Quest-ce
quun réseau de soins ?
Un réseau de soins,
cest dabord la collaboration sur la base du volontariat,
dans une zone géographique donnée, de professionnels de santé de
disciplines différentes : médecins généralistes, médecins spécialistes,
pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, mais aussi psychologues
et travailleurs sociaux.
Le patient est au centre
du dispositif : les professionnels se concentrent sur la prise
en charge de patients souffrant dune pathologie ou victimes
dun problème médico-social spécifiques, ou encore se coordonnent
pour une prise globale (toutes pathologies confondues) de leurs
patients, axée sur la prévention. Les pathologies sont le plus souvent
des pathologies chroniques (asthme, diabète, hypertension artérielle,
dépression
) ou lourdes (VIH, VHC, cancers).
Beaucoup de réseaux sorganisent aussi autour de la prévention
et de la prise en charge de lalcoolisme, de la toxicomanie
ou de laide à des populations en difficulté.
A quoi sert
un réseau de soins ?
Lobjectif dun
réseau est daméliorer la prise en charge dune pathologie
ou dun type de populations précis : son fondement est la coordination
des professionnels qui sengagent à assurer la continuité des
soins et à améliorer leur qualité, avec des protocoles définis en
commun, tout en mesurant les coûts engendrés. Ceci se traduit par
exemple par une économie de temps et un gain defficacité dus
au fait que les examens nécessaires sont effectués une fois mais
pas deux et que les médecins impliqués dans la prise en charge du
patient ont échangé toutes les informations nécessaires. Lobjectif
dun réseau est aussi dattirer des patients mal ou non
soignés dans un système où ils sont mieux "cadrés" et
où ils ont moins de démarches difficiles à mener tout seuls.
Comment sont
nés les réseaux de soins ?
Le développement des
réseaux de soins sest appuyé sur lapparition de groupes
de populations particulièrement en difficulté, pour lesquels le
système de prise en charge existant était inadéquat. Le vieillissement
de la population et les nouveaux problèmes de santé publique
se sont en effet heurtés à la stricte séparation des responsabilités
entre le sanitaire et le social dune part et dautre
part au cloisonnement existant entre prise en charge en ville et
prise en charge à lhôpital. Ainsi les premiers réseaux sont
nés autour de la prise en charge des personnes âgées, dépendantes
et le maintien à domicile. Laccès aux soins des plus démunis
ou des personnes en situation de précarité est un deuxième thème
de réflexion depuis les années 80. Le SIDA au début des années 90
a donné une impulsion aux réseaux VIH ville-hôpital, institutionnalisés
par une circulaire du ministère de la santé. Des problèmes comme
la toxicomanie, la santé des jeunes ont été par la suite au cur
des préoccupations. Ainsi différentes circulaires ont préconisé
la coopération des structures et des professionnels pour ce type
de problème. Au milieu des années 90, le bilan des initiatives a
donné les conclusions suivantes : les réseaux souffraient de
labsence de cadre réglementaire et de manque de moyens. Les
ordonnances Juppé davril 1996 ont ainsi voulu donner un nouveau
souffle aux réseaux de soins, en encourageant dune part la
prise en charge en réseau et en instaurant dautre part la
notion de prise en charge " globale " cest-à-dire
non seulement médicale mais aussi économique.
Quest-ce
qui caractérise un réseau de soins ?
Un réseau repose sur
4 dimensions :
-
le projet médical
qui lie les professionnels
-
la coordination
des soins grâce à une plus grande interaction des professionnels
-
la formation et
linformation des professionnels (apprentissage de la pratique
en réseau, respect des référentiels, retour dinformation
sur les résultats du réseau)
-
lévaluation
(évaluation de la pratique en réseau, de la qualité des soins
et évaluation économique du réseau).
Toutes ces dimensions
nécessitent la mise en place dun système dinformation.
Quest-ce
qui différencie un réseau du système classique
de prise en charge ?
Un des éléments moteurs
du réseau est lappartenance des professionnels qui y adhèrent
à des milieux différents et à des zones dinfluence différentes.
Un réseau de soins est à cet égard différent des réseaux informels
dadressage des patients tels quils existent aujourdhui
dans lexercice médical (tel médecin a lhabitude
dadresser ses patients à tel confrère et attend en retour
la même chose de ce dernier).
Les professionnels
du réseau définissent ensemble un projet médical (protocole de soins
et objectifs à atteindre). Ils sengagent à assumer des tâches
bien définies et à se coordonner pour mener à bien ce projet. Le
généraliste qui suit le patient est en relation directe avec le
médecin hospitalier qui la soigné et qui lui délivre son traitement
: ils partagent et séchangent des informations à jour sur
leur patient. Les conseils dobservance et linformation
ciblée sont définies en commun et diffusées par les acteurs, notamment
paramédicaux. Le système dinformation permet de faciliter
ces échanges et de constituer un dossier médical commun aux intervenants,
destiné à suivre le patient dans le réseau. Dautre part, les
soins prodigués dans le cadre dun réseau peuvent justifier
un financement différent du schéma classique de la sécurité sociale.
