Septembre
2000
Mark
Weitner
Directeur marketing
et commercial
de Parabon Computation, Inc.
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"Notre
technologie permet d'agréger les capacités de traitement
des millions d'ordinateurs dans le monde connectés à Internet,
pendant qu'ils sont en veille."
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Propos recueillis par
Gaëlle
LAYANI
25
août 2000
Comment le Dr Steven Armentrout, qui est le président Parabon, a-t-il
eu l'idée d'utiliser les ordinateurs connectés à Internet pour créer
un supercalculateur virtuel ?
En
tant qu'informaticien, le Dr. Armentrout est confronté depuis de
nombreuses années au problème de la limitation des ressources en
termes de calcul, lorsqu'il doit résoudre les nombreux problèmes
scientifiques et commerciaux sur lesquels il travaille. Il a donc
recherché le moyen de combiner ou agréger la puissance des nombreux
ordinateurs utilisés dans le monde à des fins commerciales. L'utilisation
croissante d'Internet lui a permis de relier facilement les ordinateurs
personnels afin de fournir une puissance de calcul importante et
domestiquée aux entreprises. Nous appelons cela "Internet Computing".
En
juin 1999, le Dr. Armentrout a consacré son temps et ses
ressources à la création de Parabon
Computation, Inc. Aujourd'hui, Parabon est la première société
d'informatique distribuée qui participe à des projets commerciaux
ou non.
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots comment fonctionne votre
solution ?
Notre
technologie permet d'agréger de façon sûre et discrète les capacités
de traitement disponibles des millions d'ordinateurs dans le monde
connectés à Internet, pendant qu'ils sont en veille. Elle fournit
ensuite la puissance récoltée à des entreprises qui doivent traiter
des quantités importantes de données.
Notre
plate-forme, baptisée FrontierÔ , divise les problèmes à traiter
en tâches puis les répartit entre les nombreux ordinateurs dans
le monde sur lesquels notre application PioneerÔ a été préalablement
téléchargée. Pioneer traite alors ces tâches lorsque l'ordinateur
est en veille. Une fois traitées, elles sont renvoyées à Parabon,
pour être réassemblées. Les résultats sont ensuite retournés au
client (pour en savoir plus, lire notre article Ordinateurs
de tous pays, unissez-vous ! L'apport de l'informatique distribuée
dans la recherche clinique).
La sécurité doit être un vrai sujet de préoccupation pour vos clients.
Quels arguments utilisez-vous pour les rassurer ?
Depuis
le début, Parabon Computation a tout à fait conscience de la nécessité
de mettre en place un environnement particulièrement sûr pour nos
clients. Frontier comprend sept niveaux de sécurité :
-
Contrôle
client : nos clients utilisent directement la plate-forme
Frontier depuis leur ordinateur. Lors de la soumission des problèmes
(c'est-à-dire des programmes) à Frontier, les clients conservent
le plein contrôle de tout le code source et des attributs de
programmation au sein de leur environnement. De plus, Parabon
leur permet de pré-traiter leur code avant de soumettre le problème
à Frontier. De cette manière, les clients comprennent mieux
quelles informations sont traitées et comment avant qu'elles
ne quittent la société.
-
Division
en tâches : les programmes soumis sont divisés en très
petits éléments distincts appelés "tâches". Par conséquent,
cela rend difficile, sinon impossible, l'identification des
informations et données traitées.
Vous avez récemment lancé avec le National Cancer Institute le projet
"Compute Against Cancer". Comment est-il né et quels sont
ses objectifs ?
Parabon
Computation a commencé à travailler avec le National Cancer Institute
en mai de cette année. Nous avons recherché quel projet de recherche
contre le cancer semblait le plus approprié au NIC. Le projet choisi
(cf. notre
communiqué de presse du 25 juillet 2000) est de ceux
qui requiert une puissance de calcul importante. Le NCI a déjà tenté
de le mettre en uvre, mais les programmes ont tourné pendant
plus de trois mois sans fournir de résultats. Ce projet doit permettre
au NCI de mieux comprendre la façon dont les gènes réagissent à
différents traitements anticancéreux, afin de découvrir des traitements
plus efficaces
Combien d'ordinateurs participent au projet ?
