Juillet
2000
1,150
milliard de francs
Montant des investissements
publicitaires des sociétés Internet dans les médias traditionnels
au premier trimestre 2000
Gaëlle
LAYANI
5 juillet
2000
Les
agences de pub et les médias traditionnels peuvent se frotter les
mains : selon les premières estimations de l'institut Sécodip,
le montant des investissements publicitaires des sociétés Internet
dans les médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite)
s'élève à 1,150 milliard de francs au premier trimestre 2000, soit
cinq fois plus qu'au premier trimestre 1999. A titre de comparaison,
le montant des investissements avait atteint 1,6 milliard en
1999. La publicité "offline" n'aurait donc rien à envier
à la publicité en ligne qui a connu un boom sans précédent en 1999
(630 millions de francs d'après l'IAB
France ; cf. notre
article à ce sujet).
Ces
chiffres font donc mentir les Cassandre qui prédisaient un transfert
massif des budgets publicitaires vers Internet au détriment des
médias traditionnels.
La
presse, notamment les quotidiens et les magazines spécialisés, se
taille la part du lion avec 461 millions de francs, bien qu'elle
ne représente plus que 41 % des investissements, contre 55 %
en 1999. La télévision progresse avec 331 millions de francs récoltés,
soit 30 % des investissements contre 22 % en 1999. Si
les parts d'investissements sont également en augmentation pour
la radio et l'affichage, il semble en revanche qu'elles stagnent
pour le cinéma.
Dépenses
publicitaires des sociétés Internet
par média au 1er trimestre 2000
(millions de francs)
Source:
Sécodip
Part
des investissements publicitaires
Comparaison entre l'année 1999 et le 1er trimestre 2000
Source:
Sécodip
Les
start-ups engloutissent souvent une part importante des sommes levées
lors des tours de table ou sur le marché boursier dans des campagnes
publicitaires coûteuses. Pour se démarquer de leurs (nombreux) concurrents,
elles doivent se faire connaître et asseoir leur marque dans le
paysage Internet au plus vite. Cela explique notamment la hausse
de la publicité télévisée. La télévision confère une notoriété incomparable
("Vu à la télévision") par rapport aux autres médias.
Le public mémorise beaucoup plus facilement l'adresse d'un site
quand il peut la lire mais également l'entendre.
La
forte augmentation des budgets investis s'explique notamment par
la vague d'introduction en bourse entre janvier et mai 2000.
Le broker en ligne Selftrade
a consacré une part importante des 50 millions levés lors de
son introduction au financement d'une campagne publicitaire digne
des grands groupes. Après avoir dépensé 42 millions de francs
au cours des quatre premiers mois, la société, qui ne compte que
23 000 clients, prévoit maintenant investir 40 autres
millions avant la fin de l'année.
Selftrade
figure avec deux autres brokers en ligne, Direct Finance et Consors
France, parmi les 12 annonceurs Internet les plus "généreux".
Consors France a investi un tiers de son chiffre d'affaires en communication
en 1999, soit 67 millions de francs et les sommes dépensées
pour les quatre premiers mois atteignent 32 millions de francs.
Les
fournisseurs font également partie du palmarès. AOL a investi 100 millions
de francs entre janvier et avril 2000, Lycos 74 millions,
Wanadoo 72 millions, World On Line 62 millions, Free 55 millions,
Club-Internet 46 millions et Liberty Surf 44 millions.
Premiers
annonceurs parmi les FAI
Un
bémol toutefois, la consolidation prochaine du secteur Internet
européen et les difficultés financières rencontrées par les start-up
feront certainement baisser ces chiffres, calculés alors que la
folie startupienne battait son plein. Le volume et le rythme des
dépenses publicitaires, en ligne ou non, vont très certainement
fléchir, en raison des fermetures de sites et des restrictions budgétaires
imposées par la conjoncture mais également en raison de la méfiance
des agences et médias traditionnels vis-à-vis de ces clients supposés
peu solvables. Les régies publicitaires télévisées ont déjà augmenté
leurs tarifs de 20 % et exigent des délais de paiement de plus
en plus courts.
Le
contenu des campagnes pourrait lui aussi changer et cibler une population
plus large en se faisant moins "ésotérique" et moins "technobranché".
Il faut se distinguer, étonner, certes, mais également se faire
comprendre du plus grand nombre. Monsieur et Madame-tout-le-monde
peuvent encore très bien vivre sans Internet. L'inverse est de moins
en moins vrai.
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5
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