Enfin, le réseau implique la définition et la mise en place dune
évaluation : le système dinformation doit permettre de recueillir
les données médicales et économiques nécessaires à cette évaluation.
Quels sont les
différents types de réseaux existants ?
Les réseaux de soins
ont des visages différents, selon le problème auquel ils font face,
leur organisation et leur définition juridique.
Spécialité :
- les réseaux centrés sur une pathologie,
chronique par exemple, nécessitent une collaboration très formalisée
de médecins, autour dobjectifs tels que la mise en place
de protocoles de traitement optimaux, lamélioration de lobservance
(pour lasthme par exemple) ou encore des stratégies de dépistage
(dans le cas de lhépatite C par exemple).
- Les réseaux qui ciblent une population
(accès aux soins des personnes démunies par exemple) sont
plus axés sur le développement des structures de prise en charge
adaptées, et sur les actions de prévention et dinformation.
- Enfin, le terme "réseau"
peut aussi désigner parfois les réseaux de surveillance de certaines
pathologies. Ceux-ci sont tout-à-fait différents des réseaux de
coordination des soins et sont en réalité des observatoires régionaux
ou nationaux souvent alimentés par des registres de patients :
ils ont pour objectif daméliorer les connaissances épidémiologiques
(évolution de lincidence, de la prévalence et de la mortalité
dune pathologie donnée à un échelon régional, voire national).
Organisation et définition
juridique :
Les réseaux sappuient
souvent sur une structure associative, indépendante des différents
partenaires (institutionnels, privés ou publics), qui fournit ainsi
un organe fixe aux différents professionnels. Plus rarement ils
prennent la forme de groupements dintérêt économique. Le code
de la santé publique a donné une définition peu précise des réseaux
de soins. Ainsi, avant 1996, aucun encadrement spécifique nétait
prévu : cest pourquoi beaucoup de réseaux existant actuellement
sont plus ou moins formels.
- La circulaire du 9 avril 1997 précise
les modalités de création des réseaux impliquant des établissements
de santé : les partenaires doivent être liés par une convention
constitutive qui recevra lagrément de lAgence Régionale
de lHospitalisation.
- Les réseaux de soins coordonnés
expérimentaux, quant à eux, créés par les ordonnances Juppé ont
la caractéristique de pouvoir bénéficier dune dérogation
aux règles de financement de la sécurité sociale (honoraires médicaux,
paiement direct, frais couverts par lassurance maladie).
La procédure dagrément de ces réseaux est longue et complexe.
Lire à ce sujet :
Les procédures de création de réseau
Comment se crée
un réseau ?
Le réseau naît dun
constat : population en difficulté sur un territoire donné,
problème de santé publique pour lequel les moyens existants pourraient
être utilisés de manière plus efficace.
Il sorganise
ensuite autour dun responsable motivé : tout réseau doit
avoir un leader, qui puisse soutenir la longue phase de mise en
place du réseau.
La raison dêtre
du réseau est le projet médical (par exemple, lamélioration
de lauto surveillance glycémique dans un réseau diabète, celle
de lobservance dans le cas de lasthme). Celui-ci fait
lobjet dun consensus des professionnels, souvent implicite
au départ, et qui se formalise par des rencontres, des concertations,
voire la création dassociations ou autres groupements dintérêt
commun : cest le point de départ pour définir les objectifs
du réseau et les moyens daction.
Ceci est ensuite formalisé
dans des chartes de qualité qui engagent les professionnels adhérents
et les futurs patients du réseau et sappuie sur des protocoles
de prise en charge écrits.
Une convention ou un
protocole daccord est enfin signé lorsque le réseau implique
de multiples partenaires dont des personnes morales. La recherche
et lobtention de financement constitue en général lultime
étape avant le fonctionnement effectif du réseau. Limplication
et la motivation des professionnels sont alors essentielles pour
que des patients soient de manière concrète "pris en charge"
du réseau.
Quelles sont
les procédures de création de réseau ?
- Les réseaux de soins non expérimentaux
Les réseaux de soins
tels que définis dans le code de la santé publique ont un caractère
conventionnel. La convention constitutive qui lie les différents
acteurs doit être agréée par le directeur de lARH concernée :
elle examine si le projet garantit une plus grande qualité des soins
et une amélioration des conditions de prise en charge des patients.
- Les réseaux de soins expérimentaux
La procédure de création
comprend 3 phases :
1)
Des conventions sont conclues entre les ministres chargés de la
sécurité sociale, de la santé et du budget et les différentes caisses
nationales dassurances maladie (travailleurs salariés, non
salariés, MSA). Les caisses établissent des cahiers des charges
applicables aux demandes dagrément. Leur rôle est primordial
car les réseaux expérimentaux ne doivent pas pouvoir être régis
exclusivement par des assurances privées ou mutuelles qui se substitueraient
complètement à lassurance maladie. La CNAMTS doit rendre son
avis sur ces dossiers.