Découvrez Medcost

Plan du site

Contactez-nous

33, rue Raffet
75 016 Paris
Tél : 01 42 15 08 08

Juillet 2000

Dr Richard Wild

Pierre COSTA


"J’ai bien l’honneur (c’est bien d’honneur dont il s’agit) de donner ma démission de la vice-présidence nationale du SML."


24 juillet 2000

Comment conciliez-vous vos activités de médecin et de Maître Toile de Médito ?

La médecine et Internet vont très bien ensemble. Ceux qui craignent qu’une activité phagocyte l’autre, se trompent. On ne perd pas son temps avec Internet, on en gagne. Ce temps gagné permet d’aborder sans cesse d’autres domaines. A chacun de connaître ses limites.

L’informatique est déjà une sorte de prothèse mentale qui nous permet de décupler certaines de nos facultés. Internet rajoute des dimensions supplémentaires. Internet est souverain dans les domaines de l’échange et de la disponibilité de l’information. L’informatique et Internet permettent une densification de la réflexion. Espérons que ces nouvelles connaissances feront de nous des hommes meilleurs !

Les professionnels de santé ne doivent pas avoir peur de s’investir dans le Web. Pas dans un esprit de conquête, qui n’a pas grand sens sur Internet, mais comme une expérience individuelle. Internet est une grande chance pour le développement personnel.

Comment évoluez-vous dans cet univers de clivages politiques apparus depuis le récent développement de l'Internet médical ? Quelle est votre position concernant les résultats définitifs des élections au sein des Unions Régionales des Médecins Libéraux ?

Je suppose que vous me posez ces questions, en raison de ma fonction de vice-président national du 2ème syndicat de médecins libéraux français. Attention, si vous pensiez faire une interview de tout repos vous allez être surpris !

Je développe quelques idées personnelles sur ces sujets et je vous livre un scoop.

Il faut se poser des questions sur le surinvestissement syndical dans les unions et Libéralis :

- Choix qui bloquent énormément d'énergie.

- Choix très discutables en terme de bénéfices concrets pour la cause libérale.

- Choix qui obscurcissent passablement les esprits, tellement les positions sont parfois dogmatiques.

- Choix critiquable que celui que de faire coïncider notre sort avec celui de cet organisme peu convaincant ou discrédité.

En faisant le choix malheureux de mettre la plupart de nos efforts et de nos espoirs dans ces pauvres unions, nous sommes en passe de faire du syndicalisme archaïque.

Les médecins comprennent de moins en moins que l'on leur vende grosso modo l'informatique communicante et à plus ou moins long terme la télétransmission, le tout au prix fort, sans que l'on en ait obtenu en contrepartie le moindre avantage. Les discours emberlificotés n'y changent rien. Ils ont l'intuition que les unions risquent d'avoir des rôles de flicage supplémentaire et de délation entre confrères. La logique sous-jacente à la collecte redondante des données ne participant qu'au mieux qu'à une logique de prix et de volume. On est bien loin d'une conception moderne centrée sur la responsabilité, le maillage des compétences, la qualité et surtout l'intérêt du patient.

Les médecins ont quand même eu le temps de constater l'impuissance des unions. Et je passe sur les autres sornettes comme le recueil exhaustif des données comptables, le fait que la télétransmission des résultats ait attendu Liberalis…

Et maintenant le scoop...

La prochaine assemblée générale élective de mon syndicat aura lieu en septembre.

Elle se déroulera dans un contexte d’affaires et de mise en examen du Président.

La prochaine assemblée générale a toutes les chances d’être orchestrée de manière à se transformer en séance de soutien au président et à ses actions… à 99 %.

L’autosatisfaction triomphera. On se régalera de quelques points gagnés ici ou là aux dernières élections sur les confrères de l’autre bord.

Les dossiers ne seront toujours pas traités en profondeur. Il n’y aura toujours pas de commissions techniques sérieuses. Et l’on continuera à surfer sur la surface des choses, les "coups" et les effets de manche.

Et pendant ce temps la médecine libérale continuera à s’enfoncer dans le mépris et l’inefficacité syndicale la plus complète.

