Janvier
1999
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Daniel
Désir
Médecin et responsable du réseau
Intranet / Internet de
l'hôpital Erasme à Bruxelles
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Internet
Healthcare Coalition : Promouvoir à l'échelle internationale la
coopération et la qualité dans le domaine de l'Internet médical
Claude
MALHURET
Spécialiste
en médecine interne et diabétologie, Daniel Désir exerce à lHôpital
Erasme de Bruxelles. Outre sa fonction de clinicien, il est adjoint
du médecin directeur de létablissement et notamment chargé
du projet Intranet / Internet de lhôpital et co-responsable
de son site
Web. A ce titre, il a été lun des rares représentants
de lInternet médical francophone au congrès de lInternet
Healthcare Coalition qui sest déroulé à Washington en octobre
dernier.
En
inaugurant le-mail comme vecteur de linterview, il a
accepté de faire le point sur cette manifestation et donner son
opinion sur le paysage international de lInternet médical.
Vous
avez participé les 5 et 6 octobre à la première réunion plénière
de lInternet Healthcare Coalition. Pouvez-vous nous dire quelques
mots de ce groupe et de ses objectifs ?
LIHC
est une association (à but non lucratif) internationale à dominante
nord-américaine, née en 1997, dont le but est de mettre en contact
les animateurs de sites Web dans le domaine de la santé. Y sont
conviés des représentants des universités, des hôpitaux, des pouvoirs
publics (gouvernements, administrations, agences), de lindustrie
pharmaceutique, des bibliothèques médicales, des créateurs de moteurs
de recherche mais aussi des associations de patients et des groupes
en tout genre du paysage médico-sanitaire. Environ 200 participants
étaient réunis à Washington autour de ces thèmes. La principale
préoccupation des promoteurs est de réfléchir à lémergence
de standards de qualité, voire de " labels "
délivrés par des organismes ad hoc pour distinguer sur Internet
linformation de qualité du charlatanisme le plus débridé.
Deux
francophones à cette réunion (dont vous-même) et aucun Français.
Le fossé qui nous sépare des Etats-Unis dans lutilisation
de lInternet est-il en train de se creuser ?
Il
serait certainement hasardeux de généraliser. Il est vrai que à
mon expérience récente dun forum de discussion français (REMED)
à propos de la santé sur Internet me fait craindre certains excès
" franchouillards " ethno-centrés, pour cette
nouvelle discipline. LInternet ne connaît à ce jour ni frontière,
ni barrière, ni censure. Il est dangereux de laisser les Américains
capter lattention de la planète, ouvrir à leur profit les
vannes du commerce électronique, exercer à plein leur impérialisme
de linformation, sans aucun contre-poids culturel, notamment
francophone. Pour cerner ce danger, il faut le connaître, cest-à-dire
saisir toutes les occasions de fréquenter les Internautes et les
Webmasters outre-Atlantique, sur le Web et sur place.
Quelles ont été les
principales tendances de lInternet en santé évoquées lors
de la réunion de lIHC ?
On observe un extraordinaire
foisonnement de sites médico-sanitaires sur Internet, du meilleur
au pire, sans que rien ne puisse distinguer officiellement les informations
fondées, revues et critiquées, des fumisteries les plus délirantes.
Quelques chiffres sont significatifs : environ 60 % des médecins
américains auraient accès à Internet, soit dans le cadre de leur
activité professionnelle, soit directement, soit par le biais dun
collaborateur " branché " auquel ils délèguent
la recherche dinformation et la gestion de leur courrier électronique.
Medscape fait
état de près dun million dabonnés, dont 75 % de médecins
(et autres prestataires de soins) et de 25 % de " consommateurs "
(patients, assurés, citoyens curieux). En terme de " consommation ",
la santé est lun des thèmes les plus visités sur Internet,
mais beaucoup des sites concernés sont consacrés aux " approches
alternatives " : celles-ci regroupent des centaines
de formes de médecines " non traditionnelles "
(soins par les plantes, homéopathie, acupuncture, promotion des
vitamines, cures miracles contre le cancer, remèdes miracles contre
lexcès de poids, etc
), que certains baptisent " médecines
parallèles ", mais que nous préférons souvent en Belgique
qualifier de " médecines perpendiculaires ".
Suite
de l'interview
17 janvier 1999
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