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Fin de l'aventure pour Eurimed

Mathieu Ozanam

15 mai 2001

"Pour des raisons économiques, eurimed.com est contraint de cesser son activité à partir du 26 avril 2001 (...). Nous regrettons cette situation et soyez assurés que nous avons déployé tous nos efforts afin de trouver des solutions permettant de continuer à faire vivre nos sites. Malheureusement cela s'est révélé impossible". Quatre ans après sa création Eurimed allonge la liste des sites santé qui mettent la clef sous la porte. Le site de communautés de médecins étant mis en liquidation judiciaire, aucun membre de l'équipe dirigeante n'a souhaité en dire davantage.
L'ex-SurgeonLine avait remporté de nombreuses distinctions. A son palmarès, le prix du meilleur projet Capital-IT en 1999, le prix Netscape et Internet Professionnel de la Cyber-Entreprise en 1998, une nomination aux Clics d'or la même année, et enfin une place de second en Ile-de-France aux eLectrophées organisés par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans la catégorie "PME vendant aux entreprises" qui distinguent les espoirs français de la Net-économie.
L'avenir semblait sourire à Eurimed qui avait réussi à lever 27 millions de francs l'an dernier. Le 17 mars, un onzième site était même lancé en partenariat avec le CARO (Club des Anesthésistes-Réanimateurs en Obstétrique) et le SNPHAR (Syndicat National des Praticiens Hospitaliers en Anesthésie-réanimation). La surprise est donc de taille, d'autant que le communiqué qui accueille le visiteur sur le site reste assez évasif.

 Le modèle payant est-il viable ?

La grande originalité d'Eurimed était d'être un portail communautaire réunissant de nombreux sites de sociétés savantes ; c'était aussi d'avoir adopté un modèle payant tandis que tous les autres sites proposaient leurs informations en libre accès. Mais la pression du marché avait été trop importante : tout le monde étant gratuit, il avait fallu s'aligner. Chacun des entreprenautes fait aujourd'hui le pari qu'il figurera parmi les derniers survivants et qu'alors il sera bien temps de passer à un modèle payant. Entre temps ils se livrent à une sorte de dumping pour imposer une marque et en profiter pour fidéliser un public. La fin est prévisible : les comptes, de quelque société que ce soit, ne peuvent demeurer indéfiniment dans le rouge.
Paradoxe : la vision initiale d'Eurimed pourrait s'imposer dans les mois qui viennent puisque la plupart des services sur Internet sont en train de devenir payants, à l'instar de Notredocteur et de son Club Premium.

 Qui offrira la "killer application" ?

L'euphorie étant retombée, force est de reconnaître la lenteur avec laquelle les médecins font leur apprentissage de l'Internet. Tout cela prendra du temps. Rappelons-nous qu'il a fallu toute la décennie des années 80 pour que les PC s'imposent dans les entreprises et deviennent aussi irremplaçables qu'un bloc-note et un stylo.
Pour acquérir ce caractère incontournable, il faudra que les sites offrent une "killer application". Ce service qui produit une plus-value tellement significative, que le médecin qui ne se connectera pas régulièrement au site se trouvera en position de faiblesse scientifique ou économique par rapport à ses confrères. Nous en sommes encore loin. Tous les sites ou presque proposent de l'information plus ou moins bien documentée ou organisée. L'offre en la matière est pléthorique. Il est pour l'heure aussi impliquant aujourd'hui d'aller sur un site que d'aller prendre Paris Boum Boum dans une boulangerie. Exemple symptomatique : l'oubli de son mot de passe dont tout le monde a fait l'expérience un jour. Ils se multiplient et le visiteur finit pas ne plus s'en rappeler (à ce sujet lire notre interview de Pierre Rimbaud Directeur général de Medipasse.net). Admettons que cela arrive plus rarement avec sa carte bancaire qui, elle, a de la valeur. Les listes de diffusion sont un service qui font aujourd'hui la différence : discussions entre confrères et revues de presse.

Il est également évident que l'effet de notoriété joue un rôle important. Un site qui s'appelle les Echos ou la Tribune dispose déjà d'une forte notoriété et de la reconnaissance d'une compétence sur le marché de l'information économique quotidienne. Ils peuvent se permettre de faire payer la lecture en ligne de leur journal (à ce sujet lire notre article je-boycotte-Nature.com). La difficulté pour Eurimed et d'autres est d'imposer une marque.
A contrario lorsque la Fnac a choisi de faire porter ses efforts sur le commerce électronique, le premier libraire de France s'est rapidement imposé car il avait déjà une connaissance du marché, possédait une marque reconnue et des bases de données clients. Autre élément qui joue en faveur des acteurs de l'économie traditionnelle : la rentabilité de leurs activités leur permettent d'équilibrer leurs centres de coûts.

 Les laboratoires demandent à voir

Si les sites sont d'accès gratuit, il faut bien que quelqu'un paie. Cela aurait pu être la publicité, mais les tarifs se sont effondrés sur Internet. Quant aux laboratoires, partenaires "naturels" des médecins, ils restent circonspects.
Johnson & Johnson déclarait l'an dernier avoir l'intention d'investir 40% de son budget promotionnel sur Internet. Nous en sommes bien loin aujourd'hui. Les sites santé n'ont pas encore réussi à convaincre l'industrie pharmaceutique de leur efficacité pour toucher les médecins. Ils n'ont pas fait la preuve qu'ils apportaient un changement décisif et immédiat dans leur approche. La perception de la valeur d'usage n'étant à ce jour pas immédiate, perceptible et tangible, la visite médicale demeure le facteur le plus efficace pour vendre des produits, et est mesurable. La quasi-intégralité des budgets communication-marketing des laboratoires est donc logiquement consacrée à la visite médicale. Il faut ajouter à cela que la mesure d'audience des sites en est encore à ses balbutiements et un doute existe sur la fiabilité des statistiques. Quant au profil des visiteurs, il est mal connu.

Les acteurs de l'économie traditionnelle ont une carte à jouer, peut-être verrons-nous les compagnies d'assurance ou les mutuelles se lancer prochainement dans l'aventure. Des sociétés de taille plus modeste pourront réussir, mais ce sera au prix d'une gestion rigoureuse, d'une parfaite maîtrise de leur métier et de l'offre d'une plus-value décisive, car les sites santé ne sont pas simplement en concurrence les uns avec les autres, ils doivent aussi affronter celle des autres acteurs (presse grand public, radio, télévisions). Reste qu'aujourd'hui personne n'a trouvé son marché. Le chiffre d'affaires d'Eurimed avoisinait les 3 millions de francs en 2000 et escomptait le doubler en 2001, mais cela s'est avéré insuffisant. Réussir dans l'Internet de santé sera plus long, plus difficile, et plus coûteux qu'on avait pu l'imaginer.


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15 mai 2001

 

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