Pour ne pas déroger, on proposera sans doute, une énième manifestation sur la voie publique. Manifestation qui ne réunira que des membres des appareils. Manifestation sensée "tester notre détermination", "manifestation de la dernière chance"…

C’était la même histoire il y a dix ans, ce sera la même histoire dans dix ans, si on ne réagit pas.

Pour ne pas cautionner ce scénario autant convenu qu’inutile, j’ai bien l’honneur (c’est bien d’honneur dont il s’agit) de donner ma démission de la vice-présidence nationale. Medcost a la primeur de cette info.

Il existe actuellement plus de 20 000 sites médicaux aux Etats-Unis ; En France, de nouveaux se créent toutes les semaines ; A terme, la situation ne risque-t-elle pas de devenir confuse pour le grand public ?

Cette question est loin d’être anodine. Vous ne m’en voudrez pas de m’étendre un peu là dessus.

Il faut poser d’emblée la question de la multiplicité des approches des sites médicaux.

On trouve des sites personnels non marchands et des sites à vocation commerciale, des sites associatifs et une ribambelle de sites qui naviguent entre ces entités.

Les sites personnels ou sites d’auteur n’ont pas forcément pour vocation de délivrer une information médicale au sens habituel. Ils remplissent des fonctions d’implication et de proximité.

Implication du professionnel qui se livre plus ou moins à ses visiteurs et qui cherche avant tout une interaction. Le médical peut alors n’être qu’un prétexte.

Proximité : Les sites personnels de proximité seront des sortes de prolongements du cabinet médical.

Ce n’est pas du tout anecdotique et il y aura de plus en plus de sites personnels.

Ces sites n’ont pas l’ambition d’être des portails incontournables. Ils sont très ciblés. Ils rempliront leur rôle.

Il ne faut pas oublier que c’est cette galaxie qui fait le fond de la toile. Elle n’est pas toujours prise en compte à sa vraie valeur, car elle ne génère pas de retombées publicitaires ou commerciales. Oublier l’importance du site perso c’est faire l’impasse sur la dimension "personnelle" du professionnel.

Les sites médicaux à vocation commerciale :

Je me demande si ce n’est pas un gaspillage d’énergie, pour des médecins non spécifiquement formés, que de s’essayer à l’Internet commercial. C’est vraiment dommage que de ne considérer cette magnifique aventure que sous l’angle de la rentabilité… et de se casser la figure ensuite.

On voit des médecins fébriles qui cherchent à créer des start-up sans rien y connaître, sans autre finalité que la création elle-même. Cette ambiance de "ruée vers l’or" qui gagne peu à peu l’Internet médical en dit long sur le manque de vision à long terme de la profession.

Entendons-nous bien. Je n’ai rien contre l’Internet marchand qui a pignon sur rue et qui fait bien son travail et qui a sa raison d’être.

Par contre j’ai une certaine animosité contre un Internet médical prétendument indépendant et qui cherche à vendre sa "daube", en s’affranchissant parfois de la déontologie et des règles élémentaires. Ils n’ont pas assez de courage pour se lancer dans une vraie entreprise, et papillonnent par-ci par-là sans vraiment réussir où que ce soit.

Pour finir, le milieu associatif Internet.

A priori un support associatif basé sur les bonnes volontés semble une bonne idée.

On ne doit pas se dissimuler la réalité cependant. Les associations naissantes ressemblent plus à des tribus sauvages qu’à de véritables pôles fédérateurs.

Pour ne citer qu’un exemple du chemin qui reste à parcourir. L’affaire "Apicrypt" où un président d’association de défense des utilisateurs de logiciels s’est permis de soutenir officiellement, sous sa casquette de président, un logiciel de diffusion confidentielle, propriétaire. Gros problème si comme ici, de surcroît, il apparaît que le président en question est impliqué dans la conception de ce logiciel et qu’il s’est bien gardé de "révéler" ce fait. Comment prétendre dans ces conditions vouloir être un interlocuteur reconnu des tutelles et des industriels ?

