Décembre
2000
4
milliards de francs
Valeur du e-commerce
en France en l’an 2000
24
novembre 2000
Si
les Français semblent de plus en plus nombreux à se connecter à
Internet, ils sont encore très peu à l’utiliser pour faire leurs
achats en ligne. Ainsi, l’étude réalisée conjointement par le Credoc
et le cabinet Raffour Interactif (1)
montre qu’en France, le e-commerce ne représente que 0,05% du chiffre
d’affaires des ventes de détail. Cela devrait tout de même représenter
environ 4 milliards de francs pour l’an 2000.
Les chiffres du e-commerce
Le
marché reste encore confidentiel en France, bien qu’il se développe
de façon exponentielle. Il est toujours inférieur à la part représentée
par les ventes réalisées par Minitel, qui est 7 fois plus importante.
Cela souligne l’attachement des Français à cet outil qu’ils ont
beaucoup utilisé. Mais c’est aussi un encouragement pour l’avenir
du e-commerce, car on peut penser que les habitudes prises en utilisant
le Minitel permettront à terme à l’ordinateur de prendre le relais
plus facilement.
Une
estimation pour l’année 1999 fait état d’environ 800000 cyber-consommateurs
pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de francs. Finalement,
la progression du chiffre d’affaires s’explique essentiellement
par le nombre de plus en plus important d’internautes faisant des
achats en ligne, puisqu’on en dénombre plus de 2,5 millions en septembre
2000. Ils restent aussi connectés plus longtemps sur les sites et
vont consultés plus de pages. Ces chiffres restent cependant assez
inférieurs à ceux d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la
Grande-Bretagne.
Par
comparaison, cette étude montre qu’aux Etats-Unis le e-commerce
représente 0,67% du chiffre d’affaires des ventes de détail, soit
environ 13 fois plus qu’en France. Bien sûr, le Minitel n’existant
pas aux Etats-Unis, il faut pondérer cette comparaison avec la France,
mais cela souligne tout de même l’avance prise sur les autres pays
européens.
Les
intentions déclarées d’achat en ligne font que le marché est actuellement
très partagé, même s’il apparaît très clairement que les loisirs
tirent nettement leur épingle du jeu :
Le
partage du marché se fera progressivement dans les années à venir,
en fonction principalement du profil et des désirs des cyber-consommateurs,
mais aussi selon les caractéristiques des produits proposés.
Les réticences freinant le développement du e-commerce
Si
le démarrage du e-commerce est plutôt lent, il est évident que la
réticence principale à trait à la sécurité des modes de paiement,
les 2/3 des personnes interrogées dans cette étude invoquant ce
motif comme frein principal. D’autres motifs expliquent la réticence
des consommateurs à se lancer dans le commerce en ligne :
De
même, une étude menée aux Etats-Unis (2),
dont le but est de mesurer l’impact de l’Internet sur les comportements
individuels, montre que 9 internautes américains sur 10 sont inquiets
quant à la sécurité des transactions en ligne. Ils sont également
3 sur 4 à avoir une crainte pour les libertés individuelles et la
protection des données. Cela reste donc là-bas aussi l’obstacle
principal au développement du e-commerce, même si le phénomène s’estompe
pour les personnes achetant régulièrement en ligne.
Il
apparaît pourtant que de nombreux progrès se font jour pour sécuriser
les transactions par Internet, comme en atteste la CNIL dans son rapport annuel rendu
public en juillet dernier. En effet, si tous les sites étudiés ne
sont pas déclarés auprès de ses services (près de 50% !), les
sites de commerce électronique sont félicités pour la sécurité des
transactions et la protection des données personnelles. A ces conclusions
plutôt positives, la CNIL a néanmoins opposé la nécessité de renforcer
la confiance des internautes, et suggère aux acteurs européens la
création d’un label de protection des données européennes.
Les perspectives du e-commerce
Le
e-commerce s’annonce être plutôt comme un complément aux magasins
traditionnels et non un concurrent aux autres formes de commerce.
Son potentiel de développement semble très important, puisque les
experts s’accordent à penser qu’il devrait représenter entre 5 et
10% du chiffre d’affaires des ventes de détail dans les années à
venir.
Ainsi,
ActivMedia prévoit que le commerce électronique dans le monde pèsera
près de 2000 milliards de $ en 2005, soit 5,1% de l’ensemble des
revenus du commerce mondial, contre seulement 132 milliards de $
en 2000 (0,4% de l’ensemble des revenus du commerce mondial). Et
la prépondérance des Etats-Unis devrait peu à peu se réduire au
profit des pays d’Asie Pacifique et d’Europe de l’Ouest.
Une
étude réalisée par Shandwick International dans 7 pays européens
(3) fait apparaître que 41% des européens
pensent qu’ils utiliseront le e-commerce dans les 5 années à venir.
Si la Grande-Bretagne et les Pays-Bas se retrouvent en tête de ce
palmarès, la France est bien placée puisque 40% des français interrogés
pensent acheter en ligne d’ici 5 ans. La musique, les vacances et
la billetterie sont les catégories de produits les plus plébiscitées,
confirmant une prédominance du commerce électronique des loisirs.
Il
y a beaucoup de chiffres sur l’évolution et le développement du
e-commerce, et s’ils ne sont pas tous identiques, tous rendent compte
d’un même mouvement vers la hausse. En dépit des difficultés rencontrées
par certains sites marchants en 2000, le secteur est en plein boom
et les ventes issues de ce commerce électronique promettent de substantifiques
bénéfices pour ceux qui sauront se faire une place sur ce marché.
Le
marché est encore très limité dans le domaine de la santé, notamment
au niveau du grand public. Par exemple, le développement des e-pharmacies
est très aléatoire actuellement, la vente de produits pharmaceutiques
sur Internet étant très réglementée et limitée. Ce sont finalement
les sites de conseils et d’informations en santé qui réussissent
le mieux, ce qui limite forcément la part prise par la santé dans
le commerce électronique.
Seul
le e-commerce entre professionnels semble devoir tirer son épingle
du jeu, quelques laboratoires ayant mis en place des sites marchants
pour permettre à leurs clients de réaliser des achats en ligne de
leurs produits.
Le
gouvernement a récemment ouvert le premier "Centre de surveillance
du commerce électronique", unité décentralisée de la Direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes (DGCCRF). Cette unité, chargée de surveiller la légalité
des transactions marchandes par Internet, de gérer le courrier envoyé
par les consommateurs et les entreprises, et de recevoir les plaintes,
vient compléter un dispositif public où figurait déjà un site
d'information grand public sur le commerce électronique.
Finalement,
il apparaît évident qu’une pleine exploitation de ce secteur ne
sera possible que si les sites réussissent à rassurer les consommateurs
potentiels et à améliorer les contacts avec eux (ergonomie, rapidité,
personnalisation, interactivité …).
(1)
Etude réalisée conjointement par le Credoc (Centre de recherche
pour l’étude et l’observation des conditions de vie) et le cabinet
Raffour-Interactif en septembre 2000 auprès de 1500 internautes.
(2)
Etude réalisée cette année par l’université de Los Angeles (UCLA)
auprès de 2096 foyers américains.
(3)
Etude commanditée par Shandwick International, réalisée de juin
à septembre 2000 dans 7 pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne,
France, Grande-Bretagne, Italie et Pays-Bas) auprès de 1000 personnes
par pays.
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