Elections :
désunion ?
Mathieu
OZANAM
31
mai 2000
Les
115 000 médecins libéraux étaient appelés à désigner leurs représentants
aux Unions Régionales des Médecins Libéraux (URML). En juin de nouvelles
équipes sinstalleront à la tête des Unions. Quel est leur
bilan et que leur réserve lavenir ?
La
campagne semblait avoir mal commencé, les débats organisés dans
les régions avec les leaders syndicaux navaient pas vraiment
attirés les foules, commençant à susciter des inquiétudes dans les
états majors. Les médecins allaient-ils voter avec les pieds en
refusant de prendre part au vote ? Les oiseaux de mauvaise
augure en ont été pour leurs frais : si la participation est
moins élevée quil y a 6 ans (près de 60% des médecins libéraux
avaient pris part au vote) elle reste une bonne surprise avec pas
loin de 53% de participation des praticiens à part quasiment égale
entre spécialistes et généralistes. est beaucoup quand on
considère que les Prudhommes de décembre 1997, autre élection
professionnelle, nont mobilisé que 34,3% des électeurs.
Le
vote des médecins libéraux avait commencé voilà quinze jours par
correspondance et le scrutin était clos depuis le 29 juin à minuit.
Quatre médecins volontaires non élus des URML, privés de pont de
lAscension, ont procédé au dépouillement avec les membres
de la commission de recensement de votes à la préfecture de chaque
région.
Les
résultats officiels des élections ont été communiqués par le ministère
de la Santé et une fois de plus, pourrait-on être tenté de dire,
les prévisions des instituts de sondage qui donnaient la CSMF gagnante
dans la section spécialistes et MG-France dans la section généralistes,
étaient erronées. Cest en effet la confédération des syndicats
médicaux français (CSMF) qui arrive largement en tête à la fois
chez les généralistes avec 40,9% des voix et 59,4% chez les spécialistes.
La
CSMF, qui avait fait de ce scrutin un enjeu national, considère
que par ce vote les médecins " condamnent la politique
d'accompagnement des décisions gouvernementales menée par certains
syndicats ", MG-France pour ne pas le nommer. Il est
vrai que seul syndicat monocatégoriel, MG-France faisait reposer
son action sur un partenariat avec la CNAMTS recule par rapport
aux élections précédentes
Il
appartient maintenant aux Assemblées générales nouvellement élues
de se réunir pour désigner les membres des bureaux, lexécutif
des Unions.
La
donne est changée et la nouvelle mandature qui souvre permettra
de mettre en uvre tous les projets. Cest que la mandature
qui vient de sachever était riche de défis à relever :
sinstaller dans le paysage sanitaire régional, préparer lévaluation
des pratiques, soutenir linformatisation des médecins, accompagner
les réseaux de soins, faire vivre la formation médicale continue.
Une somme impressionnante.
Le
bilan est plutôt bon compte tenu des écueils quil a fallu
éviter. Les querelles syndicales empoisonnaient le fonctionnement
des Unions et bloquaient parfois les prises de décision. Lun
des avantages du scrutin a été de clarifier les choses. En prenant
le parti des syndicats hostiles au plan " Ju-bry "
une majorité nette se détache. Il va être plus facile de mener les
projets à terme.
Lun
des enjeux de ces nouvelles structures était de réussir à simposer
dans le paysage régional en devenant linterlocuteur reconnu
des autres organismes régionaux : Agences Régionales de lHospitalisation
(ARH) et Unions Régionales des Caisses dAssurance Maladie
(URCAM) notamment. Il est indéniable que le but a été atteint.
Les
Unions ont réussi à établir des contacts avec ses interlocuteurs
régionaux et se faire reconnaître comme étant le représentant légitime
des médecins libéraux. Les médecins libéraux, via leur union, sont
devenus des partenaires incontournables invités à toutes les réunions.
Les URCAM qui cherchent elles aussi à trouver leurs marques sappuient
ainsi sur les Unions pour justifier leur place entre CPAM et CRAM.
Les
Schémas Régionaux dOrganisation Sanitaire (SROS) menés par
les ARH nont pas toujours tenu compte des recommandations
des médecins libéraux, obéissant à leur propre logique. Les élus
de lUnion doivent parfois jongler avec leur emploi du temps
pour concilier leur participation aux groupes de travail avec leur
exercice en cabinet. Les URML les mieux dotés financièrement se
sont dotés de personnel permanent, dadministratifs et de chargés
de mission afin de soutenir leur action.
Suite
et fin (2/2)
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mai 2000
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