Le
NHS en réanimation
Mathieu
OZANAM, Laurent
ALEXANDRE
30
août 2000
Deux
rapports récents ont mis en cause le NHS.
Celui de lOMS qui place la Grande-Bretagne en 18ème
position sur 191 pays, et un autre, révélé fin juillet par
le Clinical Oncology journal, selon lequel plus de 20% des Britanniques
atteints dun cancer du poumon ne pourraient pas être traités
en raison du stade trop développé dû aux délais dattente dans
les hôpitaux. Les cancers à développement rapide (la tête, le cou
et le cerveau) seraient aussi concernés.
Mais Tony Blair a annoncé
fin juillet la plus importante réforme du NHS depuis quil
a été créé en 1948. Cest aussi loccasion dun débat
sur les rôles du secteur public et de la sphère privée dans le domaine
de la santé.
" Vous plaisantez ? Vous
êtes déjà allé dans un hôpital en Angleterre ? Ils sont dépassés
et datent de l'époque de la reine Victoria ". Quand lanimateur
dune station radio de Los Angeles a demandé à la chanteuse
Madonna si elle accoucherait en Grande-Bretagne, la réponse a été
directe. Le problème cest quil ne sagit pas dun
caprice de star, le service de santé du Royaume Uni connaît réellement
de graves dysfonctionnements dont la partie la plus visible sont
les listes dattente qui ne cessent de sallonger dans
les hôpitaux. De sa création en 1948 aux années soixante-dix, les
listes dattente comptaient en moyenne 500 000 Britanniques,
de 1975 à 1990 ce nombre a bondi à 700 000 personnes,
pour frôler aujourdhui le million et demi (Espace social européen
n°429).
Profitant du cinquantième
anniversaire du NHS, le premier ministre Tony Blair avait annoncé
en 1998 qu'à partir de l'an 2000 les patients souffrant de cancer
seraient reçus par un spécialiste dans les quinze jours qui suivraient
le diagnostic du médecin généraliste. Deux ans plus tard les délais
ne sont pas encore tenus et compte tenu de lampleur de la
tache, il pouvait difficilement en être autrement. Entre temps un
autre événement dampleur a à nouveau souligné les incuries
du système.
Lépidémie de
grippe de lhiver dernier a pris au dépourvu les autorités
sanitaires qui navaient débloqué des crédits quen novembre
alors que les besoins étaient criants, provoquant un engorgement
des hôpitaux. Cette année le gouvernement na pas attendu pour
prendre les devants en injectant dores et déjà 212 millions
de Livres afin de décongestionner les services hospitaliers. Les
lits de soins intermédiaires en recevront 62 millions permettant
de ce fait de libérer des lits de soins aigus, qui bénéficieront
en outre dun effort particulier avec une dotation de 150 millions
de livres correspondant à louverture de 350 lits. Les
membres de lopposition conservatrice ne se privent pas de
faire remarquer quune nouvelle crise hivernale pourrait aussi
avoir des conséquences sur la santé du gouvernement de Tony Blair,
les élections ayant lieu au printemps.
Les grandes lignes de la réforme
Un secteur privé peu développé
Suite
et fin
30
août 2000
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