Je note que vous mettez des majuscules à Maître Toile dans la première question ! Je ne voudrais faire de peine à personne, mais de nombreux maîtres toiles devraient se contenter de toutes petites minuscules. On se demande parfois si ces associations ne correspondent pas tout simplement aux désirs d’une poignée d’individus de s’auto promouvoir et de se donner de l’importance en opérant une sélection sur le web. Aucun intérêt dans leur immense majorité.

Selon vous, comment est-il possible de fédérer des communautés sur le web et d'instaurer des passerelles entre des systèmes d'information différents ?

La fédération c’est un état d’esprit. Tout le monde ne le partage pas. La fédération de communautés n’est pas un but en soi.La logique de la fédération est celle des espaces finis. La fédération repose sur l’unité géographique et l’économie.

Fédérer pour fédérer est un contre-sens dans une structure infinie comme celle du Web. C’est plutôt un concept ancien emprunté aux supports d’information traditionnels.

Dans le temps, il fallait absolument mettre en commun les énergies. Le regroupement est un rêve de gestionnaire. Les pages d’un site sont pourtant ubiquitaires. Pourquoi vouloir unir les sites à tout prix ? Internet est le lieu de la plus complète infidélité. Aujourd’hui on fréquente le site X ou Y demain le site A et B. C’est cet "amour libre" qui fait qu’Internet progresse et est vivant. Mariés à jamais les sites perdent vite de leur charme. Alors pourquoi ne pas plutôt envisager des mises en commun transversales et limitées dans le temps ?

En pratique, on retrouve souvent le concept de fédération, décliné dans une logique féodale. Des petits sites espèrent bénéficier de la protection et de la force d’entraînement d’un plus gros site. Les gros sites s’y prêtent quand ils espèrent faire la loi.

Sur Internet, on est plutôt dans une logique d’essaimage que de regroupement. Les sites poussent les uns à côté des autres et tendent à occuper le maximum de terrain. Puis ils essaiment ailleurs. Chaque site viable à vocation à s’étendre dans l’espace. Les sites qui marchent deviennent inéluctablement des sortes de portails.

Les assemblages de sites sans qualité, font tout au plus un gros site sans qualité.

Mais que veut dire être gros sur le web ?

La fédération de communautés sur le web peut se concevoir soit par l’intermédiaire d’associations, soit par le biais de portails.

Mais franchement les vrais portails du web, sont les grands moteurs de recherche. Vouloir limiter les questions traitées à 2 ou 3 éclairages d’une communauté fermée du web est un non-sens. Toujours le vieux fantasme du "client" captif qui a tant marqué une certaine logique civile et commerciale. Cela fait peut-être le bonheur d’une poignée d’individus mais cela ne correspond pas à l’intérêt général.

Comment peut-on instaurer des passerelles entre des systèmes d'information différents ?

"Internet" peut fonctionner grâce à un assemblage de standards librement acceptés, discutés et développés de façon raisonnée entre pairs (les fameuses RFC). On est aux antipodes des formats exclusifs imposés par une seule entreprise et fonctionnant comme autant de péages et d'impôts privés. Les problèmes apparaissent en premier lieu lorsqu'une entreprise en position dominante cherche à imposer à tout prix ses propres protocoles brevetés.

Tout le monde peut se comprendre. On peut même communiquer librement de manière cryptée. La loi le permet depuis peu. Et l'on s'obstine - par habitude, par ignorance ? - à vouloir donner dans le captif et propriétaire !

Quel rôle peut jouer Internet, à quel horizon et avec quels partenaires ?

C’est la question à 1 000 000 de maravédis ! Tous les mois le paysage change, les techniques évoluent radicalement. Le gros problème, pour un heureux internaute voyageur dans le temps, à son retour, sera de comprendre lui-même ce qu’il lui est arrivé et de faire comprendre tout ce qu’il a vu.

Alors ne m’en demandez pas trop. La seule certitude c’est que les plus grandes surprises sont pour plus tard. En particulier quand une bonne partie de la population aura fait le bond conceptuel de la dématérialisation de l’info. Si c’est l’angle économique qui vous intéresse voilà un petit éclairage. Je vois très clairement dans ma boule de cristal que l’information tendra vers la gratuité. Les marchands se rattraperont sur les prestations annexes. Mais cela ne se fera pas sans quelques sérieux affrontements de concepts diamétralement opposés.

