Crise et fusion
dans l’hospitalisation privée

Julie Chastres

18 décembre 2000

Un sentiment d’injustice et de colère règne au sein de l’hospitalisation privé depuis quelques temps. Les deux syndicats de cliniques ont décidé de porter plainte ensemble devant la cour de justice européenne au sujet de la subvention accordée seulement aux personnels soignants des hôpitaux publics et des PSPH, pour témoigner du manque de moyens des établissements privés. Les deux syndicats de l’hospitalisation privée : la FIEHP (Fédération Intersyndicale des Etablissements d’Hospitalisation Privée) et l'UHP (Union Hospitalière Privée) ont décidé de fusionner pour faire face à la crise traversée actuellement par les cliniques privées.

Fusion des syndicats = représentativité quasi exhaustive

La FIEHP et l’UHP œuvrent depuis une trentaine d’années pour la cause des cliniques privées. Ce sont deux fédérations organisées sous la forme d’unions régionales ou de syndicats de spécialités (MCO, psychiatrie, soins de suites, maisons d’enfants…). Leur rôle est de représenter, informer et défendre leurs adhérents. Ils sont les interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics, notamment sur la maîtrise négociée des dépenses de santé.

De nombreuses cliniques adhèrent soit à l’une soit à l’autre ou encore aux deux fédérations. La FIEHP aurait environ 900 établissements adhérents, représentant 70.000 lits et l’UHP aurait environ 600 établissements soit 50.000 lits. La fusion des deux syndicats engendrerait une adhésion quasi exhaustive des cliniques privées délivrant des soins MCO (Médecine-Chirurgie-Obstétrique) à cette nouvelle entité.

Un convention collective pour affronter la crise

La fusion devrait s’accompagner de la création d’une convention collective commune pour faire face à la crise de la profession. Les problèmes au sein de l’hospitalisation privée sont nombreux. Crise sociale et surcoûts engendrés par les 35 heures, contraintes réglementaires et sanitaires générées notamment par l’accréditation, un OQN (Objectif Quantifié National) trop faible pour maintenir l’équilibre nécessaire entre économie et santé.

Une étude de la DREES sur les comptes des cliniques privées a fait état d’un taux de rentabilité dérisoire oscillant autour de 1% en 1998. La création de cette nouvelle convention devrait aussi harmoniser les différentes conventions s’appliquant aux salariés du secteur de soins privés. Avant même la fusion, La FIEHP et l’UHP collaboraient sur de nombreux points, notamment sur la création du BAQHP (Bureau d’Assurance Qualité de l’Hospitalisation Privée), bureau destiné à aider et encourager les établissements de soins privés dans le processus d’accréditation, ils se sont également engagés de façon commune à la journée santé morte du 26 octobre 2000.

Alors qu’actuellement les établissements de soins privés délivrent plus de la moitié de l’activité chirurgicale en France et que les Français sont très attachés à l’hospitalisation privée, la considérant comme un acteur majeur et compétent de la santé (sondage BVA), les disparités de ressources avec le secteur public sont indéniables. Les syndicats sont donc décidés à unir leur force pour renforcer le poids de leurs adhérents auprès des autorités. Reste à savoir comment vont se régler les problèmes d’organisation et de restructuration au sein de cette nouvelle entité.

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