Novembre 2000
Alain
Clergeot
Directeur général de Chugai France
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"Les
essais cliniques en ligne sont particulièrement
bien adaptés à l'environnement de la recherche
clinique dans lequel le taux de pénétration
des outils électroniques est assez fort."
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Propos recueillis par
Gaëlle
LAYANI et Mathieu
OZANAM
20 octobre
2000
Pouvez-vous nous présenter les Laboratoires Chugai en quelques
mots ? Quels sont vos produits phares ?
Chugai est un des dix
plus grands laboratoires pharmaceutiques japonais. Sous l'impulsion
de M. Nagayama, le Président et CEO du groupe, Chugai a souhaité
trouver un partenaire pour développer et lancer un de nos produits
issus de la biotechnologie, le lénograstime (Granocyte®) qui est
un facteur de croissance hématopoïétique. Granocyte® est utilisé
en cancérologie et en hématologie, notamment en association avec
les chimiothérapies pour prévenir les neutropénies parfois causées
par ce type de traitement.
Ce partenaire, pour l'Europe, a été Rhône-Poulenc, avec qui Chugai
a créé une joint venture il y a plus de dix ans maintenant. L'objectif
était de développer et d'enregistrer ce produit pour l'Europe.
Il a été commercialisé par Rhône-Poulenc en Europe à l'exception
de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, où il était
convenu que Chugai puisse s'implanter.
J'ai rejoint Chugai il y a deux ans pour créer la structure française.
J'ai recruté une équipe qui compte aujourd'hui une trentaine de
personnes. Notre objectif n'est pas seulement de co-promouvoir le
Granocyte®. Notre objectif est également de monter une plate-forme
à même d'accueillir les nouveaux produits du groupe dans le cadre
de leur développement, de leur enregistrement et de leur commercialisation.
Parallèlement à cette volonté d'internationalisation, Chugai
a voulu focaliser sa recherche sur les biotechnologies. L'investissement
en R&D est extrêmement important, puisque aujourd'hui plus de
20 % du Chiffre d'Affaires du groupe est investi dans ce domaine.
Actuellement, un certain nombre de produits arrivent en développement
clinique. Ce sont pour la plupart des anticorps monoclonaux qui
seront utilisés en onco-hématologie dans un environnement hospitalier.
Au Japon, quel
est limpact de la crise économique sur lévolution des
laboratoires pharmaceutiques, tant japonais quétrangers ?
Je ne suis pas un spécialiste
du marché intérieur pharmaceutique japonais, mais il est vrai que
le marché japonais est soumis aux pressions économiques qui existent
dans l'environnement de la santé partout dans le monde. Il a connu
un certain nombre de baisses. Mais aujourdhui, à limage
de Chugai, les firmes japonaises se rapprochent de plus en plus
du marché mondial. Quant au marché intérieur, même si il ny
a que peu de laboratoires pharmaceutiques étrangers implantés au
Japon, je ne pense pas que lon puisse dire quil existe
plus quailleurs une grande barrière dentrée à ce marché.
Quelle
est la place d'Internet dans votre stratégie marketing et communication ?
Je n'ai pas trouvé de site Web Chugai France. Comptez-vous développer
votre présence sur le Net ?
Dabord, je vous
rappelle que lorsque nous avons commencé, aucune structure nexistait
en France. Il a fallu mettre en place tous les "process"
de fonctionnement dune entreprise. La création d'un site vitrine
n'était donc pas prioritaire à mon sens. Certes, un site, c'est
important, mais nous voulions d'abord développer et faire connaître
notre marque par des media plus «classiques». En effet, à quoi cela
sert-il de créer un site si seulement un petit nombre de personnes
a l'idée de taper " Chugai " sur un moteur de recherche ?
C'est bien beau de monter un site, encore faut-il l'actualiser régulièrement.
Là, je me place vraiment en tant qu'utilisateur. Beaucoup de choses
sont à réinventer avec Internet. Tous les paradigmes ne sont pas
transposables.
Néanmoins, vous avez vu que Chugai a un site au Japon et en Grande-Bretagne.
De plus, nous soutenons la lettre d'information hebdomadaire en
cancérologie de France-Cancer. Cette lettre, rédigée par un comité
indépendant, propose une sélection de 5 à 10 articles
scientifiques et des liens vers Medline.
La priorité aujourd'hui,
c'est de réaliser un Intranet, qui va participer à notre développement.
Nous voulons développer un système d'information interne efficient,
puissant et parfaitement opérationnel. Cet Intranet va nous permettre
de rassembler tout ce qui est épars aujourd'hui. Il a vocation à
devenir un vrai outil de travail. C'est ma priorité en ce qui concerne
les développements liés aux nouvelles technologies.
Les marchés
B-to-B en ligne se développent rapidement dans le secteur pharmaceutique.
Qu'en pensez-vous ?
Pour moi, l'Internet
est un superbe outil pour créer des communautés virtuelles d'intérêt.
Paradoxalement, plus les besoins sont spécifiques et plus l'outil
répond parfaitement bien à l'attente. Si vous recherchez sur Internet
des sites se référant à une pathologie particulière, vous trouvez
rapidement du contenu. Plus votre recherche est spécifique, plus
c'est facile de trouver. L'Internet permet de fédérer autour de
centres d'intérêt spécifiques.
Pour en revenir aux
places de marché, je regarde ce phénomène avec un certain recul.
C'est probablement un moyen de mettre en relation des professionnels
qui n'auraient pas été en contact autrement. Cela favorise la concurrence
et permet de court-circuiter tout un pan de structures et de briser
certains monopoles. En tout cas, cela permet de déplacer les coûts
et les marges.
Les pharmacies
électroniques se multiplient aux Etats-Unis. Suivez-vous ce phénomène
avec attention ?
Oui, j'écoute, je suis,
je regarde, je lis
Même si l'Internet permet comme je l'ai
dit de court-circuiter tout un pan de structures indispensables
par le passé, il ne signe pas à mon avis la mort des pharmacies
traditionnelles. Il peut être considéré comme un prolongement de
l'activité traditionnelle. De nombreux services restent à développer,
je pense qu'il faut être créatif dans ce domaine.
Les éditeurs papier, par exemple, ont dit lors de l'émergence d'Internet,
qu'ils ne mettraient jamais leur fonds éditorial sur le Net, qu'on
allait les piller et que ce serait la mort de leur métier. Aujourd'hui,
la radio, la télévision et la presse papier voient Internet comme
un prolongement et un amplificateur de leur activité. A titre dexemple,
le British Medical Journal a même vu, je crois, ses abonnés « papier »
augmenter depuis que son contenu est « full text » en
ligne.
Le pharmacien peut personnaliser ses services, les enrichir grâce
à cet outil. L'acte d'achat est différent sur le Net. C'est là qu'il
faut faire preuve de créativité.
Suite
et fin (2/2)   
20 octobre 2000
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