Comment les médecins (généralistes et spécialistes) qui s'exposent sur le web médical conserveront-ils leur indépendance ?

S’ils savent échapper à la logique féodale, aux carcans associatifs et aux messages des commerciaux, ils resteront parfaitement indépendants. Je ne suis pas trop inquiet. Les mentalités évoluent. L’information faite par les sites vraiment indépendants fait son chemin.

Quel est le code d’éthique de médito ?

Quelques règles de savoir vivre qui sont en fait les bases de la nétiquette. Le respect scrupuleux de la loi et de la déontologie. Que demander de plus ?

Comment en êtes-vous venu à l'informatique et à Internet ?

Une vieille affaire de famille. Je nage dans l’informatique depuis une vingtaine d’années.

Dans le domaine du Réseau Santé Social, pensez-vous que les contraintes de sécurité justifient l'émergence de solutions plus onéreuses (que les solutions antérieures) telles que Libéralis ?

Non ! Les pouvoirs publics qui ont libéré le cryptage, devraient se pencher sérieusement sur ce qui risque d’être un domaine propriétaire, captif et éclaté. En tout état de cause, il faut échapper rapidement à des solutions qui seraient uniquement franco-françaises. Ceci d'autant plus que d'autres Etats européens ouvrent la voie dans le domaine en stimulant activement le développement de standards libres, ouverts et universels.

Les offres fermées et captives sont bien le plus grand obstacle au développement harmonieux de l’informatique communicante.

La sécurisation et les normes d’échange doivent impérativement être libres de droits. Historiquement la société moderne n'a pu se développer qu'avec la fin du féodalisme, des péages extravagants et du rançonnement sur les grands axes de circulation.

Faute de mesures similaires, urgentes compte tenu de l'évolution actuelle, on se retrouvera à l'âge de pierre informatique. Que l'on songe simplement au minitel et aux agréments léonins des modems.

Que l’on prenne les arbitrages qui s’imposent et que l’on passe enfin à la vitesse supérieure ! Il y a tellement de choses à faire du côtés de l’analyse intelligente des compte rendus, la télémédecine etc…

 



Réagissez à cette interview.  

Retrouvez toutes les autres interviews.

24 juillet 2000

 

Toutes les interviews
de l'année 2002

Novembre 2002

Yannick Plétan Vice-président de la division médicale Pfizer France

Pr Pierre Bey Directeur de la section médicale de l’Institut Curie, Dominique Stoppa-Lyonnet chef du service de génétique oncologique à l’Institut Curie

Frédéric Allemand directeur de Genopole® Entreprises

Juillet 2002

Guy-Charles Fanneau de La Horie Biogen

Thierry Boccara PDG du Groupe OPTIUM

Jean Charlet
Ingénieur Chercheur Direction des systèmes d'information de l’AP-HP

Karine Didi
Directrice du réseau Océane

 Mars 2002

Jean de Charon
Président de Doctissimo
«Nous allons vivre une révolution de velours».

Max Ponseillé, Président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée
«Nous étions confrontés à un problème de justice sociale ».

Odile Corbin
Directeur Général du SNITEM
«La France est encore loin du taux moyen d'équipement de certains pays européens ».

Israël Nisand
Chef du service de gynécologie obstétrique
CHU de Strasbourg
«Jurisprudence Perruche : " c'est à la solidarité nationale d'intervenir " ».

Pr Jacques Marescaux
Chef du service de chirurgie digestive et endocrinienne
CHU de Strasbourg
«La chirurgie passe de l'ère industrielle à l'ère de l'information».

Lawrence C. Mahan
Directeur du développement des biotechnologies
de l'Etat du Maryland
«Dans les biotechnologies, l'argent est nécessaire, mais ne fait pas tout».

Patrice Cristofini
Président de l'AFTIM
«La santé au travail ne doit pas se limiter à la visite médicale obligatoire et à la déclaration d'aptitude».

 

 

     
     
   
     
     
Copyright © Medcost 2003-Tous droits réservés.    
 
Dossiers
Plan du site
 
Références : Doctissimo I Caradisiac I Ados.fr I Momes.net I gnomz.com I fluctuat.net