La
France n°1 européen des biotechnologies en 2007

Mathieu
Ozanam
20 septembre
2001
2000 :
une année record
Le tableau dépeint
par Ernst&Young dans son rapport "Life Sciences in France
2001" est assez semblable à celui que dresse France Biotech.
Conçu en liaison avec des organisations territoriales (tels
que les technopoles Eurasanté de Lille ou le Génopole d’Evry) et
du Ministère des Finances et de l’Industrie, le cabinet de conseil
souligne que l’année 2000 a été celle de tous les records. Un chiffre
d’affaires européen de 6 milliards d’euros qui dépasse toutes les
espérances, un nombre de créations d’entreprises sans précédent
qui permet à l’Europe de dépasser les Etats-Unis sur ce terrain,
des essais cliniques en phase III qui laissent présager un avenir
radieux, et un niveau d’investissement jamais atteint (plus de 11
milliards d’euros en France l’an dernier).
Portefeuille
produits
des sociétés publiques européennes
|
1999
|
2000
|
Croissance
|
Pré-clinique
|
45
|
66
|
47 %
|
Phase
I
|
42
|
58
|
38 %
|
Phase
II
|
49
|
64
|
31 %
|
Phase
III
|
11
|
16
|
45 %
|
TOTAL
|
147
|
204
|
39 %
|
Source :
Ernst & Young "Life Sciences in France 2001"
Des
chiffres en trompe-l’œil
Mais si l’ampleur
de la croissance est bien réelle, tous ces chiffres constituent
un trompe-l’œil qui doit être examiné à la lumière de la progression
des autres pays européens et des Etats-Unis. L’importance des investissements
dans les hautes technologies à l’étranger est tel que la France
voit petit à petit l’écart se creuser, malgré ses efforts. Avec
2,4 milliards d’euros investis (environ 15,6 milliards de francs),
la France est parvenue en 2000 à des sommets jamais atteints auparavant,
mais cette même année le Royaume-Uni a rassemblé 3 milliards d’euros
(soit près de 19,5 milliards de francs), lui-même distancé par les
Etats-Unis qui fait 3 fois mieux que la France.
2000
a été une bonne année pour le capital risque investi dans les biotechnologies.
Les chiffres traduisent là encore le très fort dynamisme du Royaume-Uni (+ 72 %),
de l’Allemagne qui était dans une phase de rattrapage (+ 280 %
d’évolution) et dans une moindre mesure de la France (+ 34 %)
qui arrive en troisième position, alors que les trois voisins européens
étaient dans des situations comparables en 1999.
Ce "décrochage"
est également perceptible à l’étude de la valorisation des sociétés
introduites en Bourse. Les Etats-Unis font la course en tête avec
une capitalisation moyenne de 295 millions d’euros, loin devant
l’Europe et ses 27 millions d’euros, tirée vers le haut par le Royaume-Uni
et sa moyenne à 81 millions d’euros. L’Allemagne s’inscrit dans
la tendance (26 millions), tandis que la France ferme la marche
avec 6 millions d’euros, soit 50 fois moins que les Etats-Unis.
L’atonie du
marché n’explique pas tout. Si les anciens champions Transgène et
Genset (dont l’action avait atteint son plus haut niveau à 250 euros
en mars 2000) sont à la peine au Nouveau marché (lire nos brèves
Genset
chahuté au Nouveau Marché, Transgène
recentre son activité sur l'oncologie), d’autres valeurs biotech,
telles Nicox et Cerep, se comporte bien en raison de la forte crédibilité
que leur accordent les investisseurs.
Un
appel à l’intervention publique
Les professeurs
d’économie, Pierre Kopp et Thierry Laurent, auxquels France Biotech
a commandé l’étude, expliquent les retards français par "la
faible implication de l’Etat et le niveau des investissements privés".
L’Allemagne
qui joue aujourd’hui les bons élèves de la classe européenne était
dans une situation guère plus enviable rappellent les auteurs. L’effort
de l’Etat et des Länder lui permettent d’occuper cette place aujourd’hui.
L’aide publique de l’Allemagne a doublé en 5 ans, pour atteindre
435 millions d’euros en 2000. Elle est 7 fois supérieure à celle
de la France. Les auteurs jugent donc qu’il faudrait pour procéder
à un simple rattrapage, collecter 700 millions d’euros chaque année
au lieu de 268 actuellement.
En 1999, France
Biotech et Objectif 2010 avaient déjà plaidé avec succès la cause
des sociétés de biotechnologie et de haute technologie, convaincant
le législateur de soutenir la loi sur l’innovation autorisant les
chercheurs du secteur public à participer à la création de sociétés
privées et instituant des fonds communs de placement Innovation
(FCPI). A la veille du débat parlementaire sur la prochaine loi
de Finances, les deux associations présidées par Philippe Pouletty
appellent l’Etat à s’engager davantage, en intégrer des mesures
de défiscalisation et d’incitations fiscales.
"Recoller
au peloton"
Le "retour
sur investissement" pour l’Etat consisterait en un potentiel
de création de 75 000 emplois, dont 50 000 induits, épargnant
conséquemment 3 milliards d’euros d’indemnités chômage et engendrant
de nouvelles recettes fiscales de l’ordre de 5 milliards d’euros
sur les cinq prochaines années.
Elle
permettrait surtout à l’industrie pharmaceutique française de "recoller
au peloton" en reprenant position sur son marché intérieur
et d’enrayer la chute de leur part de marché mondial passé de 7,5
à 5,5 % dans un secteur en pleine croissance qui fera de plus
en plus appel aux biotechnologies.
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