Le
dossier médical
en ligne
Laurent
ALEXANDRE
Elie
LOBEL, Cédric
TOURNAY
29 mai
2000
Le
dossier médical arrive en force sur Internet. Que ce soit aux Etats-Unis
ou en Europe, dans les douze derniers mois, près de 10 sites sont
apparus proposant tous ce même service : la possibilité pour
tout un chacun de mettre ses informations médicales sur un dossier
en ligne, sécurisé avec accès par mot de passe et cryptage des données
(www.4healthylife.com,
www.wellmed.com,
www.lifelinemed.com,
www.mdlnk.com,
www.telemedical.com).
Les données intégrées au dossier comprennent généralement :
- quelques données cliniques de base (poids, pouls, tension, groupe
sanguin) ;
- les allergies (type, degré de sévérité) ;
- les antécédents médicaux et chirurgicaux ;
Contrairement au dossier médical classique, ce
dossier est ouvert à linitiative du patient, mais il lui est
généralement conseillé de se faire aider par son médecin traitant
pour le remplir aussi correctement que possible.
Un service de plus en plus répandu
Dossier médical en ligne : quel intérêt ?
Sécurité et confidentialité des données avant
tout
Quelle évolution à terme ?
Quelles fonctionnalités
pour un dossier médical entièrement informatisé ?
Conclusion
Un service
de plus en plus répandu
Les offres d'hébergement de dossier médical en
ligne, en particulier par les portails médicaux généralistes, se
multiplient et sont maintenant le plus souvent gratuites. C'est
en effet un formidable outil de fidélisation des internautes soucieux
de leur santé. Aux Etats-Unis, WebMD
ne sy est pas trompé et propose déjà un dossier médical en
ligne, et DrKoop
teste actuellement sa version.
En
France, Medisite
propose déjà un dossier santé personnel assez simple, et d'autres
offres sont en développement. Compte tenu du temps nécessaire pour
remplir un dossier de ce type, cest lassurance que linternaute
surfera régulièrement sur le site pour consulter ou mettre son dossier
à jour. Une fois son dossier bien renseigné, il y a peu de chances
que linternaute supprime brutalement le site de ses favoris
et aille ouvrir un nouveau dossier en ligne ailleurs. Le dossier
médical pourrait ainsi devenir la "carte de fidélité"
des portails médicaux.
Dossier médical en ligne : quel intérêt ?
La première réponse donnée par les sites qui proposent
ce service est laccessibilité : en cas durgence,
les données stockées seront immédiatement disponibles, quelque soit
lendroit où puisse survenir un accident, quelque soit létat
de conscience du patient. Une carte que lon peut imprimer
et glisser dans son portefeuille comporte en effet le mot de passe
qui permettra aux médecins du service durgence davoir
accès en lecture au dossier.
Il nest donc pas besoin dêtre hypocondriaque
pour vouloir ouvrir un dossier médical en ligne, mais simplement
prévoyant pour sa famille, puisque tous ces sites permettent dinclure
les dossiers médicaux de ses proches, en particulier ses enfants
et leurs vaccinations. De ce point de vue, bien que les données
incluses restent sommaires, le dossier en ligne ouvre une nouvelle
relation entre le patient et son médecin traitant qui sera de plus
en plus souvent amené à le guider dans la structuration de son dossier
médical personnel et à le conseiller dans sa recherche dinformations
médicales sur Internet. Mais laccessibilité nest pas
le seul avantage présenté par ces dossiers. Ils peuvent aussi :
- faciliter la coordination des soins entre les différents professionnels
de santé en charge dun patient, et ce d'autant plus que
l'informatisation va croissante chez les professionnels de santé
(environ un tiers des médecins français utilisent Internet selon
une enquête Medical Top de mai 1999 et près de 85% des médecins
américains) ;
- servir doutil de communication entre le patient et son
ou ses médecins ;
- favoriser la prise de conscience et la prise en charge par le
patient lui-même de sa pathologie, grâce tout d'abord aux nombreuses
informations accessibles sur le Web, mais grâce aussi à l'implémentation
de messages d'alerte automatique au sein du dossier médical en
ligne (rappel de vaccinations obligatoires, de consultations annuelles
ou d'examens complémentaires à effectuer).
A terme, ces dossiers peuvent donc améliorer la
transmission d'informations, la qualité des soins prodigués ainsi
que l'adhésion du patient à son projet de soins. Cette amélioration
globale de la prise en charge à la fois par le patient et par ses
médecins traitants pourrait aboutir à une optimisation économique
en réduisant à la fois les complications graves liées à un suivi
insuffisant et les examens redondants prescrits par manque dinformation.
La CNAMTS a rendu publique à la mi-mai une enquête sur la prise
en charge de l'hypertension artérielle (HTA) en France. Elle révèle
que le traitement médicamenteux demandé par les médecins est souvent
inadéquat.
Sécurité et confidentialité des données avant
tout
La mise en ligne dinformations médicales
personnelles nécessite cependant certaines précautions. Tout d'abord,
la sécurité des données est évidemment au cur des préoccupations
: pour l'assurer, les architectures d'hébergement de ces dossiers
font appel aux pare-feux (firewall), aux identifiants et mots de
passe, et aux techniques de cryptage par certificat SSL.
Ensuite, lutilisation qui sera faite des
données ainsi collectées doit être clairement établie. Sauf refus
de la part de linternaute, des mails peuvent lui être régulièrement
envoyés pour le tenir informé des nouveautés ou des conseils qui
peuvent lintéresser. Mais les données nominatives restent
quant à elle strictement confidentielles. Elles valent cependant
de lor car elles intéressent les laboratoires pharmaceutiques,
les CRO, les assureurs, les pharmacies électroniques et les publicitaires.
Les codes déontologiques, en particulier la charte
Health On the Net,
définissent les bonnes pratiques dans ce domaine, mais les problèmes
de confidentialité relevés récemment sur des sites américains de
santé par la California Healthcare Foundation et la Federal Trade
Commission aux Etats-Unis (lire
à ce sujet notre article du 6/03/2000) montrent que lautorégulation
a ses limites et quun cadre légal devra nécessairement être
défini, avec audit de pratiques et certification par un organisme
indépendant et reconnu à la clé.
Suite
et fin
29 mai 2000
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