Il en va de même pour les organismes
paritaires type CNAMTS, CRAM, CPAM. D’ailleurs leurs systèmes d’information
sont actuellement en pleine mutation. Les activités QL sont cependant
intégrées avec plus ou moins de résistance pour des raisons culturelles
et aussi de gestion serrée de leurs budgets. Jusqu’à présent, ils
étaient obligés de prendre le moins-disant, qui naturellement, allégeait
certaines activités de QL, au détriment des bonnes relations client-fournisseur
et de la qualité du produit livré.
Dans
les hôpitaux, la conscience est sûrement présente, mais les contraintes
budgétaires, et la gestion de type PME montrant une capacité moyenne
à structurer et organiser sereinement les projets, et le facteur
temps lié à cette organisation, dirons-nous perfectible, les amènent
à faire quelques impasses sur le sujet de cette interview.
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12
juillet 2002
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