Actuellement,
pour le moment, plusieurs centaines de particuliers ont accepté
de "prêter" leur ordinateur, mais nous estimons que leur
nombre atteindra près de 5000 à la fin du projet.
Un grand nombre de données vont être traitées. Quels sont vos attentes
concernant le nombre d'ordinateurs participants et la puissance
de traitement obtenue ?
Actuellement,
plus de 300 millions d'ordinateurs dans le monde qui sont connectés
à Internet. La puissance conjuguée de ces ordinateurs est bien supérieure
à celle de n'importe quel projet de supercalculateur envisagé. Nous
estimons qu'un million d'ordinateurs dans le monde feront partie
de notre réseau l'année prochaine.
Sélectionnez-vous les participants en fonction
de leur système d'exploitation ?
Non,
car Pioneer a été développé de façon à ce que le traitement des
données soit indépendant du système d'exploitation. Actuellement,
la plupart des ordinateurs tournent sous Windows (95, 98 et 2000)
ou NT.
Les particuliers recevront-ils une compensation
pour le "prêt" de leur ordinateur ?
Nous
ne les dédommageons pas actuellement, car nos projets ne sont pas
des projets commerciaux ou à but lucratif. Quand nous lancerons
des projets commerciaux, nous leur offrirons alors une compensation.
Nous prévoyons cela pour l'automne 2000.
N'importe qui peut télécharger Pioneer depuis votre site Web, même
des pirates... N'est-ce pas dangereux, selon vous ?
Pioneer
a été conçu pour isoler l'exécution des tâches dans le but d'empêcher
toute lecture, utilisation ou intrusion non autorisés. C'est pourquoi
nous avons choisi de ne supporter que le langage de programmation
Java. Les autres langages (C ou le C++, par exemple) n'offrent
aucune protection intrinsèque, alors que Java a été développé pour
être parfaitement sûr, et ce dès le début.
Un
nombre infini de sites Web utilise des applets Java, qui permettent
l'affichage de contenus interactifs et d'images animées. Chaque
fois que vous visitez une page contenant ces applets, du code Java
est téléchargé sur votre ordinateur où il opère de façon sûre.
Ce
qui rend ces applets sûres, c'est l'environnement restreint et indépendant
dans lequel leur code fonctionne. Pioneer traite les tâches au sein
de cet environnement. Nous avons ajouté des mécanismes de restriction
et de sécurité encore plus strictes qui font de cet environnement
une véritable chambre forte. Les tâches que Pioneer récupère sur
le serveur ne peuvent pas interagir avec vos données ou programmes
ni les faire interagir avec d'autres programmes ou données. Elles
ne peuvent pas non plus provoquer leur altération ou leur modification.
Pioneer
vérifie l'intégrité du code de la tâche avant de l'exécuter. Le
système de la chambre forte interdit aux tâches de se connecter
à un réseau quelconque, excepté au serveur Frontier. Pioneer,
enfermé au sein d'un environnement impénétrable, se concentre uniquement
sur les tâches de calcul. Il est donc plus sûr de le faire fonctionner
que de surfer sur le Web.
Pioneer
n'a pas d'yeux pour lire votre carte de crédit, pas de mains pour
toucher vos fichiers et programmes, pas de bouche pour converser
avec des ordinateurs extérieurs. Son utilisation n'accroît en aucun
cas les risques de piratage.
Avez-vous d'autres projets dans le domaine médical et pharmaceutique ?
Oui.
Outre le projet NCI, Parabon travaille sur plusieurs projets médicaux
et pharmaceutiques. Comme nous l'avons annoncé le 15 août dernier,
une grande université (West Virginia University) et SmithKline Beecham
ont lancé un projet de recherche dans le cadre de notre programme
Compute Against CancerSM, afin de mieux comprendre
comment différents facteurs dans la chimiothérapie peuvent influer
sur la qualité de vie des malades. Nous travaillons également avec
plusieurs autres sociétés qui utilisent la plate-forme Frontier
pour effectuer des analyses d'ADN, toujours dans le cadre de la
recherche de traitements contre le cancer.
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25
août 2000
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