E-pharmacie :
un commerce à part
François
Resplandy
1er
février 2001
En
France, les contraintes réglementaires pour la vente de médicament
et l’exercice pharmaceutique en ligne sont réelles et acceptées
par tous. Celles-ci, bien qu’infranchissables, ne constituent pas
pour autant la cause unique du manque d’ardeur des pharmaciens à
développer une antenne de leur officine sur le Net.
En
effet, l’intérêt même de la vente en ligne de médicaments peut être
remis en question en France en raison du “ maillage serré ”
des officines sur le territoire (lire notre article : E-pharmacies, le mirage du succès ?).
Par ailleurs, d’autres facteurs participent au désintérêt des patients
et des consommateurs vis à vis des e-parapharmacies et nuisent à
la montée en puissance de la commande en ligne des produits de beauté
en général. Ces facteurs sont simplement issus de l’inadéquation
des avantages du e-commerce au marché de la pharmacie, pour le médicament
et, dans une moindre mesure, pour la parapharmacie et la parfumerie.
Récemment, par manque de financement, Vitago (lire notre article :
VitaGo. La distribution se refait une
beauté sur Internet), site de vente de produits d’hygiène et
de beauté, a stoppé son développement européen (France, Italie,
Grande Bretagne) pour se consacrer uniquement à son marché d’origine :
l’Allemagne. La progression des ventes n’était pas suffisante pour
envisager une rentabilité à court terme, malgré la présence du groupe
Casino dans le capital. L’engouement du grand public et les initiatives
des pharmaciens pour ce nouveau mode de distribution font donc défaut.
L’achat en ligne est un confort
Un
catalogue bien rempli
Des prix fous...
Vos pilules livrées chez
vous !
L’achat en ligne est un confort
Internet
a l’image d’un mode d’achat pratique et rapide mais, la réalité
n’est pas si simple : il faut toujours donner le bon mot de
passe, trouver le bon lien, le bon produit et attendre l’affichage
des pages. Ensuite, les livraisons comportent toujours un temps
irréductible de quelques heures. Pour les cybermarchés, des services
de commande-type, la commande et la livraison en dehors des heures
d’ouverture sont indéniablement des facteurs de succès. Mais pour
le médicament, la proximité des officines incitera certainement
l'internaute à se rendre dans une pharmacie que commander
sur Internet. En
2000, l’Ordre des Pharmaciens parle d’une officine pour 2579 habitants
en France alors que la moyenne européenne se situait, en 1999, autour
d’une pour 3300 habitants : 1/3800 hab. en Allemagne, 1/4400
en Angleterre et 1/3500 en Italie (source : Rapport au Parlement
de la Cour des Comptes, 1999).
Selon
un sondage,
réalisé en 1999 par Alain
Collomb Stratégies sur un échantillon de 1002 personnes,la proximité
de la pharmacie a été citée par 84% des personnes
interrogées en tête des trois raisons qui orientent leur choix
d'une pharmacie. Les autres motivations sont : l’équipe sympathique
(46%) et les compétences de l’équipe (24%). Les notions de service
(portage à domicile, vignettes, etc.), de conseil et d’information
paraissent très importantes aux yeux des Français. Si ces résultats
ne sont pas strictement incompatibles avec le développement des
e-pharmacies, ils ne sont pas non plus encourageants. L'absence
de contact humain et le paiement en ligne sont sans nul doute des
freins considérables.
Un
catalogue bien rempli
Mis
à part pendant le grand rush des fêtes de fin d’année, l’internaute
est quasiment assuré d’obtenir rapidement le produit de son choix
en le commandant en ligne. Pour le médicament, l’accessibilité des
produits est quasiment aussi bonne (et certainement plus encore)
à l’officine. En effet, chaque officine est approvisionnée deux
fois par jour par les grossistes répartiteurs. Ceux-ci i ont l’obligation
de fournir en 24 heures n’importe quel médicament dans leur
secteur géographique, leur catalogue devant contenir 90%
des présentations disponibles sur le marché. Pour les parapharmacies
et les parfumeries proposant des produits d'appel, les marques les
plus prestigieuses sont encore soumises à une distribution sélective.
Aujourd’hui, même les grands distributeurs traditionnels n’ont pas
encore obtenu l’aval de ces laboratoires pour vendre en ligne.
Des prix fous...
La
baisse des coûts de fonctionnement, les possibilités d’autofinancement
par la publicité et les business model du type enchères en ligne
ou achats groupés ont permis un temps aux internautes de bénéficier
de prix avantageux. Mais ces business models n’ont pas fait leurs
preuves et la publicité sur le Net accuse un certain recul depuis
décembre 2000. De toute façon, dans le secteur du médicament, la
réglementation et particulièrement le code déontologie interdisent
ce genre d’initiatives. Sur le marché du médicament remboursé (qui
représente environ 80% du chiffre d’affaire de l’officine !),
les marges et les remises sont réglementées à tous les niveaux de
la chaîne de distribution (lire notre article : Le
coût et l'organisation de la distribution pharmaceutique) et
la publicité est interdite auprès du grand public. Pour la parapharmacie
et la parfumerie, une politique de prix cassés est nuisible à l’image
des produits et des marques et la plupart des sites ont aligné leurs
prix sur ceux des parapharmacies classiques. Les prix ne constitueront
pas l’attrait principal des internautes pour la commande en ligne
de médicament ou de parapharmacie.
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Etude
cas
Le
pionnier des e-Pharmacies
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