Février
2001
9600 francs
Dépenses de santé annuelles
moyennes
par habitant
1er
février 2001
La
confrontation entre les pouvoirs publics et les professionnels de
santé au sujet des dépenses de santé occupent le devant de la scène
médiatique. Cette focalisation dissimule l’existence de disparités
régionale dans la consommation des biens et produits de santé, tant
dans les volumes que dans leur structure.
Les
derniers chiffres publiés par la CNAM mettent en évidence une explosion
« incontrôlée » des dépenses d’assurance maladie pour
2000. En effet, avec une augmentation de + 5,9% contre + 4,9% estimés
en septembre par la commission des comptes de la Sécurité Sociale,
l’enveloppe allouée pour l’ONDAM 2001 est d’ores et déjà bien entamée.
On constate
d’une part une réorganisation de l’offre de soins sur le territoire
avec une densité médicale inégale selon les régions et les zones
urbaines ou rurale, et les regroupements d’établissement hospitaliers,
voire les fermetures. D’autre part la demande ne cesse de grandir
mettant les professionnels de santé en demeure de choisir entre
les impératifs de la population et les exigences de maîtrise des
dépenses de l’assurance maladie et du ministère de la santé. Devant
le paysage national, les situations régionales s’avèrent être plus
contrastées qu’on pourrait le croire.
Des
dépenses de santé contrastées
L’étude
publiée par la DREES en décembre 2000 rend compte des disparités
inter-régionales des dépenses de santé (1).
L’analyse a été menée à partir des chiffres détaillés des dépenses
remboursées par l’assurance maladie en 1997-1998, il ne s’agit donc
pas de la totalité des sommes dépensées par les Français pour se
soigner. Les effets de structure démographique des régions ont été
prises en considération afin d’être corrigées et de ne pas fausser
les résultats, ce qui permet en outre d’établir des comparaisons
entre régions. Ainsi, si la moyenne nationale des dépenses remboursées
par habitant s’élevaient à 9600 F en 1997, celles-ci variaient de
7600 F en Limousin à 11 500 F en Corse.
Des
différences de structures marquantes
Les structures
des modes de recours au système de soins diffèrent de façon importantes
selon les régions.
Les
dépenses de ville s’échelonnaient ainsi de 2800 F en Franche-Comté
à 4600 F en Corse en 1998. Les régions du sud-est de la France étaient
les plus consommatrices en dépenses de ville, aussi bien pour les
dépenses d’honoraires que pour celles de prescriptions. C’est pour
les dépenses de prescriptions que l’écart entre la région la plus
dépensière et la région la moins dépensière est le plus grand.
Les disparités
sont encore plus importantes pour les dépenses de soins en établissements
hospitaliers, tant pour les dépenses en hôpital public et PSPH qu’en
clinique. Les régions du sud-est de la France connaissent les dépenses
d’hospitalisation privée les plus élevées (1700 F en Corse), les
régions du nord-est de la France se distinguent par de fortes dépenses
dans le cadre de l’hôpital public et PSPH les plus fortes (6000
F en Ile-de-France).
Cliquez
ici pour voir le tableau des structures des dépenses.
Typologie
de la structure des dépenses de santé par régions
Fortes dépenses de ville et de cliniques,
Importantes dépenses d’hospitalisation publique, dépenses
globalement élevées,
Part des prescriptions de généralistes importante, dépenses globalement
faibles,
Part des
honoraires de généralistes élevée, dépenses de cliniques et de ville
relativement faibles.
Les
différences dans les modes de recours aux soins entre les régions
proviennent essentiellement de deux facteurs :
- l’influence
du comportement des personnes (caractéristiques socio-démographiques,
l’éducation, l’état de santé, l’environnement)
- l’influence
de l’offre de soins disponible dans la région
Régionalisation
du système de santé
Les
partisans de la régionalisation du système de santé se verront confortés
par les résultats de cette étude. Les inégalités des montants des
dépenses entre les régions mettent en évidence les différents modes
de recours aux soins et l’insuffisante adéquation des réponses apportées
jusqu’à présent à la demande. Les attentes, les besoins et les modes
de recours aux soins pourront d’autant mieux être satisfaits qu’ils
seront définis au plus près des populations concernées.
Un consensus
semble aujourd’hui se dégager sur la nécessité de réformer les cadres
du système de santé. Reste à définir la forme qu’elle pourrait adopter.
Un débat est ouvert entre les tenants de la déconcentration en douceur
à travers une réorganisation administrative de la politique nationale
vers les régions et les partisans d’une décentralisation transmettant
réellement le pouvoir central aux régions.
(1)
« Les
disparités interrégionales des dépenses de santé » : Etude
et résultats n°95, décembre 2000, DREES.
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