Février
2000
Noël
Renaudin
Président du Comité Economique du
Médicament
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" La
question n'est pas de savoir s'il y aura ou non
des pharmacies électroniques, la question est de
savoir quand il y en aura." |
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9
février 2000
La convention SNIP CEM de juillet
99 prévoyait la définition d'un référentiel pour les logiciels d'aide
à la prescription. Quel constat vous a amené à envisager ce type
de régulation ?
Il
y a peu de temps, l'Agence avait défini un référentiel pour les
bases de données médicamenteuses, c'était la première étape pour
que les médecins puissent disposer d'une information à jour sur
les médicaments. Mais la base ne suffit pas, même si elle est bien
organisée. Il faut que les logiciels mis à la disposition des médecins
présentent certaines garanties. Des questions se posent forcément
sur les moteurs qui les font tourner pour interroger les bases,
et sur ce qu'ils peuvent apporter comme informations supplémentaires.
Nous avons constaté que ces moteurs étaient inégalement bien faits.
Concernant
l'ordre de présentation des produits, certains sont plus "légitimes"
ou plus "neutres" que d'autres. Je ne sais pas quel est
le bon ordre, mais je sais qu'il y en a de mauvais.
Ce référentiel devrait comprendre un agrément
des bases médicamenteuses, un signalement automatique des RMO et
la proposition automatique de génériques lors de la prescription.
Comment envisagez-vous de faire avancer ces mesures ?
Le
Comité Economique a fait un constat et une proposition, mais le
travail sur les logiciels d'aide à la prescription relève de l'Agence.
Le Comité a une préoccupation de résultats, mais aucune compétence
sur les méthodes. Notre idée idée d'ailleurs partagée par
l'industrie pharmaceutique est que les prescripteurs doivent
avoir de bons instruments d'aide à la prescription qui respectent
l'égalité de traitement entre laboratoires, qui respectent l'AMM
et le bon usage du médicament. L'industrie pharmaceutique à qui
on reproche parfois le mauvais usage fait des médicaments qu'elle
met sur le marché préférerait qu'on s'en serve bien, même si elle
y gagnait un peu moins d'argent. Le Comité Economique du médicament
a évidemment un intérêt à obtenir par un moyen non contraignant
que la prescription respecte le bon usage économique du médicament.
C'est une méthode qui permettra de progresser dans la rationalisation
des dépenses, et donc nous avons pris l'initiative, conjointement
avec l'industrie pharmaceutique, de dire qu'il fallait le faire.
Pour
les bases nous avions demandé aux éditeurs de proposer un référentiel.
Vidal a proposé un projet, l'Agence l'a un peu modifié elle
l'a durci sur les questions de normalisation ISO. Il existe donc
maintenant un référentiel, qui fait l'objet d'un consensus puisqu'il
a été discuté avec les éditeurs de bases. Pour l'instant une seule
base (le MédiaVidal) est agrée au regard de ce référentiel mais
je souhaiterais qu'il y en ait plusieurs.
Pour
les logiciels je pense qu'il faut que la démarche soit la même,
c'est à dire que les acteurs décrivent les contraintes sous lesquelles
ils travaillent. Il est difficile pour l'Etat d'établir a priori
un référentiel pour l'aide à la prescription. Dans la convention
avec le SNIP nous n'avons fait que lancer deux ou trois pistes :
un bon logiciel doit s'appuyer sur une bonne base, avoir quelques
fonctionnalités en plus et être neutre. Il reste de nombreux problèmes
confrontation d'indications rédigées à des époques différentes,
nécessité de faire des interprétations.
Prévoyez-vous une coopération avec
les éditeurs de logiciels ou leurs représentants (FEIMA..) ?
Il
faudrait même aller au delà de la coopération. Il faut que les éditeurs
de logiciels proposent un référentiel, car ils sont les plus qualifiés.
Quels sont les systèmes d'information
dont dispose le CEM pour suivre la prescription ?
Les systèmes d'information
dont nous disposons sont frustes. Nous avons le DOREMA, et parfois
des études particulières de l'Observatoire National de la prescription,
ou des études faites par les entreprises pharmaceutiques elles-mêmes,
lorsqu'il est possible de s'assurer qu'elles ont été conduites dans
les règles de l'art.
Comment pensez-vous que l'informatisation des professionnels
de santé et l'utilisation de l'Internet permettra de favoriser le
pilotage médico-économique, en améliorant le recueil de données
?
L'objectif
du recueil d'information sur l'activité des professionnels de santé,
notamment en matière de prescription, n'est pas principalement le
pilotage. C'est surtout de permettre un retour d'information suffisant
vers les professionnels de santé, ce qui n'existe pas aujourd'hui.
Il faut que les médecins puissent confronter leurs propres pratiques
de prescription aux prescriptions du panel. J'ai toujours été extrêmement
favorable à la création de bases de données sur la prescription
que les médecins puissent s'approprier, dans la configuration qu'ils
souhaitent, et qu'ils puissent évaluer leurs propres pratiques.
Les
instruments type Dorema ou autres sont perfectibles, il faudrait
des systèmes plus précis, qui soient mieux renseignés sur l'activité
des spécialistes. Nous les utiliserions bien sûr pour voir ce qui
se passe. Mais les vrais progrès de rationalité économique dans
la prescription, nous les attendons d'avantage des réactions des
prescripteurs eux-mêmes. Il ne sera pas possible de leur "commander"
beaucoup de choses.
Pourriez-vous
demain être client de Libéralis, si Libéralis produisait des données
intéressantes, statistiquement représentatives ?
La réponse est oui
J'ai toujours encouragé la construction de services à valeur ajoutée.
Le jour où Libéralis aura une véritable valeur ajoutée et voudra
la valoriser auprès d'institutions comme le Comité, pourquoi pas.
Le comité compte cependant
davantage sur la CNAM, dont c'est pour une part la fonction naturelle
de produire des renseignements de ce type. Des exploitations des
ordonnances permettraient déjà d'apporter beaucoup de choses.
Suite
et fin (2/2)

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février 2000
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